3.3.7. Système médical
3.3.7.1. Dépistage
L'obésité ou le risque de la
développer, sont principalement déterminés à l'aide
de mesures anthropométriques dont le poids, la taille et le calcul de
l'Indice de Masse Corporelle (IMC). La courbe de corpulence du carnet de
santé, sur laquelle l'IMC est reporté, doit être
tracée afin d'identifier deux indices : le rebond d'adiposité
précoce rendant visible une élévation de la corpulence de
l'enfant qui lorsqu'elle survient avant 6 ans, est
considérée comme précoce (chez 48 enfants obèses :
rebond < 2 ans : 19 ; < 3 ans : 15 ; < 4 ans : 8 ; < 5 ans : 5 ;
< 6 ans : 1 ; > 6 ans : 059) ou une ascension brutale de la
courbe de corpulence.
En ce qui concerne le dépistage d'un enfant en surpoids
ou obèse, l'IMC doit être reporté sur les
courbes173 ou traduit en Zscore.
Chez l'adulte le dépistage est réalisé
à l'occasion d'une visite médicale, la plupart du temps
réalisée pour un motif tout autre de consultation ou lors de la
visite médicale professionnelle et se concrétise par le calcul de
l'IMC et l'analyse de la variation de celui-ci dans le temps.
L'objectif de ce dépistage est d'être
effectué le plus tôt possible pour que
l'obésité ne s'installe pas, ou même n'apparaisse pas. Or,
les individus ne sont pas tous dépistés de façon
égale, ainsi les
individus davantage orientés vers le futur
effectueraient davantage d'examens médicaux préventifs
contrairement à ceux orientés vers le présent. En
revanche, pour l'enfant la médecine scolaire permet un égal
accès au dépistage.
3.3.7.2. Prise en charge
Le dépistage effectué, peu d'individus
dépistés (ou de famille lorsqu'il s'agit de l'enfant)
s'orientent, vers une prise en charge. Selon
Zola174, ce qui amène l'individu à
consulter n'est pas la gravité des symptômes, mais plutôt
l'interférence entre les symptômes et la vie quotidienne
(professionnelle et personnelle) de l'individu. Ce n'est donc pas
uniquement l'excès pondéral objectivé qui
décidera l'individu (ou la famille) à consulter, mais
plutôt, une motivation qui peut être esthétique ou
liée au manque de performance, ou bien l'adhésion au discours
médical de promotion de la santé (et qui relève de
perspectives temporelles centrées sur le futur) couplé à
un sentiment d'efficacité personnel. La démarche de s'orienter
vers une prise en charge pourrait être comparée aux
phases de contemplation et préparation de la théorie de
Prochaska et Di Clemente (1986) : l'individu a conscience que
mincir ou stabiliser son poids lui serait utile et projette de mettre en place
des changements ou il est décidé à agir.
A ce niveau de fortes inégalités
sociales de santé sont révélées par une
différence d'accès aux soins en fonction du gradient social.
Dépistage / Annonce
Accès aux soins
Gravité perçue de la situation Sentiment de
vulnérabilité perçue
??
Perspectives temporelles Estime de soi
Lieu de contrôle
Sentiment d'auto-efficacité
Interférence symptômes - vie
quotidienne
Alexia Charreton Monnet 2013
Le traitement prépondérant, qu'il soit
proposé par le secteur médical ou non, est, chez l'adulte, le
régime amaigrissant couplé à l'augmentation des
dépenses physiques. A ce titre, il faut souligner les
travaux94, de Perri (1985),
Brownell et Rodin (1994) qui démontrent
que les individus qui entreprennent de perdre du poids de leur
propre initiative, parviennent à des taux de réussite plus
élevés que ceux qui cherchent un traitement. Ces individus
utiliseraient un éventail plus large d'influences
autorégulatrices et les utilisant avec plus de constance et de
persévérance. L'Agence Nationale de
Sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'Environnement et du
travail a réalisé un rapport en 2010 sur les régimes
amaigrissants et mettait en avant
Alexia Charreton Monnet 2013
leurs conséquences fâcheuses pour la
santé «en privilégiant les informations
cognitives, extérieures au sujet, au détriment de la
reconnaissance de l'état interne, la restriction cognitive tend à
court-circuiter les signaux physiologiques de faim et de satiété.
Les conséquences négatives au plan psychologique et
comportemental ne sont souvent pas perçues par les candidats à
l'amaigrissement. La dépression et la perte de
l'estime de soi sont des conséquences psychologiques fréquentes
des échecs à répétition des
régimes. Sur le plan comportemental, la restriction cognitive
et la perturbation du comportement alimentaire qu'elle induit aggrave
très souvent le problème pondéral».
Les atouts des «régimes» les plus
pertinents dépendraient davantage d'une approche humaniste
que scientifique, excepté pour l'apport calorique global (et non la
teneur en macronutriments) : adaptation du régime aux goûts et
habitudes du patient, commencement d'une activité physique dès le
début du régime et maintien après cette phase. Selon
Weinberg et al. (1984) cités par
Bandura94, les individus dont le sentiment
d'auto-efficacité est amélioré par une persuasion verbale,
perdent plus de poids, de même ceux dont le sentiment d'efficacité
personnel était initialement élevé, sont plus facilement
persuadés qu'ils peuvent contrôler leur comportement alimentaire
et agissent en conséquence.
La reprise pondérale concernerait 80 % des sujets
à un an et augmenterait par la suite.
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Graphique 6 : Cercle vicieux pondéral (Le
Barzic- 2004) illustrant l'enchevêtrement des
registres pondéral, psychologique et comportemental, dans un
cercle vicieux susceptible de conduire les sujets souhaitant entreprendre
des régimes amaigrissants dans une spirale d'échec à
plus ou moins long terme
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Chez l'enfant, du fait de sa croissance, la Haute
Autorité en Santé, recommande de ne pas entreprendre de
régimes amaigrissants pouvant faire le nid de troubles du comportement,
mais d'uniquement accompagner à un
«rééquilibrage» de l'alimentation familiale.
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