Introduction
La santé ne saurait se résumer à la
technicité du secteur du soin, secteur fortement
privilégié en France depuis la période d'après
guerre de 1945 où la médecine a connu un profond
essor. La prévention en est le parent pauvre, avec un budget approchant
les 6,5 % des dépenses de santé en 2006 (avec prise en compte des
actes préventifs réalisés dans la pratique médicale
courante)1, or à choisir entre être
malade mais bien soigné et ne pas être malade, le choix se
porterait aisément sur la deuxième possibilité.
Les dépenses de soin entraînent un coût
pour la société, du fait du système de
sécurité sociale nationale mis en place sous la pression des
mouvements ouvriers du XIXème siècle, et garanti par
l'état qui progressivement s'efface au profit des assurances
privées.
L'Organisation de Coopération et de
Développement Economiques (OCDE) comptabilisait, en 2004, du fait
de l'absence de prévention, 3840 années perdues en France (2757
pour le Japon et 5066 pour les Etats Unis)2.
La spécificité du découpage
français, et notamment la relative autonomie politique des
collectivités territoriales, ont amené celles-ci à
progressivement s'investir dans la promotion de la santé, avec des
soutiens financiers apportés en partie par l'état. Celui-ci leur
reconnaît, de par leur lien de proximité avec les habitants, une
pertinence inscrite dans la loi Hôpital Patient Santé Territoire
de 2009, pour la mise en oeuvre d'actions de promotion de la santé.
C'est le cas de nombreuses communes fortement mobilisées pour la
santé des habitants et particulièrement dans la prévention
de l'obésité.
Cette problématique est un enjeu fort de santé
publique, tant ses conséquences sur la qualité de vie de
l'individu sont déplorables, et sa prévalence
élevée. En France, en 1980, l'Institut National de la Statistique
et des Etudes Economiques (INSEE) estimait à 6,1% le taux de personnes
obèses, taux fortement revu à la hausse par l'enquête Obepi
qui portait la prévalence à 14,5 % en 2009.
Prévenir cette obésogénisation des
habitants, est d'autant plus complexe qu'ils évoluent dans un
environnement où ils sont sollicités pour surconsommer des
produits obésogènes et dans un contexte où la politique de
redistribution des richesses creusent les inégalités sociales. Ce
sera le but donné à ce travail de recherche : prévenir,
à l'échelle d'une collectivité, l'obésité
commune (sont exclues les obésités syndromiques ou secondaires)
par une approche réflexive et systémique.
En première partie seront brièvement,
présentées les missions de santé publique que peut se
donner une collectivité territoriale et notamment les
éléments moteurs du dessin des orientations d'un Plan Local de
Santé.
Alexia Charreton Monnet 2013
Une approche scientifique de
l'obésité sera développée en deuxième
partie, afin de se décentrer de la pensée profane assimilant
l'obésité a des excès alimentaires d'un être mal
éduqué, qui mange plus que sa part, ou compromis par le
péché de gourmandise, et conduisant les actions de
prévention de l'obésité à une éducation
à « savoir manger ». De même sur la question
de la prévention, la littérature sera passée en revue afin
de s'assurer de l'objectivité de l'éducation menée.
La troisième partie reflétera le travail de
recherche effectué autour d'un modèle écologique posant
pour principe que l'obésité se constitue au sein d'un cadre
dynamique, où se réalisent des interactions complexes entre
différents systèmes environnementaux et l'individu.
La quatrième et dernière partie sera l'occasion
de mettre en oeuvre les données de la littérature pour tenter de
dessiner une stratégie de prévention de
l'obésité.
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