1. Inégalités sociales de santé et
mortalités prématurées
Charte d'Ottawa de 19861:
«La promotion de la santé a pour but de donner aux individus
davantage de maîtrise de leur propre santé et davantage de moyens
de l'améliorer. Pour parvenir à un état de complet
bien-être physique, mental et social, l'individu, ou le groupe, doit
pouvoir identifier et réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins et
évoluer avec son milieu ou s'y adapter. La santé est donc
perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de
la vie ; c'est un concept positif mettant l'accent sur les ressources sociales
et personnelles et sur les capacités physiques. La promotion de la
santé ne relève donc pas seulement du secteur de la santé
: elle ne se borne pas seulement à préconiser l'adoption de modes
de vie qui favorisent la bonne santé ; son ambition est le
bien-être complet de l'individu.»
1.1. Inégalités sociales de
santé
Les inégalités sociales de santé sont
définies (Guichard et Potvin
20104) par toute relation entre la
santé et l'appartenance à une catégorie sociale. Elles
sont fortement observées en France, or le Haut Conseil en
Santé Publique les a qualifiées d'injustes, en 2009, du fait
de circonstances incontrôlables par les personnes. Ces
inégalités sont essentiellement attribuables à des
circonstances indépendantes de la responsabilité individuelle
(Jusot, Tubeuf et
Trannoy5 2010).
Graphique 1 : mortalité 1990-1999 en fonction du
niveau d'éducation pour les 30 à 64 ans6
Graphique 2 : mortalité 1990-1999 en fonction de
la profession chez les individus de 30 à 64
ans6 Alexia Charreton Monnet 2013
En France, les inégalités sociales de
mortalité7 sont plus importantes
que dans d'autres pays d'Europe et s'accroissent ces
dernières années. S'y ajoutent des inégalités de
qualité de vie liées aux incapacités (telles que
définies dans le code de la santé publique : visuelles,
auditives, motrices, sensorielles...) qui concernent la quasi-totalité
des pathologies, des facteurs de risques et des états de
santé.
Par exemple, en 1990, les chômeurs avaient une
probabilité de décès prématurés 3 fois plus
importante que les actifs et un homme sans diplôme : 2,5 fois
comparé à un homme ayant effectué des études
supérieures8. Selon l'Institut National
de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEEE), entre 1982 et 1990,
la mortalité par maladies coronariennes a baissé de 47 % chez les
cadres et professions libérales contre seulement 14 % chez les
employés et ouvrier, et la survie à 28 jours d'un
événement coronarien restait 2.5 fois plus élevée
pour un cadre supérieur que pour une autre catégorie
socioprofessionnelle (CSP).
Entre 1991 et 1999, à 35 ans un cadre supérieur
pouvait espérer vivre encore 47 années dont 34 sans
incapacité, tandis qu'un ouvrier, ne pouvait espérer vivre que 40
ans, dont seulement 24 sans incapacité, alors même que ces 2
catégories bénéficiaient d'un emploi, d'un logement et
d'une insertion sociale. En 2000, Jougla9, estimait à 9 ans cet
écart d'espérance de vie.
Les déterminants ne sont donc pas uniquement
à rechercher dans la pauvreté extrême (sans-domiciles,
bénéficiaires du revenu de solidarité active...) qui est
la partie visible de l'iceberg, ces inégalités font
référence au gradient induit par la position sociale.
Graphique 3 : espérance de vie, en France,
à 35 ans selon 3 indicateurs chez les cadres supérieurs et
les
ouvriers en 200310
Les inégalités de santé, sont
fréquemment attribuées aux inégalités
d'accès aux soins, du fait de la croyance dans le rôle
déterminant de la médecine, or l'accès aux soins ne peut
être l'unique facteur responsable, de nombreux autres déterminants
sont progressivement identifiés.
L'Obésité chez l'enfant comme chez l'adulte,
est, à ce titre, un marqueur des inégalités sociales
Alexia Charreton Monnet 2013
Alexia Charreton Monnet 2013
de santé constatées ces dernières
années en France. En 2004-2005, une enquête de la
Direction de la Recherche des Études de l'Évaluation et des
Statistiques11, montrait que
l'obésité était dix fois plus fréquente parmi les
enfants d'ouvriers (6%) que parmi les enfants de cadres (0,6%), et que
l'écart s'était davantage creusé entre les classes
professionnelles par rapport à 2002.
Ces données, en désaccord avec nos textes
constitutionnels, soulignent la nécessité de tenter de
prévenir l'obésité en agissant sur ses déterminants
pour réduire les inégalités sociales de santé.
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