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Le déséquilibre significatif dans les relations commerciales.

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par Lorena Cortissoz
Paris Dauphine  - Master 2 Droit approfondi de là¢â‚¬â„¢entreprise 2014
  

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CHAPITRE I. LA NÉCÉSSITÉ DE PROTÉGER L'ÉQUILIBRE

DE LA RELATION COMMERCIALE

22. L'interdiction du déséquilibre significatif dans les relations commerciales est l'une des traductions législatives du solidarisme contractuel (Section 1). Selon les tenants de cette approche, la prohibition est une solution adaptée à la protection de l'ensemble des acteurs économiques (Section 2).

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Section 1. L'influence du solidarisme contractuel

23. La théorie du solidarisme contractuel considère le contrat comme un instrument permettant la protection de l'équilibre dans les relations commerciales (§1). Cette théorie, trouvant ses origines au 19e siècle, aurait inspiré la prohibition du déséquilibre significatif dans les relations commerciales. L'équilibre du contrat serait atteint dès lors que les parties en tirent l'intérêt qu'elles recherchaient au moment de contracter. Pour atteindre cet équilibre, des moyens (§2) peuvent être utilisés, tel que l'intervention du juge.

§1. Le contrat comme élément de régulation du déséquilibre entre les parties

24. La nécessité de l'équilibre contractuel pourrait trouver son origine dans la théorie du solidarisme contractuel (A), théorie ancienne mais toujours d'actualité qui prône les impératifs de bonne foi et de loyauté indispensables dans une relation contractuelle selon ses défenseurs. Cette théorie pourrait avoir influencé le législateur dans l'interdiction du déséquilibre significatif dans les relations commerciales (B).

A. La quête d'un équilibre contractuel

25. Le solidarisme contractuel serait la résurgence récente d'une doctrine ancienne, née entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle sous la plume de Léon Bourgeois32 et Célestin Bouglé33. Ces auteurs souhaitaient donner une base « scientifique »34 au programme radical35. Il s'agissait de repenser l'organisation sociale et politique à partir de ce qu'ils établissaient au rang de loi morale indépassable : la solidarité. Le but était

32 dans un livre Solidarité publié en 1896, Paris, Armand Collin.

33 dans un livre Le solidarisme publié en 1907, Paris, V. Giard et E. Brière.

34 P. REMY, « La genèse du solidarisme », in Le solidarisme contractuel, (dir.) L. Grynbaum et M. Nicod, éd. Économica, 2004, p. 5.

35 Selon le dictionnaire Larousse, le radicalisme en France est un corps de doctrines d'un état d'esprit propre à ceux qui proposent une politique de réformes qui réaliseraient pleinement la laïcité, la liberté et l'égalité.

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donc de proposer une alternative au socialisme, sans toutefois verser dans le conservatisme. Les auteurs proposaient en somme de redéfinir le rôle et l'action de l'État au sein d'une organisation sociale fondée sur un idéal de justice et dans laquelle la solidarité devait occuper une place centrale.

Léon Bourgeois et Célestin Bouglé cherchaient à démontrer la nécessité d'une cohésion sociale dans les relations entre les individus. Le premier affirmait ainsi : « nous sommes engagés dans des rapports de « droit et devoir », de dette et de créance, où nos volontés individuelles [...] nous lient en fait et que nous n'avons pas le droit de méconnaitre ou d'oublier ». Il existerait donc une sorte d'obligation à l'égard de la société qui naitrait lors de chaque rencontre de volontés.

26. Émile Durkheim s'est également fait le promoteur de la doctrine solidariste en affirmant que le « contrat est par excellence, l'expression juridique de la coopération36 ». Selon lui, le contrat entretient un rapport avec la division du travail puisque « coopérer [...] c'est se partager une tâche commune37 ». La relation contractuelle exigerait des parties une coopération nécessaire à l'atteinte de leur intérêt commun. La doctrine solidariste a fait des émules et a donné lieu à de nombreux courants de « solidarisme juridique » qui perdurent encore aujourd'hui. Au XXIe siècle, des auteurs comme Denis Mazeaud ou Christophe Jamin continuent de soutenir la théorie du solidarisme contractuel38. Cette doctrine se distingue par « l'affirmation selon laquelle il est nécessaire d'ériger en principe du droit des contrats les exigences de loyauté, de solidarité et de bonne foi qui doivent conduire les contractants à collaborer entre eux39 ». Les travaux contemporains font la promotion d'une approche sociale du droit encore renforcée par la crise économique consécutive au premier choc pétrolier et les autres qui s'ensuivirent.

36 É. DURKHEIM, De la division du travail social, étude sur l'organisation des sociétés supérieures. Paris, éd. Felix Alcan, 1893, p. 132.

37 Ibid.

38 Sur ce point, V. Ch. JAMIN, « Plaidoyer pour le solidarisme contractuel », Mélanges J. GHESTIN, LGDJ, 2001, p. 441 ; D. MAZEAUD, « Loyauté, solidarité, fraternité, la nouvelle devise contractuelle ? », Mélanges Fr. TERRÉ, 1999, p. 603.

39 L. GRYNBAUM, « La notion de solidarisme contractuel », in Le solidarisme contractuel, (dir.) L. Grynbaum et M. Nicod,. Économica, 2004, p. 25.

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Pour les auteurs solidaristes, il existe au coeur du solidarisme contractuel une obligation contractuelle de loyauté, de coopération et de bonne foi.

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