VI.3.2- Attentes de la population
VI.3.2.1-Au niveau socio-économique et
éducatif
Tableau n°17: Attentes des
enquêtés en matière de développement
Sexes Attentes
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Activités socio- économiques
|
35
|
18,42
|
67
|
35,27
|
102
|
53,69
|
Organisation et soutien technique à la production
agricole
|
20
|
10,53
|
25
|
13,15
|
45
|
23,68
|
Education
|
23
|
12,10
|
20
|
10,53
|
43
|
22, 63
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
Les données du tableau n°17 ci-dessus ont
montré que 53,69% des enquêtés attendent que des
activités socio-économiques soient entreprises ; 23,68% parlent
de l'organisation et le soutien technique à la production agricole.
Le volet éducatif est évoqué par 22,63%
des enquêtés. Ceci concerne la construction d'écoles et/ou
des logements de maîtres et la réhabilitation de certaines
écoles et de leur équipement.
En effet, la situation financière est un des
problèmes majeurs de la population du département de Dimbokro;
c'est pour cela qu'elle souhaite que des investissements soient faits dans les
activités génératrices de revenus avec plus
d'objectivité et de rigueur dans l'octroi des fonds.
Un de nos enquêtés s'est exprimé en ces
termes: « je souhaite que les fonds accordés aux jeunes soient
relancés et surtout que ceux qui se sont lancés
déjà dans l'exercice d'une activité soient soutenus
financièrement, matériellement et techniquement
»80.
Les femmes productrices de manioc, d'aubergine, vendeuses de
bananes et d'attiéké voudraient bénéficier non
seulement de soutien financier mais aussi et surtout de soutien matériel
et technique; c'est-à-dire de disposer de véhicules pour
l'écoulement de leurs marchandises dans de meilleures conditions.
Elles souhaitent par ailleurs que le secteur de la
commercialisation des produits vivriers et de l'exportation de
l'attiéké au Burkina Faso soit mieux organisé.
« Nous avons besoins de soutien afin de tirer un
meilleur profit de notre activité. Ceci nécessite une meilleure
organisation pour la production en quantité de produits vivriers et leur
commercialisation» (Entretien collectif, Coopérative Centrale
de Vivriers de Dimbokro).
En effet, la Coopérative Centrale de Vivriers de
Dimbokro (CCVD) qui a reçu de l'Ambassade de la Chine une broyeuse de
manioc, produit en grande quantité de l'attiéké, un des
dérivés du manioc qu'elle exporte au Burkina Faso.
Les femmes de cette association occupent trois wagons par
semaines pour exporter leurs marchandises. Cependant, celles-ci, dans
l'exercice de cette activité sont confrontées à des
problèmes.
Elles connaissent peu et presque pas leurs partenaires
commerciaux du Burkina Faso.
191
80Extrait de l'entretien de terrain, 2012.
192
Elles livrent une bonne partie de leur attiéké
à crédit aux clients burkinabés, ainsi plusieurs
créances demeurent irrécouvrées. De fois, ces colis
s'égarent lors du transport par la SITARAIL81.
La satisfaction pour tout producteur de vivriers est de
pouvoir écouler sa production.
Au contraire, l'insatisfaction est liée aux
différents gaspillages et pertes de la production par faute de moyens de
transport et/ou de tracasseries routières. Situation qui a pour
corolaire le découragement et donc empêchant d'atteindre les
objectifs de développement.
Si la population du département de Dimbokro
apprécie les actions entreprises telles que l'électrification,
les forages, la construction des centres de santé, des écoles
dans les villages comme en ville; elle manifeste tout de même le souhait
de voir l'unité industrielle, l'UTEXI réouvrir ses portes.
« A défaut de créer des
activités génératrices de revenus, il faut songer à
la réouverture de l'unité industrielle (UTEXI) afin
d'alléger les charges de la plupart des femmes qui s'occupent en grande
partie des charges de leur famille» (Entretien collectif,
Coopérative Centrale de Vivriers de Dimbokro). Selon les femmes que nous
avons interrogées, depuis la fermeture de l'UTEXI, ce sont elles qui
s'occupent de leur famille.
En d'autres termes, ce sont elles qui supportent les charges
familiales82.
Quant aux hommes qui sont obligés de faire des
reconversions professionnelles, non sans difficulté, souhaitent
également la réouverture de cette usine.
« En tout cas, depuis la fermeture de l'UTEXI, nous
souffrons parce que le pouvoir d'achat est devenu très faible »
souligne cet enquêté qui se montre optimiste pour ses
projets.
81 Extrait de l'entretien du 08 Juillet 2010 avec un agent de
l'ANADER de Dimbokro, membre du comité de gestion de la broyeuse de
manioc.
82 Extrait de l'entretien du 27 Décembre 2012 avec la
Coopérative Centrale de Vivriers de Dimbokro.
193
Par ailleurs, lors de nos moments de stage, au Conseil
Général de Dimbokro, nous avons parcouru des courriers de demande
d'aide ou de prise en charge scolaire portant en majorité la signature
d'un ex-employé ou travailleur de cette unité industrielle;
mettant ainsi en lumière les difficultés de cette
catégorie de personnes.
En effet, pour le grand nombre de personnes que l'UTEXI
employait et se situant entre 900 et 920 personnes sans compter les journaliers
dont les élèves, sa réouverture pourrait relancer
l'économie de la région du N'Zi.
En effet, l'existence des écoles, des centres de
santé, de l'électricité dans certains villages engendre
des dépenses additionnelles auxquelles la population doit pouvoir faire
face. Tout ceci doit se faire avec la participation de la population à
tout processus d'actions pour son mieux-être.
Cette préoccupation de la population doit
nécessairement être traduite en action, car il est
nécessaire que cette population puisse avoir les moyens financiers pour
le paiement des frais de scolarité, de consultation et autres besoins
quotidiens qui occasionnent des dépenses.
Dans cette perspective, la présence à Dimbokro
de l'unité industrielle indienne "OLAM" spécialisée dans
le traitement et le conditionnement des fruits de l'anacarde, depuis les pommes
jusqu'aux amandes, contribue à améliorer les conditions de vie de
la gente féminine.
Selon les propos du chef de zone-ANADER de Dimbokro, la
population doit pouvoir rechercher son épanouissement, son
développement dans d'autres domaines d'activités. Il souligne
qu'il existe encore des opportunités de développement à
Dimbokro à travers la culture de l'anacarde, les cultures annuelles
telles que le manioc, le riz, l'igname, la banane plantain et surtout les
cultures maraîchères dont la tomate, l'aubergine, le
gombo83.
C'est dans cette optique que 23,68% des enquêtés
évoquent le fait de pouvoir bénéficier de formation en
technique agricole.
83 Extrait de l'entretien du 08 Juillet 2010 avec le chef de
zone-ANADER de Dimbokro.
194
La majorité de la population s'adonnant aux
activités agricoles, des actions doivent donc être menées
dans ce sens afin de permettre à la population d'accroître sa
production.
Le développement de ce secteur nécessite la
planification des formations aux techniques culturales à l'endroit des
regroupements des populations.
Il faudra aussi des appuis financiers, la négociation
de l'achat des marchandises à des prix raisonnables, l'entretien des
routes et des facilités d'écoulement des marchandises.
Ceci doit se faire dans un dynamisme de rapports sociaux avec
pour objectif l'amélioration des conditions de vie de la population.
Le volet éducatif est certes en pleine évolution
dans la région du N'Zi en général et en particulier
à Dimbokro. Cela se justifie par la présence, que ce soit en zone
urbaine ou rurale, des établissements publics ou privés.
Dans ce domaine, des actions ont été
réalisées mais il y a encore des infrastructures
éducatives à construire puisque bon nombre de villages n'en
disposent pas encore. Aussi, certaines de ces infrastructures
méritent d'être réhabilitées et
équipées. C'est à juste titre que 43 personnes soit 22,
63% des enquêtés souhaitent la poursuite des actions en
matière d'éducation.
Sans toutefois oublier la réhabilitation de celles qui
sont actuellement dans une situation de vétusté.
Par contre, les personnes du milieu rural qui ont pour
principale activité la culture du vivrier, attendent, des structures
décentralisées, des formations en alphabétisation
fonctionnelle et une organisation efficiente du secteur de la commercialisation
de la banane, de l'attiéké.
Ce qui leur permettra de mieux suivre leur production, de
maîtriser les techniques culturales, les aléas climatiques, en vue
d'une meilleure production et par conséquent tirer un meilleur profit de
leurs activités.
195
Ce souhait est partagé par les femmes regroupées en
associations, et vendeuses de bananes, d'attiéké, de fournitures
scolaires et d'articles divers. En effet, savoir s'exprimer en français,
calculer les prix des marchandises vendues et discuter avec le client sans
problème sont les bases que cette catégorie de personnes voudrait
avoir ou du moins bénéficier.
Selon la Conférence Internationale sur l'Education des
Adultes (CONINTEA), qui s'est tenue du 14 au 18 Juillet 1997 à Hambourg
en Allemagne, l'alphabétisation est « l'acquisition des
connaissances et des compétences de base (de lecture et
d'écriture) dont chacun a besoin dans un monde en évolution et un
droit fondamental de la personne humaine ».
Dans cette perspective, l'alphabétisation fonctionnelle
doit être une urgence dans la mesure où certaines populations
enquêtées sont analphabètes. Or, l'analphabétisme se
pose comme un frein au développement.
Une de nos enquêtés, Présidente d'une
Association dénommée TABITHA, qui a chaque rentrée
scolaire, fait la vente des fournitures scolaires a si bien mentionné
l'importance de donner aux femmes qu'elle dirige les bases pour l'exercice de
cette activité.
Elle le souligne ainsi: « notre souhait est d'aider
les femmes en leur donnant l'opportunité de vendre nos articles et de
bénéficier d'un petit revenu pour s'occuper de leur famille, mais
parfois elles se sentent frustrées de ne pas pouvoir bien le faire en
face d'un client qui ne parle que le français alors qu'elles s'expriment
qu'en baoulé84».
Une personne qui n'est plus analphabète est
définie comme une personne qui a acquis les connaissances et
compétences indispensables à l'exercice de toutes les
activités. Ainsi, à travers l'alphabétisation, celle-ci
est capable de jouer efficacement un rôle dans son groupe et sa
communauté et dont les résultats atteints en lecture, en
écriture et en arithmétique sont tels qu'ils lui permettent de
continuer à mettre ces aptitudes au service de son
84 Extrait de l'entretien du terrain du 20 Décembre
2010.
développement propre et du développement de la
communauté et de participer activement à la vie de sa nation.
Ainsi, l'alphabétisation devient un moyen, un outil au
service du développement économique.
Elle est un levier d'actions pour l'amélioration du
mieux-être des populations. En effet, la connaissance de tous les
contours de l'activité que l'on exerce permet d'être
épanouit et d'en tirer un meilleur profit. Raison pour laquelle la
nécessité d'une alphabétisation fonctionnelle doit
être une réalité car cela participerait à une prise
de conscience collective et un engagement total à rechercher les voies
et moyens pour se prendre en charge.
Ces attentes ne pourront être traduites en actions de
développement qu'en intégrant la population à toutes les
initiatives de développement.
Par ailleurs, des besoins au niveau de la santé ont
été exprimés par les enquêtés.
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