3. l'impact sur les conditions de travail :
La diffusion des TIC et les changements organisationnels
qu'elle induit concourent par ailleurs à modifier la perception des
salariés sur leurs conditions de travail. L'usage des TIC a tout d'abord
des effets directs sur l'utilité ou la satisfaction du salarié
dans la mesure où ces technologies peuvent être perçues par
ce dernier comme un élément de valorisation, de gratification ou
de reconnaissance de ses compétences. Outre ces effets directs, les TIC
peuvent également transformer la teneur et l'organisation du travail du
salarié et avoir, par ce biais, un effet indirect sur la satisfaction.
Elles peuvent, par exemple, donner aux salariés plus d'autonomie et de
flexibilité dans le travail. Or ces éléments peuvent
être des sources de satisfaction, au même titre que le salaire ou
les perspectives de promotion. Les TIC peuvent aussi modifier les
mécanismes de contrôle mis en place par l'employeur et encourager
la prise de responsabilités, ce qui peut accroître la pression sur
les salariés et devenir source de stress. Les effets des TIC liés
à l'organisation du travail peuvent donc être ambivalents.
Les travaux existants en économie divergent quant aux
effets des investissements en TIC des entreprises sur les conditions de travail
des salariés. Une partie de ces travaux met en avant un enrichissement
du travail, alors que d'autres insistent sur l'accroissement du rythme de
travail et du stress pour les salariés.
Certaines études soulignent, en effet, que les TIC
permettent à l'entreprise d'avoir une plus grande flexibilité
organisationnelle et facilitent la délégation des prises de
décision vers des niveaux hiérarchiques plus bas.
L'évolution vers des organisations plus horizontales exige, mais aussi
facilite, une meilleure qualification et polyvalence des salariés. Les
salariés utilisateurs de TIC devraient donc se voir confier des
tâches moins répétitives.
Les TIC et les changements organisationnels qu'elles induisent
tendent aussi à donner une plus grande autonomie et davantage de
responsabilités aux salariés. Les salariés ont davantage
de liberté pour organiser leur travail. Ces transformations peuvent
rendre leur travail plus enrichissant dans la mesure où le
salarié n'est plus soumis en permanence à la surveillance d'un
supérieur hiérarchique et peut choisir plus facilement ses
horaires, ses tâches.
D'autres études, au contraire, insistent sur le fait
que les nouvelles technologies, et en particulier les ordinateurs, peuvent
servir à codifier plus précisément les tâches,
à automatiser
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certains processus de production ou de gestion et peuvent
conduire à une standardisation voire à une hyper-taylorisation
des tâches des salariés. Dans ce cas, les TIC ont pour effet un
rétrécissement des domaines de compétences
professionnelles.
De plus, les TIC, en donnant aux salariés plus de
responsabilités et d'autonomie, peuvent générer du stress
et, par ce biais, dégrader la qualité du travail. Un
salarié plus autonome devra gérer lui-même l'ensemble des
tâches qui lui sont confiées, avec une pression plus forte afin de
respecter les délais ou satisfaire les exigences de qualité. Il
risque également de se retrouver plus isolé lorsqu'il aura
à régler les incidents ou les imprévus qui peuvent
survenir dans son travail.
Par ailleurs, la liberté de choisir ses horaires de
travail peut avoir comme effet pervers d'atténuer la séparation
entre sphère privée et sphère professionnelle. Le
salarié doit être joignable par son entreprise à tout
moment avec internet ou par le biais du téléphone mobile. Les TIC
induisent donc de nouvelles formes de contrôle ou de supervision
indirectes (être joignable à tout moment) des salariés qui
viennent se substituer aux formes traditionnelles de contrôle direct par
le supérieur hiérarchique. Les TIC tendent donc à
remplacer....
Les TIC peuvent aussi entraîner des modifications dans
les relations contractuelles entre le salarié et son employeur. La
diffusion des TIC, en facilitant la flexibilité et la polyvalence des
salariés, rend les contrats de travail plus incomplets. En effet, comme
les TIC permettent de travailler de manière plus autonome et flexible,
le contrat n'a plus à spécifier précisément les
horaires de travail, la nature du poste de travail ou les possibles
évolutions de carrière. Cette incomplétude plus grande
peut donner lieu à des comportements opportunistes aussi bien du
côté de l'employeur que du salarié et peut donc avoir des
effets ambigus sur la satisfaction au travail. L'incomplétude devrait
bénéficier au salarié si ce dernier dispose d'un pouvoir
de négociation important (ce qui est le cas des salariés les plus
qualifiés). Dans le cas inverse, l'employeur risque de s'accaparer tous
les gains associés à l'usage des TIC dans l'entreprise, le
salarié n'obtenant en contrepartie aucune prime salariale ou promotion
(quelles que soient les promesses faites initialement).
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