2. Les théories de l'apprentissage
Les théories de l'apprentissage visent à
expliquer le phénomène d'acquisition des connaissances.
L'application directe d'une théorie de l'apprentissage permet de
formuler des hypothèses de travail et des méthodes pour des
recherches en didactique plus systématique. Dans ce travail, nous avons
essayé de réaliser une synthèse des principales
théories de l'apprentissage : behaviorisme, cognitivisme,
constructivisme.
Les critiques de ces théories mettent en
évidence la valeur ajoutée d'une nouvelle théorie de
l'apprentissage qui s'intéresse à des apports des nouvelles
technologies à l'apprentissage et à l'interaction des
communautés humaines en réseau.
Elles servent à donner des explications de ce qui se
passe lors du processus d'apprentissage. Selon Hill (1977), les théories
de l'apprentissage sont utiles pour deux principales raisons :
· Elles fournissent un cadre conceptuel pour
l'interprétation de ce que nous observons
· offrent des orientations pour trouver des solutions des
problèmes rencontrés.
Les théories de l'apprentissage ont connu une
évolution depuis des décennies.L'évolution la plus
remarquable a été le passage de l'approche behavioriste de
l'apprentissage à l'approche cognitive qui a été
prolongée par l'approche constructiviste. La dernière
théorie de l'apprentissage est le connectivisme portant sur les
nouvelles technologies.
2.1- Le béhaviorisme
Le béhaviorisme est la première grande
théorie de l'apprentissage qui a fortement marqué les domaines de
l'enseignement, de l'éducation et de la formation. Ce courant
théorique exerce encore une forte influence dans les pays anglo-saxons.
Nous devons souligner que le terme « béhaviorisme »
est crée à partir du mot anglais « behavior »
qui signifie « comportement » marqué par une
manifestation observable de la maîtrise d'une connaissance qui permet de
s'assurer l'atteinte des objectifs visés.
Le béhaviorisme (ou comportementalisme) définit
l'apprentissage comme une modification durable du comportement résultant
de la conséquence d'un entraînement particulier. Le concept
« béhavioriste » fut utilisé pour la
première fois par John B. Watson en 1913 dans un article portant sur la
nécessité d'observer des comportements pour pouvoir les
étudier. Cependant, Skinner n'est pas d'accord avec les théories
de Watson et Pavlov qui prétendent que toute réponse
dépend d'un stimulus, même si ce dernier n'est pas identifiable.
Skinner dit que cela force les faits. Avec deux classes de réponses de
Skinner (les répondantes produites, suscitées par les stimuli
connus et les opérantes « événements
spontanés, liaisons innées,... »), Deux points
priment : le taux de réponses et la manière dont l'organisme
réagit au renforcement de l'environnement.
Burrhus .F. Skinner développa le concept de
« conditionnement opérant » (initié au
départ par Edward Thorndike, 1913), qu'il distingue du conditionnement
pavlovien ou classique (Pavlov, 1901). Skinner est le plus convainquant des
représentants que la méthodologie béhaviorale ait eu.
Il est le plus empiriste des théoriciens
béhavioristes. Sa thèse est que « le comportement peut
être structuré par l'utilisation appropriée des
conditionnements appropriés ». Skinner rejette toute
explication mentale ou cognitive. Il accorde l'importance à deux
éléments : le stimulus et la réponse mais en
décrivant le lien qui les unit. Il s'intéresse de façon
particulière au « réflexe » qui est une
« corrélation observée entre le stimulus et la
réponse ». Skinner veut faire du béhaviorisme une
méthode empiriste raffinée. Ses définitions
décrivent les phénomènes sur le plan expérimental.
L'opérationalisme est fondamental pour lui, car les
comportements d'un organisme se modifient en fonction de ses actions et des
résultats obtenus : « nous devons ce que nous
faisons ». Pour Skinner, toute hypothèse ou proposition doit
être vérifiée par l'observation afin de lui donner un sens.
L'opérationalisme pose les « comment » et non les
« pourquoi » des choses. Il préfère les
termes qui décrivent les opérations.
Skinner définit l'apprentissage comme une modification
du comportement provoqué par les stimuli venant de l'environnement.
Skinner développant une théorie de modèle empiriste et en
a tiré une pratique pédagogique. Il affirme que l'apprentissage
peut être obtenu par l'utilisation de récompenses appelées
« renforcements positifs » (ex. : des bonnes notes
chez les élèves) et de punitions appelées
« renforcements négatifs » (ex. : des mauvaises
notes chez l'élève.
C'est dans ce sens que l'individu adopte un comportement lui
permettant d'éviter les renforcements négatifs et d'augmenter la
chance d'obtenir les renforcements positifs. Cette procédure est
appelée « conditionnement opérant ».
Skinner(1971) a critiqué sérieusement l'enseignement traditionnel
fondé essentiellement sur des renforcements négatifs et a
proposé de remplacer ceux-ci par des renforcements positifs. Les travaux
de Skinner sont adaptés aux situations d'apprentissage et le
modèle qui en résulte est celui de l'enseignement
programmé. Ce modèle se base sur les principes suivants :
· La matière à enseigner est
découpée en une série d'éléments courts pour
permettre un renforcement le plus rapide possible ;
· le contenu part du niveau le plus simple et le niveau
de difficulté augmente de manière graduelle afin de favoriser un
apprentissage sans erreur ;
· le contenu est présenté sous forme d'une
séquence linéaire mais chacun peut la faire à son propre
rythme ce qui va dans le sens d'une individualisation de
l'enseignement ;
· Les renforcements positifs (à travers des
encouragements, etc.) sont favorisés et doivent être donnés
le plus rapidement possible. Des études expérimentales ont
démontré que plus le délai entre la réponse fournie
et le renforcement est bref, meilleure est la performance finale.
Dans le domaine de l'enseignement, soulignons aussi que
l'évaluation formativeest également basée
sur le béhaviorisme. L'objectif de ces systèmes d'enseignement
consiste à mettre en place un programme d'apprentissage qui s'assure
l'atteinte des objectifs d'apprentissage par tous les apprenants.
Toutes les formes d'enseignement basées sur le
béhaviorisme partent de l'idée que l'apprentissage se fait par le
biais d'un enseignement qui peut être dispensé par un enseignant
ou une machine (O'Shea & Self, 1983) ce qui est différent de la
théorie constructiviste.
Nous devons souligner enfin que la force du
béhaviorisme est de proposer une théorie complète de
l'apprentissage. Il définit l'apprentissage en ce terme :
« apprendre c'est devenir capable de donner la réponse
adéquate, c'est encore construire un comportement adapté à
un environnement ». Cette théorie propose aussi une
méthode d'enseignement - apprentissage : opérationnaliser
des objectifs d'apprentissage, conditionner, apprendre par essais-erreurs,
provoquer des renforcements positifs en cas de formes réponses, et des
renforcements négatifs pour rectifier les erreurs.
Les éléments essentiels d'un enseignement de
type béhavioriste sont les suivants :
· les structures mentales sont constituées par la
boîte noire à laquelle on n'a pas accès. Pour être
plus réaliste et efficace, l'enseignement béhavioriste
s'intéresse aux entrées et aux sorties qu'aux processus
eux-mêmes.
· l'enseignant s'attache à définir les
connaissances à acquérir en termes de comportements observables,
qui sont mis en oeuvre en fin d'apprentissage.
· le comportement attendu au niveau de
l'élève est formulé comme suit :
l'élève devra être capable de....... + verbe d'action
(identifier, distinguer, nommer, reconnaître, classer,...). Il faut
éviter les verbes mentalistes (comprendre, savoir,
réfléchir, ...)
2.2 - Le cognitivisme
Le cognitivisme (ou rationalisme) naît en même
temps que l'Intelligence Artificielle, dans les années 1956. Il est
proposé par Miller et Bruner en réaction au béhaviorisme.
Il est centré sur les manières de penser et de résoudre
des problèmes. L'apprentissage ne peut être limité à
un enregistrement conditionné, mais doit plutôt être
envisagé comme nécessitant un traitement complexe de
l'information reçue. La mémoire possède une structure
propre, qui implique l'organisation de l'information et le recours à des
stratégies pour gérer cette organisation (Crozat, 2002).
Les tenants de l'approche cognitiviste cherchent, au contraire
des béhavioristes, à mettre en lumière les processus
internes de l'apprentissage. Gagné & Ausubel figurent parmi les
auteurs les plus influents ayant développé cette théorie.
Pour eux, l'apprenant est un système actif de traitement de
l'information, semblable à un Ordinateur. En effet le système
humain de traitement de l'information a les composantes
suivantes :
· Système d'enregistrement
sensoriel : L'apprenant perçoit des informations, des
stimuli visuels, auditifs, tactiles, olfactifs, provenant de l'environnement
extérieur. Des processus complexes de reconnaissance de formes et de
filtration de l'information sont mises en
oeuvre.
· Mémoire à court
terme :L'information perçue est transférée
dans une mémoire à court terme, c'est-à-dire a une
durée et une capacité très limitée de l'ordre de
quelques secondes.
· Mémoire à long
terme :L'information est ensuite emmagasinée dans cette
mémoire permanente et de capacité illimitée. Lorsqu'il a
besoin de résoudre des problèmes, des processus de
récupération de l'information lui permettront par la suite de
retrouver des informations dans cette «base de connaissances»
(BOULARD G&al , 2002-2003).
Pour les cognitivistes, comme pour les béhavioristes,
il existe une réalité objective externe, mais ici l'apprenant
doit intégrer cette réalité à ses propres
schémas mentaux. C'est donc unchangement dans les structures mentalesdu
formé qui caractérise l'apprentissage cognitiviste.
L'enseignant utilisera alors les stratégies
d'enseignement visant : ·
· A aider l'apprenant à
sélectionner et à encoder l'information lui provenant
de l'environnement, en lui présentant des schémas
organisateurs au
moment
· d'aborder un nouveau contenu, en l'aidant à
faire des liens avec ses connaissances antérieures,
· A organiser et intégrer cette information par
exemple, en lui présentant des cartes cognitives, en l'encourageant
à prendre des notes, en l'aidant à se former des images mentales
significatives, en lui demandant de produire des résumés.
La théorie cognitiviste comporte toutefois une limite
importante, liée au fait qu'un matériel bien structuré ne
suffit pas pour assurer un apprentissage, il faut aussi que l'étudiant
ait le désir et la motivation d'apprendre.
2.3- Le constructivisme
L'approche constructiviste reconnaît aussi que,
l'apprentissage est une activité mentale.Pour elle, l'apprentissage est
un processus actif de construction de la réalité dans la
tête des individus.
Cette réalité est construitepar chaque individu,
qui lui donne une signification unique à partir de ses propres
expériences. L'apprenant n'intègre pas simplement le savoir
provenant du monde externe dans sa mémoire. Il construit plutôt
ses propres interprétations du monde à partir de ses interactions
avec celui-ci (Josiane Basque et al, mars 1998). Pour Jean Piaget chercheur
genevois et précurseur de ce modèle, l'apprenant organise son
monde au fur et à mesure qu'il apprend, en s'adaptant. Cette
capacité d'adaptation s'appuie sur deux processus d'interaction de
l'individu avec son milieu de vie : l'assimilation et l'accommodation.
Assimilation : C'est lorsqu'un individu qui interagit
avec son milieu de vie intègre des données qui viennent de ce
milieu ou d'une situation problème d'apprentissage, sans modifier ses
données
Accommodation : Ce processus est marqué par une
action de l'environnement sur l'individu qui va le pousser à une
réorganisation de ses connaissances et à la modification de ses
conduites.
Équilibration : C'est un processus qui
recherche un meilleur équilibre possible entre l'individu et
son milieu de vie, ou entre l'individu et la situation problème à
laquelle il se trouve confronté.
La conception constructiviste de l'apprentissage se base
sur la production d'un conflit cognitif par confrontation d'un apprenant
à une situation problème, d'où un effet de
déstabilisation susceptible de provoquer une réorganisation de
connaissances ou l'acquisition de nouveaux savoirs et savoir-faire. Une
situation problème peut être définie comme un ensemble
contextualisé d'informations fournies a un groupe de personnes, pour
être articulé en vue de réaliser une tache
précise.Une situation problème est telle que ce que
l'élève connaît et sait faire actuellement n'est pas
immédiatement suffisant pour qu'il puisse répondre
correctement.
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