organisationnelle :
Ainsi, la société, dans son cadre
général ou encore dans le cadre spécifique de
l'entreprise, se trouve submergée par ces usages nouveaux aux effets
parfois questionnables.
Toutes les tâches administratives dans l'entreprise ont
connu depuis les années 80 des changements considérables, que ce
soit par rapport à leurs objectifs, les moyens mis en oeuvre ou leur
organisation. Ces mutations n'ont pu se faire que par le développement
de nouveaux outils qui ont permis une nouvelle organisation du travail. En
effet, les fonctions administratives n'avaient pas ou peu été
touchées par les bouleversements que le monde de la production a connus
depuis le XVIIIe siècle. Depuis cette époque, toute l'histoire de
l'entreprise peut se lire comme une recherche constante d'amélioration
de l'organisation pour faire des gains de productivité. C'est une suite
de changements constants qu'a connu l'atelier.
Dans La Richesse des nations, publié en 1776, Adam
Smith décrit l'émergence de cette nouvelle organisation du
travail, qui a permis ainsi à une manufacture de produire de plus
grandes quantités d'épingles (de 20 épingles par ouvrier
avec une organisation artisanale à 4800 avec la mise en place d'une
spécialisation des tâches). La première et la
deuxième révolution industrielle sont une suite de gain de
productivité produisant des volumes de plus en plus importants, avec des
ressources de plus en plus réduites et dans des délais de plus en
plus courts. Les gains de productivité croissants correspondent à
la mécanisation de la production allant de pair avec le
développement du taylorisme, puis du fordisme fondés sur
l'organisation scientifique du travail.
Par contre, sur cette même période,
l'organisation du travail administratif à l'opposé de celle de
l'atelier, a connu peu d'évolution hormis l'arrivée du
téléphone et de la machine à écrire au début
du XXe siècle. Ces deux outils ont permis des gains de
productivité dans la production de l'écrit et dans la
communication, mais ont renforcé la coupure entre ceux qui concevaient
l'information et les exécutants. À partir de la fin des
années 70, l'informatisation du travail dans les bureaux allait
bouleverser l'organisation de la gestion de l'information.
Ecole supérieure de technologie 2015/2016 Page 35
Dès la fin des années 80, les outils
informatiques allaient être mis en réseau, l'organisation du
travail se transforma progressivement en système d'information. En
parallèle, l'ergonomie des ordinateurs et leur technologie permirent de
mettre à disposition de chacun son ordinateur personnel. Son expansion
correspondait à une ergonomie facilitant son utilisation par des
non-informaticiens.
Ainsi, après l'atelier, le bureau est entré lui
aussi dans un processus de gains de productivité par le
développement des TIC associées à une
réorganisation du travail.
Toutes les activités administratives connaissent des
mutations qui permettent :
· de réduire les délais, voire le temps
réel,
· de diminuer les coûts,
· d'automatiser les tâches administratives,
· de développer et créer des services,
· de développer la capacité des utilisateurs
à exploiter les informations existantes.
Ces mutations touchent désormais des activités
se situant bien au-delà des tâches administratives et les travaux
autour de la conception et du développement sont désormais
concernés, notamment en recherche et développement, ainsi que la
prise de décision.
Les TIC modifient de multiples fonctions de l'entreprise :
informations décisionnelles, informations de communication, de
création, et de données sociales. C'est ainsi qu'émerge
une nouvelle forme d'organisation du travail, centrée notamment sur les
activités collaboratives qui constituent une rupture culturelle
importante, notamment lorsqu'elles impliquent des personnes situées dans
des lieux, des situations hiérarchiques et des temporalités
différentes. Cette forme d'organisation est non plus seulement
fondée sur l'individu, mais sur la capacité qu'il a de travailler
avec d'autres, base de la valeur et de l'innovation pour les entreprises.
Concrètement, il semble que les usages de la messagerie
et du courrier électronique aient empiété sur d'autres
outils. Le mail phagocyte par facilité, et par inertie d'usage, des
fonctions qui devraient passer par d'autres techniques. Il semble par exemple
que la pratique du « mail parapluie », qui consiste à faire
augmenter le nombre de destinataires pour information, se multiplie. Elle est
le signe d'une difficulté à la responsabilisation, et d'une
obligation à la
Ecole supérieure de technologie 2015/2016 Page 36
transparence et à la traçabilité. Cette
pratique a également pour conséquence de démultiplier les
volumes de mails, car pour une même information, on génère
un facteur x de copies, dont l'essentiel n'a aucune utilité et capte un
temps précieux de traitement de données.
La multiplication des flux de données impacte
directement la performance individuelle des personnes, du fait du temps
passé à traiter les informations. Par ailleurs, la nature
même de la circulation de l'information a tendance à produire des
rythmes de travail saccadés, jugés intrusifs, et peu propices
à la concentration ou au suivi d'autres tâches. Le rapport
d'augmentation des coûts des technologies sur l'effet de
productivité réel est questionné.
La forte présence des TIC dans les entreprises
génère également des conséquences sur la
santé au travail. Les conséquences sur la santé des
salariés sont très différentes des situations
antérieures, elles semblent spécifiques aux métiers
sédentaires. On note les pressions psychologiques et personnelles sur
les salariés (tension, stress, burn out, etc.)
générées par le rythme que suscitent les TIC. On remarque
également des conséquences physiques néfastes sur les
personnes, notamment du fait de la détérioration de l'ergonomie
du poste de travail. Le temps de travail de plus en plus long
génère de nouveaux risques sur la santé (troubles
musculo-squelettiques - TMS, troubles visuels, etc.). Ces nouvelles
pénibilités sont relatives à l'allongement de la vie
professionnelle.
|