I.1.3.2-Affirmation des groupes concernés
Boukhalfa KHERDJEMIL (1998)8, dans son analyse
souligne que la compréhension des modalités de la mondialisation
ne peut faire l'économie du rôle prépondérant
joué par les ressources immatérielles dans la structuration des
territoires. Face à la dynamique externe de la mondialisation, les
territoires vont engager un processus d'émancipation de leur
passivité et affirmer leur volonté d'être des acteurs. Ce
sont précisément les singularités de leurs trajectoires
historiques qui vont leur permettre de trouver les voies appropriées
pour sortir de leur statut de réceptacle passif.
Certains vont puiser, dans leurs propres creusets
socio-culturels, les ressorts idoines leur permettant le passage d'une
économie vassalisée à une économie
créatrice. D'autres devront assurer, en amont, grâce à
l'institution-Etat, leur assise en termes de ressources spécifiques pour
être dans la course de la compétition.
L'auteur tente ainsi d'élucider, le lien complexe qui
se tisse entre le global et le local afin de mieux comprendre les processus de
réhabilitation des territoires.
8Boukhalfa KHERDJEMIL (1998), La mondialisation et
dynamique des territoires, Paris, L'Harmattan, 218 pages.
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Michel CARNEA (1999)9 quant à lui, souligne
que la formulation des politiques et projets de développement doit,
avant tout, être centrée sur les acteurs sociaux. Ceux-ci doivent
occuper une place encore centrale que la technologie ou les ressources
naturelles. Il est donc essentiel, pour gérer le développement,
de pouvoir disposer des connaissances sociologiques sur les structures
sociales, les modèles culturels, les valeurs, le potentiel et les
besoins des populations. Pour lui, il faut progressivement abandonner les
modèles occidentaux ethnocentriques du développement pour une
réorientation vers des projets de développement tournés
vers les acteurs locaux. Sa réflexion envisage l'intégration de
la dimension humaine dans les composantes techniques et les projets de
développement.
Pierre TEISSERENC (2000)10 évoque la mise en
cause de la verticalité de l'organisation administrative par une
approche globale du territoire et de ses populations. Il en résulte,
dans le cadre de la réalisation de politiques de développement,
l'émergence d'un nouveau mode d'organisation qui permet aux
décideurs locaux et à leurs partenaires de se mobiliser autour
des projets de développement.
Pour lui, les politiques de développement local doivent
s'attacher à identifier les acteurs et les actions concernées par
la mise en oeuvre de ces politiques. Elles doivent viser à comprendre
les dynamiques sociales et institutionnelles et à rendre compte des
enjeux identitaires auxquels sont confrontés les territoires et leurs
populations impliquées dans de tels processus de transformation.
Ainsi, la mise en oeuvre de ces politiques territoriales de
développement correspond à une forme particulière de
gestion de l'action collective au niveau local.
9Michel CARNEA(1999), La dimension humaine dans
les projets de développement: les variables sociologiques et
culturelles, Paris, Karthala, 591 pages.
10Pierre TEISSERENC (2000), Les politiques de
développement local : approche sociologique, Paris,
Economica, 2ème édition, 224 pages.
L'efficacité d'une telle approche repose sur des
capacités locales d'élaboration de diagnostic et de projet, de
négociation et de contractualisation d'actions. L'analyse de ces
politiques permet de définir les conditions de réussite des
actions engagées.
Pour Célestin MAYOUKOU (2003)11, la
gouvernance du développement local part du principe qu'il serait
possible d'agir au niveau local sans s'en remettre à l'autorité
de l'Etat. Le rôle de l'Etat ne consiste plus à intervenir
directement, mais à innover dans les techniques et outils à
utiliser pour orienter et guider l'action collective.
Pour l'auteur, les autorités, au niveau local, doivent
identifier et offrir de nouvelles possibilités, favoriser et
créer des partenariats et jouer un rôle protecteur à
l'égard de l'environnement local.
Dans cette nouvelle approche, conclut-il, l'Etat, a besoin de
nouvelles formes de régulation telle que la décentralisation qui
donne droit aux acteurs locaux de s'impliquer dans leur
développement.
Au total, la croissance de la participation des populations
à leur développement est liée à une meilleure
structuration de leur rapport au développement. C'est ce que tente
d'élucider les auteurs ci-après.
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11Célestin MAYOUKOU (2003), Gouvernance du
développement local, Paris, L'Harmattan, 244 pages.
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