VI.3.2.2-Au niveau sanitaire
Tableau n°18 : Répartition
des enquêtés selon les besoins sanitaires exprimés
Sexes
Besoins exprimés
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VA
|
VA
|
VA
|
VA
|
VR
|
Construction et équipement des centres de
santé
|
45
|
23,68
|
67
|
35,27
|
112
|
58, 95
|
Augmentation du personnel soignant et du
plateau technique
|
33
|
17,37
|
45
|
23,68
|
78
|
41,05
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
196
Les données du tableau n°18 ci-dessus ont mis en
exergue un aperçu
197
des besoins sanitaires exprimés par les
enquêtés. La construction et équipement des centres de
santé est le besoin exprimé par 58,95% des
enquêtés.
Pour 41,05% des enquêtés, il faut augmenter le
personnel soignant et le plateau technique.
« On dit souvent que la santé avant toute
chose, nos besoins en santé restent énormes. En plus du fait que
certains villages sont encore éloignés des centres de
santé, il y a l'insuffisance du personnel soignant. Raison pour
laquelle, il faut une augmentation à tous les niveaux »
(Entretien collectif, responsables d'associations et mutuelles de
développement).
Ces différents besoins exprimés mettent en
exergue le souhait de la population de bénéficier d'un
mieux-être en ayant recours aux centres de santé les plus proches
et donc de l'importance de la santé dans le développement.
Au regard des ratios du District sanitaire du
département de Dimbokro et surtout de la couverture sanitaire dudit
département, beaucoup reste à faire dans ce domaine.
De plus en plus, le milieu du développement
considère la santé comme une partie intégrante du
développement humain. La santé est une condition essentielle de
l'épanouissement d'une population et un des facteurs clés du
développement d'un pays.
La déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement affirmait en 1992 en son premier principe que "les
êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au
développement durable. Ils ont droit à une vie saine et
productive en harmonie avec la nature".
Dans cette optique, le programme d'actions Agenda 21
qui a suivi la conférence de Rio s'est fixé cinq
objectifs prioritaires en matière de santé publique, tels que la
satisfaction des besoins en matière de soins de santé primaires
et la lutte contre les maladies transmissibles.
198
Ces dispositions prennent en compte la protection des groupes
vulnérables, la santé des populations urbaines et la
réduction des risques pour la santé occasionnés par la
pollution et les menaces écologiques.
Ces mesures mettent ainsi en lumière le rôle
important que joue la santé dans le développement aussi bien
international, national que local.
Dans le cadre du développement durable, la santé
est un objectif, mais également un préalable indispensable.
Il s'agit de procurer aux populations un bien-être
physique et moral satisfaisant, ainsi que de leur garantir des conditions
sanitaires qui leur permettent de contribuer aux activités productives
et au développement de leur société.
A contrario, tout manquement à l'état sanitaire
d'une population a des conséquences sur celle-ci, et donc, sur le
processus de développement.
Il se traduit par un écart important entre une demande
non satisfaite de services sanitaires et une offre de santé encore
faible. La demande de services sanitaires, peut être
appréciée à travers le nombre d'habitants et l'importance
du budget affecté à la santé.
On distingue ainsi une demande notionnelle, estimée
directement par une correspondance entre la taille de la population et ses
besoins sanitaires d'une part, entre une demande effective et la
capacité des populations à en supporter les implications
financières d'autre part.
L'écart entre les demandes notionnelle et effective
explique la précarité de l'état de santé des
populations; cette précarité se reflète, dans le
département de Dimbokro, à travers le niveau de l'offre de
services sanitaires, l'impact des problèmes de santé et
l'accessibilité aux services de santé.
La demande des ménages en infrastructures et services
sanitaires dépend de leurs revenus, du niveau de tarification de ces
services, ainsi que d'autres déterminants clés des
décisions des ménages, à savoir: le coût total
à supporter ainsi que la qualité des soins médicaux.
199
La politique gouvernementale en matière de santé
aura un impact d'autant plus significatif lorsqu'elle mettra l'accent sur
l'accessibilité de ces services et infrastructures.
L'impact des problèmes de santé sur la
productivité du travail, sur la pauvreté en particulier, et sur
le développement humain en général, est une donnée
importante dans la mesure de la performance d'une économie.
En effet, les absences au travail pour cause de maladie
peuvent être plus ou moins longues et affecter sérieusement la
production et les revenus des ménages.
D'une manière générale, la maladie peut
contribuer à appauvrir le ménage par l'imputation de ses revenus
(journée sans travail donc sans gain) mais aussi de son patrimoine
(vente de biens par nécessité pour soigner un malade) ou
s'opposer au développement humain.
L'accessibilité des services de santé qui permet
d'évaluer l'efficacité du système de santé renvoie
à la notion de proximité géographique et aux moyens
financiers des usagers pour faire face au coût du traitement qui inclut
le paiement des soins et du transport pour se rendre à la structure
souhaitée. Elle est appréhendée à travers la
distance parcourue ou le temps mis pour accéder à un service,
éléments déterminants de la fréquence des
visites.
Ainsi, la meilleure santé conditionne les actions de
développement.
En effet, avoir accès au centre de santé est un
pas vers la réduction de la pauvreté car être en bonne
santé permet de dégager l'énergie pour le travail qu'il
soit bureaucrate, domestique ou champêtre.
C'est pour cela que le Conseil Général de
Dimbokro doit de plus en plus intégrer la santé dans sa politique
de développement en continuant de construire et d'équiper des
centres de santé plus proches des populations.
Il s'agit de développer les programmes de santé
existants et entreprendre de nouveaux investissements dans la santé
publique, le renforcement des systèmes de santé et des ressources
humaines pour la santé.
200
Par ailleurs, il faut inscrire les stratégies
sanitaires au coeur des stratégies nationales de réduction de la
pauvreté et de développement.
L'investissement dans la santé est essentiel à
la productivité économique et au développement humain.
Amartya SEN (1999), économiste lauréat du prix
Nobel de 1998, propose une analyse plus précise reconnaissant que la
santé est essentielle au développement.
Il soutient que les pays à faible revenu devraient
recourir à des procédés pilotés par le soutien et
axés stratégiquement sur l'amélioration des soins de
santé, de l'éducation et d'autres programmes sociaux (SEN, 1999
).
La santé ne peut être considérée de
manière isolée. Elle est étroitement liée à
la qualité de l'environnement dans lequel les gens évoluent :
pour vivre en bonne santé, les êtres humains ont besoin
d'environnements sains.
Si le développement régional est défini
en termes d'emploi et d'augmentation de la qualité de vie, les services
de santé peuvent constituer un maillon de ce développement. Ils
devraient être considérés comme un investissement et non un
coût. Ainsi, en améliorant l'offre de soins,
particulièrement dans les régions, on peut améliorer les
conditions économiques de ces régions.
Le thème " services" de santé englobe un
ensemble d'activités susceptibles de favoriser le développement
économique non seulement en zone urbaine mais aussi dans les zones
rurales. Leur répartition est en effet différente de celle des
autres services de consommation.
Si certains services de santé doivent répondre
à la contrainte de proximité par rapport à leur
clientèle, d'autres services, spécialisés, ne sont pas
obligés de suivre la distribution de la population; des régions
moins peuplées ou périphériques mais
bénéficiant d'avantages climatiques ou d'un environnement rural
peuvent développer des services de santé
spécialisés.
201
On peut donc parler d'une fonction créatrice d'emplois
et entraînant un apport financier dans l'économie locale, ce qui
stimule la croissance économique grâce aux multiplicateurs
économiques.
A cet effet, nous considérons les services de
santé (des services hospitaliers aux activités pharmaceutiques)
comme des activités économiques « de base », car elles
sont non seulement exportables mais elles constituent aussi une réponse
à une demande extérieure.
Les services de santé ont ainsi un rôle à
jouer dans l'investissement local, dans la qualité de vie et ils
contribuent au processus de développement économique. Certains
services de santé influencent le niveau de développement
économique de régions où ils sont souvent le plus grand
employeur.
Ainsi, dans la définition du développement
régional en termes de création d'emplois et d'accroissement de la
qualité de vie, les services de santé sont une activité de
base qui contribue aux revenus locaux.
De là découle l'idée que les
dépenses, destinées à améliorer la qualité
des services de santé dans les régions, attireront d'autres
activités et augmenteront le niveau de développement
économique.
Au total, les politiques régionales de
développement doivent investir dans les services de santé dans la
mesure où ils se présentent comme des multiplicateurs
économiques.
Au delà des attentes de la population de Dimbokro en
matière de développement, comment participe-t-elle à son
développement.
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