I.1.3-Revue critique de la littérature
Cette revue de la littérature a été
construite autour de l'intégration des groupes cibles à leur
développement et au renforcement de la participation au
développement local.
Elle a insisté également sur les perspectives
théoriques à partir desquelles les auteurs ont axé leur
réflexion.
I.1.3.1-Intégration des groupes cibles au
développement
Jean-Pierre COT (1986)5, dans une perspective
culturaliste, souligne que l'aide au développement doit se renouveler
dans la dimension culturelle pour prendre en compte les nouveaux défis.
C'est pour cela qu'il propose un développement culturel endogène
qui prend appui sur les communautés de
5Jean Pierre COT (1986), « le
développement est d'abord affaire de culture » in A
l'épreuve du pouvoir: le tiers monde pour quoi faire ?, Paris,
Seuil, pp. 171-184.
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base existantes ; villages, quartiers, regroupements
ethniques.
Car, selon lui, ce sont les structures d'autorité
existantes qui peuvent mieux intégrer les techniques nécessaires
et en assurer la diffusion.
Dans une analyse historique, Eckhard BREITINGER et ses
compaires (1994)6 soulignent que l'ancienne politique de
développement politique qui s'était efforcée pendant des
années d'implanter la culture matérialiste et technologique du
Nord dans les pays du Sud, sans tenir compte de l'environnement socio-culturel
des pays concernés n'a pas pu apporter le développement
escompté aux pays du Sud. Celle-ci était
caractérisée par un « contrôle à distance»
à tous les niveaux. Toutes les étapes nécessaires à
la conduite des projets de développement étaient
coordonnées par les donateurs du Nord. Cette politique s'est donc
avérée inefficace car les communautés cibles
étaient presque toujours réduites à l'état des
« bénéficiaires récipiendaires » dominés
par les donateurs.
Selon eux, la nouvelle politique du développement
veille à ce que des « technologies et méthodologies
appropriées» soient utilisées.
Il s'agit désormais d'intégrer le patrimoine
culturel local en diminuant les influences culturelles
étrangères.
Dans une analyse interactionniste, Jean-Pierre OLIVIER DE
SARDAN, (1995)7, s'appuyant sur la socio-anthropologique, souligne
que les pays d'Afrique ont connu des années de «
développement» depuis 1960, année de leur
indépendance. Cependant, les résultats n'ont pas
été à la hauteur des espérances et le mot «
développement» a besoin lui-même d'approches fondées
sur l'analyse et le doute. Pour lui, la perspective socio-anthropologie du
développement aide à décrire et comprendre les relations
multiples qui existent entre les institutions de développement
(publiques ou privées) et les
6 Eckhard BREITINGER et alii (1994), Le
théâtre au service du développement, TZ,
Verlagsgesellschaft, Rossdorf, 40 pages.
7Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN (1995),
Anthropologie et développement: essai en
socio-anthropologie du changement social, Paris, APAD-Karthala,
221Pages.
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populations locales auxquelles elles s'adressent. Ainsi, le
développement est considéré comme une forme
particulière de changement social impulsé auprès de «
groupes cibles» eux-mêmes divers et évoluant selon des
dynamiques propres.
Pour l'auteur, la socio-anthropologie du développement
contribue à l'amélioration de la qualité des services que
les institutions de développement proposent aux populations, en
permettant une meilleure prise en compte des dynamiques sociales.
Cette intégration serait possible lorsque les
populations ou les groupes à développer seront les acteurs de
leur développement.
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