CHAPITRE II : ANALYSE DES PRATIQUES DU DIALOGUE
SOCIAL A L'UO
Le premier paragraphe sera d'abord consacré à
l'analyse de la pratique du dialogue social, visant à valoriser les RH
et à améliorer les performances, ensuite, il sera question de
montrer l'apport du dialogue social, dans la gestion des conflits au
paragraphe2. En outre, il s'agira dans le troisième paragraphe, de
montrer les conséquences du manque de dialogue social à l'U.O et
nous terminerons par les suggestions et les perspectives.
PARAGRAPHE 1 :POLITIQUE DE DIALOGUE
SOCIAL, DE VALORISATION DES RH ET D'AMÉLIORATION DES PERFORMANCES A
L'U.O
Notre champ de recherche concerne toute la
communauté universitaire. En effet à travers le questionnaire,
nous avons pu recueillir les avis et les impressions des uns et des autres sur
la pratique du dialogue social à l'U.O. En dehors du questionnaire, nous
avons eu des entretiens avec les responsables syndicaux et les
délégués du personnel ainsi que certains étudiants.
Au total 43 personnes ont fait l'objet de notre enquête.
Tableau1: Répartition de la
population en genre et en pourcentage
Catégorie
|
Homme
|
Femme
|
Total
|
Chefs de service
|
06
|
00
|
06
|
Membres de l'administration
|
10
|
7
|
17
|
Professeurs (entretien)
|
02
|
00
|
02
|
Délégués du personnel
(entretien)
|
01
|
00
|
01
|
Responsables syndicaux (entretien)
|
01
|
00
|
01
|
Directeurs
|
02
|
01
|
03
|
Etudiants
|
08
|
05
|
13
|
Total
|
30
|
13
|
43
|
Pourcentage
|
69,77%
|
30,23%
|
100%
|
1. Politique de dialogue social à
l'U.O
Le dialogue social définit comme un cadre de discussion
regroupant les représentants des différents acteurs,
c'est-à-dire employés et employeur est présent à
l'U.O. En effet, des rencontres sont organisées à
différents niveaux de groupe et de responsabilité où le
personnel est considéré dans la prise de décision. En
fonction des situations et du problème, le président de
l'université instaure spontanément un dialogue social en dehors
des processus et des instances prévus par la loi pour négocier
et résoudre le problème. On parle alors de dialogue social
informel.
Selon M. SANOU Béma11 « il y a
souvent des rencontres de discussion et de concertation avec les responsables
locaux de l'Université et parfois avec le Ministère suivant
l'ampleur du problème et des revendications, mais il n'existe pas de
texte qui stipule clairement la tenue d'un dialogue à l'U.O »
Il propose alors qu'il soit instauré des cadres de concertation
périodiques connues de tous et qu'on puisse sentir la pratique
réelle du dialogue social dans le fond.
L'organisation interne de l'U.O est un facteur
déterminant dans la recherche de meilleurs résultats. Les acteurs
qui y sont présents sont entre autres le personnel administratif, les
enseignants, le personnel d'appui, les étudiants. Tous ces groupes
peuvent se constituer en association pour défendre leurs
intérêts matériels et moraux. En général,
leurs luttes se traduisent par des manifestations diverses commele sit-in, la
grève avec ou sans arrêts momentanés de service. Cet
arrêt de travail, quand il intervient signifie le plus souvent,
échec de négociation, donc, rupture de dialogue. Peut-on
éviter ces protestations, ce déficit de communication? Pour ce
faire, il faut des actions précises permettant l'implication de tous les
acteurs dont les enseignants, les étudiants, les partenaires sociaux et
les autorités politiques.
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11 : le responsable syndical des ATOS,
rencontré le 11 Septembre 2O15
M. DIABO12 , à la question de savoir
s'il y a un dialogue social à l'U.O, s'exprime : « je pense
qu'il y a le dialogue social, tout simplement parce que sans dialogue social
aucune vie en organisation ou en institution n'est possible. La vie en
communauté est faite de heurts, de diversité d'opinion et surtout
d'intérêt. Et par conséquent si l'U.O fonctionne, c'est
parce qu'il y a tout de même un minimum de dialogue social bien que ce ne
soit pas suffisant. »
Au-delà de cet aspect et surtout pour une bonne
organisation de la vie de l'Université, des structures administratives
et techniques assurent son fonctionnement. Ainsi nous avons :
Ø Le conseil d'administration
(C.A) :le décret N°2OOO-559/PRES/PM/MESSRS/MEF
du 12 décembre 2000 portant approbation des statuts de
l'Université de Ouagadougou en son article 12 place l'administration de
l'Université de Ouagadougou sous la coupe du Conseil
d'Administration.
Ø Le Conseil de la Formation et de la Vie
Universitaire (CFVU) : le décret
N°2OOO-559/PRES/PM/MESSRS/MEF du 12 décembre 2000 portant
approbation des statuts de l'Université de Ouagadougou en son article 25
institue le Conseil de la Vie Universitaire
Ø le comité technique paritaire
Il a été institué par la Décision
n°2012-097/MESS/SG/UO/P portant création, composition, organisation
et fonctionnement du comité technique paritaire de l'Université
de Ouagadougou. Ce comité traite en son sein des questions sociales. Par
exemple lorsqu'un agent a un évènement heureux ou malheureux,
une délégation est dépêchée pour assister la
personne.
Ø Le conseil de
discipline : l'Arrêté
N°2006-009/MESSRS/SG/UO/P du 10 mars 2006
portant règlement intérieur de
l'Université de Ouagadougou en son article 63.
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12 : agent chargé de la statistique
à la DEP, rencontré le 25 Septembre 2015
La question qu'il sied de se poser c'est de savoir si ces
cadres de concertation sont opérationnels ? Peuvent- ils
être considérés comme des cadres de dialogue social au sein
de l'U.O ? Pourquoi malgré la tenue de ces instances officielles
à l'U.O, des crises entachent toujours le climat social en son
sein ?
L'explication serait qu'au fond ces instances ne jouent pas
pleinement le rôle de dialogue social. En effet, l'aspect dialogue social
ne figure pas de façon explicite dans les attributions de ces
instances officielles. Il est vrai que l'administration tient à travers
ces structures, des rencontres périodiques, des instances officielles
et statutaires pour réguler le fonctionnement de l'Université.
Il serait alors primordial d'insérer la question du dialogue social dans
les missions de ces différentes instances afin qu'à chaque
rencontre, il puisse être discuté les problèmes
réels que rencontrent les différents acteurs, c'est-à-dire
le personnel administratif, les enseignants et les étudiants de l'U.O,
notamment des problèmes sociaux et de l'environnement de travail. Car
pour ceux qui affirment que le dialogue social existe, c'est toujours un
« oui, mais ». En effet pour cette catégorie de
personne, il y a des cadres de rencontre mais cela reste insuffisant et pas
efficace dans la pratique. Et pour ceux qui disent « oui »,
il le justifie à travers le Conseil d'administration (CA), le conseil de
formation et de vie universitaire (CFVU), le comité technique paritaire
(CTP), tout en précisant que c'est insuffisant.
Il y a aussi cette catégorie de personnes qui
préfère garder l'anonymat comme cette secrétaire ayant 07
ans d'anciennetéqui dit que :« les uns et les autres se
réservent comme si chacun se méfiait de l'autre, donc pas de
confiance »
Et ce chef de service qui affirme que : « il
n'y a pas de cadre de dialogue social formel. Le plus souvent, les
représentants des ATOS ne se retrouvent avec les premiers responsables
que pour résoudre un problème. »
Sur 43 personnes ayant été soumis au
questionnaire, 26 personnes soit un pourcentage de 60,47% pensent que le
dialogue social n'a pas de points forts à l'U.O en dehors de certaines
rencontres organisées. Pour les points faibles les réponses sont
partagées. Il y'a entre autre le manque de cadre formel du dialogue
social, la non tenue des rencontres périodiques ausein de l'U.O, la
faible implication du personnel ATOS dans la prise de décision, cette
faiblesse est surtout soulevée par tous les chefs de service que nous
avons pu questionner.
2. Politique de valorisation des RH et
d'amélioration des performances
De manière générale, la valorisation des
ressources humaines passe par l'implication de celles-ci dans la prise de
décision de la vie de leur structure, la formation et une plus grande
écoute des représentants du personnel pour ne citer que
ceux-là.
De la synthèse des réponses au
questionnaire, il ressort qu'à l'Université de Ouagadougou, la
valorisation passe surtout par la formation. En effet, le comité
technique paritaire (CTP), qui est un cadre de concertation fait
l'état des besoins en formation de l'Université qu'il transmet
à l'autorité locale qui est le président. Sur 43 personnes
interrogées, 21 enquêtés soit un pourcentage de 50%
affirment avoir bénéficiés d'une formation issue des
travaux du comité technique paritaire. Les travaux du CTP vont seulement
à l'endroit des contractuels et aux fonctionnaires
détachés, une plus grande extension de ces travaux aux autres
acteurs de l'U.O serait efficace.
les 43 personnes qui ont fait l'objet de l'enquête soit
un pourcentage de 100% de notre population, sont d'accord à
l'unanimité que la valorisation des ressources humaines à l'U.O
passe par des entretiens d'évaluation, par des objectifs
réalistes et discutés au préalable mais aussi et surtout
par la participation massive des différents acteurs dans les prises de
décisions. Pour M. Maxime OUEDRAOGO, agent comptable : « le
salarié a besoin de savoir que son apport n'est pas exclusivement
lié à la charge d'un travail donné, mais à son
niveau qualitatif, ce qui contribuerait à son développement pour
le bien de l'ensemble, celui de l'U.O et le sien ». Des solutions ont
été proposées pour une meilleure valorisation des
ressources humaines. Nous avons par exemple une plus grande concertation entre
enseignants et personnel, la valorisation des différents statuts du
personnel enseignant et ATOS, l'information et la consultation. Pour eux,
c'est à travers un dialogue que l'on pourra consolider ces pratiques et
les rendre effectives.
Ces différentes réponses nous permettent de
confirmer la première hypothèse qui est qu'il y a des instances
formelles et informelles au sein de l'U.O visant à valoriser les
ressources humaines. Car selon nos enquêtes les cadres de rencontre
existant participent actuellement à l'amélioration des
performances de l'U.O, mais un dialogue social effectif mis en place en
fonction de la culture et des réalités de l'U.O serait un atout
pour rehausser le rendement de chaque acteur et donc de l'U.O. Un agent qui
est consulté pendant la prise des décisions se sent
valorisé et motivé pour mener à bien sa tâche. C'est
ainsi que des solutions ont été donné par les uns et les
autres pour y remédier.
Aussi, pour les 09responsables (àsavoir 06 chefs de
service et 03 directeurs) qui ont fait l'objet de notre enquête
concernant l'amélioration des performances de l'U.O répondent
« OUI » aux questions posées, questions qui sont
entre autres, comment peut-on améliorer selon vous les performances de
l'UO
- par la transparence et la fluidité dans la
gestion?
- par la prise en compte de l'environnement de travail?
- par le respect des engagements pris envers l'ensemble du
personnel?
La plupart d'entre eux déplorent l'insuffisance de la
pratique du dialogue social, même s'ils organisent à leur niveau
de responsabilité des rencontres, il trouve cela insuffisant." Des
rencontres périodiques organisées au niveau central seraient un
apport considérable à la performance de l'U.O.
Un des directeurs regrette l'inexistence d'un bilan social
dans cette grande université. Au vu des avantages de cet outilqui offre
des informations sur les emplois, les personnels, les conditions de travail,
les conditions d'hygiène et de sécurité, la formation
continuée, les relations professionnelles, sa mise en place effective
apporterait plus de transparence et plus d'efficacité.
Nous pouvons aussi confirmer partiellement la deuxième
hypothèse selon laquelle le dialogue social favorise la performance de
l'U.O, car selon certains il manque des outils indispensables à la mise
en place d'un dialogue social performant. Et la plupart des personnes ayant
fait l'objet de l'enquête trouve qu'il reste beaucoup à faire pour
un dialogue social qui pourra conduire à rehausser la performance
globale de l'U.O car sans dialogue social de qualité, il n'y a pas de
performance à long terme pour les organisations.
PARAGRAPHE 2 : DIALOGUE SOCIAL ET GESTION DES
CONFLITS A L'U.O
De façon générale, la notion de conflit
est inhérente à la vie quotidienne. En effet, elle est
présente en famille, comme en politique ou dans le monde du travail. Sa
présence n'est cependant pas une fatalité dans la mesure
où des mécanismes peuvent être mis en place soit pour sa
résolution soit pour sa prévention. De nos jours, les conflits
individuels dans le monde du travail ont pris le dessus sur ceux collectifs.
Ils se traduisent par des pertes de temps ou de rentabilité. Pour DOLAN
et al«Peu importe son origine ou sa nature, le conflit est une
réalité non négligeable du monde organisationnel et sa
mystification demeure essentielle à la compréhension des
comportements des dirigeants comme des
travailleurs ».13
Nous avons pu nous entretenir avec un SP d'UFR qui dit
qu'à leur niveau, il y'a des rencontres entre eux et les enseignants ou
avec les délégués des étudiants pour traiter des
difficultés rencontrées et surtout pour gérer
d'éventuels conflits.
Les différents responsables s'accordent à dire
que les causes du déclenchement d'un conflit sont multiples mais il
naît habituellement par les relations entre les individus. En effet,
l'origine d'un conflit peut être la sous information, le manque de
confiance due aux promesses non tenues, l'ambigüité de certains
textes, application du statut, avantages sociaux. Quand ils sont dans
l'incapacité de régler un conflit ou de satisfaire aux
différentes réclamations, l'affaire est
déférée aux autorités de l'Université de
Ouagadougou.
Les étudiants quant à eux dénoncent le
manque de communication réelle entre eux et les autres acteurs de
l'U.O.
Selon SANOGO Aicha, étudiante en 2ème
année d'anglais « Le principal problème des tensions entre
les étudiants et leurs responsables est le manque de
communication »
Un des délégués d'ajouter que " nos
plates-formes revendicatives ne sont pas prises au sérieux par nos
responsables, ils ne nous prennent pas au sérieux."
Nous avons approché John GOUNGOUNGA,un membre de l'ANEB
qui dit quant à lui : " les dirigeants nous considèrent
comme des fouteurs de troubles. On sent une animosité qui ne s'explique
pas. Nous demandons seulement à être entendu et qu'on nous prenne
au sérieux dans nos revendications".
13 :DOLAN et al. (2007, p 201),
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