Le principe de la responsabilité de protéger : une issue pour la protection des populations civiles. Cas de la république démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Patience KATUNDA AGANDGI Université de Kinshasa RDC - Licence en droit international 2010 |
Section 2. ACCOMPAGNER L'ACTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALELa mise en oeuvre efficace de la responsabilité de protéger nécessite un soutien infaillible des victimes, donc de la population civile (§.1), ensuite des autorités étatiques qui ont en premier la charger de protéger la population des crimes internationaux (§.2) ; et enfin des pays de la région surtout lorsque les autorités gouvernementales ont failli ou sont auteurs de ces mêmes crimes (§.3). §.1. L'implication du peuple congolaisLa réussite de l'action internationale dans le cadre de la mise en oeuvre de la responsabilité de protéger est largement tributaire de la pression et du soutien que peut exercer la population en faveur de cette action. Cela nécessite certes une large mobilisation et sensibilisation de la population afin qu'elle comprenne le bien-fondé de l'action et qu'elle la soutienne par la suite ; le gouvernement est de notre point de vue bien placée pour réveiller la population quant à ce. Mais étant donné que le gouvernement ne le fait et ni pense même pas apparemment, il est du devoir des scientifiques de jouer le rôle de lumière de la société, en tirant la sonnette d'alarme pour éveiller les consciences. Le peuple congolais est réputé être naïf, mais cela n'est pas totalement vrai de notre point de vue, car chaque fois que il a été en face de situation nécessitant une réaction de sa part, il a eu à le faire d'une manière ou d'une autre ; ce qui lui faut c'est toujours une vraie information et des éveilleurs de conscience ; car dit-on, on peut tromper un peuple pendant un temps, mais on ne peut pas tromper tout un peuple tout le temps. Le processus peut être long, mais il faut de la détermination et du courage. Les crimes odieux qui ont été commis et qui se commettent chaque jour en République Démocratique du Congo sont d'une laideur et d'une barbarie telle qui si le peuple est informé et conscientisé sur cela, il sera favorable à toute action visant à y mettre un terme, mais seulement dans l'unique intérêt des victimes. Ce résultat est difficile à atteindre sans l'implication des autorités politiques, d'où l'intérêt d'analyser leur nécessaire soutien pour la réalisation de ce but qu'est la protection des populations civiles de l'Est de la RDC. §.2. Ferme volonté des autorités politiquesDans le déclenchement et l'application effective de la responsabilité de protéger l'appui des autorités politiques à quelque niveau que ce soit est éminemment important. C'est pourquoi les autorités congolaises, conscientes de leurs limites en matière de respect des droits de l'homme et de protection des populations civiles contre diverses atrocités, doivent prendre le devant et exiger une action internationale dans le cadre de la responsabilité de protéger. Ne pas le faire serait de notre point de vue un crime grave envers le peuple et, même, la communauté internationale, car finalement c'est l'humanité entière qui est froissée par la commission de ces crimes. En plus, les autorités congolaises ne doivent sous aucun prétexte se cacher derrière des discours souverainistes342(*) ou de protection de la paix pour obstruer les poursuites judiciaires contre les auteurs des crimes internationaux commis au Congo, ou pour empêcher le déclenchement d'une intervention extérieure en vue de protéger les populations civiles des massacres ; car cela les discrédite inéluctablement. Elles ont dont tout à perdre dans la perpétuation de l'impunité surtout à l'Est du pays ; et dans cette perspective le professeur BASUE BABU KAZADI affirme qu'il faut en finir avec l'impunité : une folie ou une atrocité organisée par les gouvernants sans possibilités de recours effectif contre l'arbitraire et l'oppression manifeste tel le massacres des chrétiens à Kinshasa ou des étudiants à l'université de Lubumbashi ou encore une faillite : pillages organisés ou génocide perpétré par des militaires mutins ou sous les ordres sont de nature à prouver que cet Etat n'est plus digne et légitime car rejeté par son peuple, détenteur en dernier ressort du pouvoir343(*). Les autorités congolaises ont donc tout intérêt à rechercher partout les moyens à protéger les populations congolaises de la barbarie, et cela constitue pour elles un devoir national et international. Il est étonnant comme nous l'avons dit ci-haut de constaté que ces autorités n'ont jamais fait allusion à ce principe émergent de droit international. Est-ce par mauvaise foi ou par ignorance. Pour éviter un procès d'intention nous préférons leur accorder le bénéfice de l'ignorance car le principe n'est pas encore bien connue ; tout en pensant que cette étude va être ne fût-ce qu'un prélude à l'idée de la mise en application du principe de la responsabilité de protéger en RDC. Les Etats de la région de l'Afrique centrale et mieux encore ceux de la région des Grands-Lacs sont autant concernés par le drame congolais qu'ils ne peuvent en être dissociés, encore que certaines causes du conflit proviennent des Etats voisins. La République se trouvent au coeur de l'Afrique et ses pays voisins ont des eu comme on l'a vu plus haut des réactions mitigés et timides quant au drame congolais. Alors que l'Angola, le Soudan, le Zimbabwe, sont venus officiellement au secours de la nation congolaise pour combattre les rebelles ; le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi ont participé activement à l'exacerbation de ce conflit et par ricochet à la commission de plusieurs crimes odieux sur le territoire congolais. Le gouvernement congolais tout en privilégiant d'abord et avant tout l'intérêt de sa population, peut rechercher à aplanir ses relations aves les uns et à consolider ses rapports avec les autres. Mais l'on ne peut admettre que le gouvernement en quête d'intérêt stratégique ou de rapprochement avec les pays voisins, puisse reléguer au second plan la protection de ses citoyens, et édulcorer la réalité par des subterfuges politiques. * 342 Comme le fait actuellement le ministre de la communication et des médias pour rejeter toute interpellation étrangère sur le respect des droits de l'homme en RDC. * 343 BASUE BABU KAZADI Greg, « L'action en vue de la démocratie : relecture du principe de non-intervention dans un cotexte d'émergence démocratique », in Participations et responsabilités des acteurs dans un contexte d'émergence démocratique en RDC, Actes des journées scientifiques de la Faculté de Droit de l'Université de Kinshasa, PUK, 2007, p. 220 |
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