3. - La théorie du connectivisme
3.1- Notion de connectivisme
Face à l'évolution de l'usage des technologies
dans l'enseignement, plusieurs chercheurs ont proposé le terme
connectivisme pour désigner une nouvelle approche éducative qui
s'adapterait à la formation en ligne. Développée par
George Siemens et Stephen Downes, le connectivisme interroge le processus de
l'apprentissage à l'ère du numérique et dans un monde
connecté en réseaux en s'appuyant sur les limites du
behaviorisme, du cognitivisme, du constructivisme.
Un aspect du connectivisme est l'utilisation d'un
réseau composé de noeuds et de connexions comme métaphore
centrale de l'apprentissage). Dans cette présentation, un noeud peut
être une information, des données, un sentiment, une image ou
une simulation. L'apprentissage est le processus de connexions, englobant les
connexions neuronales, les connexions entre les hommes, les ordinateurs et
l'interconnexion entre les différents champs de savoirs.
Pour George Siemens : « Le connectivisme est la
somme de principes issus de la théorie du chaos, des réseaux, de
l'auto-organisation et de la complexité. L'apprentissage est un
processus qui se produit dans des environnements flous composés
d'éléments de base changeants, et qui n'est pas
entièrement sous le contrôle de l'individu.
L'apprentissage peut résider en dehors de l'individu
(au sein d'une organisation ou une base de données), et se concentre sur
la connexion d'ensembles d'informations spécialisées. Les liens
qui permettent d'apprendre davantage sont plus importants que l'état
actuel de notre connaissance.
Le connectivisme est motivé par la compréhension
du fait que les prises de décision sont fondées sur des bases qui
se modifient rapidement. De nouvelles informations sont constamment acquises.
La capacité d'établir des distinctions entre l'information
importante et sans importance est vitale. La capacité de
reconnaître quand de nouvelles informations modifient le paysage en
fonction des décisions prises hier est également
critique. »
251633152
Figure 3 : Le connectivisme (Siemens,
2005).
3.2- Principes de la théorie
connectiviste
Selon Siemens (2005), les huit principes du connectivisme
sont :
· L'apprentissage et la connaissance résident dans
la diversité des opinions.
· L'apprentissage est un processus reliant des noeuds
spécialisés ou des sources d'information.
· L'apprentissage peut résider dans des appareils
non-humains.
· La capacité d'en savoir plus est plus critique
que ce que l'on sait actuellement.
· Entretenir et maintenir des connexions est
nécessaire pour faciliter l'apprentissage continu.
· La possibilité de voir les liens entre les
domaines, les idées et les concepts est une compétence de
base.
· Obtenir des connaissances précises avec la
capacité de les mettre à jours est l'intention de l'apprentissage
basé sur connectivisme.
· La prise de décision est un processus
d'apprentissage en soi. L'importance que l'on donne à une information
est variable dans le temps, selon les modifications de l'environnement de cette
information.
3.3- Vue critique du connectivisme
Le terme connectivisme s'inscrit bien dans une logique
historique du développement techno-pédagogique. Toutefois, les
applications concrètes sont peu dans la littérature et il est
aussi critiqué par certains chercheurs. Verhagen (2006) réfute la
scientificité des propositions de Siemens et remet en cause le courant
connectiviste qui n'est pas une nouvelle théorie de l'apprentissage,
mais simplement un courant pédagogique. Il considère que le
connectivisme discute principalement le type de savoir que
l'élève doit acquérir et des compétences à
développer pour faire ces acquisitions. Le connectivisme vise davantage
l'organisation de l'apprentissage et n'indique rien sur comment
l'élève apprend, donc sur le processus réel de
l'apprentissage.
Une autre vue critique est proposé par Kerr (2007) qui
ne considère pas le connectivisme comme un vrai changement vital au
niveau théorique. Selon le même auteur, il existe des
théories à l'ère numérique et n'aperçoit pas
une grande différence entre la théorie de la cognition
distribuée et le connectivisme. Il n'est pas d'accord avec le regard de
Siemens qui considère que le media est plus important que le contenu
transporté car le contenu change très rapidement.
|