B/ Musique populaire et marché de masse
C'est avec l'arrivée des Beatles que s'enclenche la
vague du rock britannique des années soixante, la « British
Invasion », sorte de « contre-attaque » au rock
américain de la précédente décennie
générant un enthousiasme généralisé, et qui
s'était engagée grâce au producteur Larry Parnes qui signa,
en plus de Tommy Steele, des musiciens aux noms de scène
évocateurs à la fin des années cinquante (Billy
Fury, Marty Wilde, Rory Storm, etc.).
282 ANGELO, Mario d', La renaissance du disque : les
mutations mondiales d'une industrie culturelle, Paris, La Documentation
française, 1989, p. 24. Bernard Guillou a distingué trois types
de stratégies multimédias dans les industries culturelles : les
stratégies de redéploiement, de confortement et de placement.
Cf. GUILLOU, Bernard, « Les stratégies multimédias
des groupes de communication » (1984).
283 RIBAC, François, « La circulation et l'usage
des supports enregistrés dans les musiques populaires en Ile-de-France
», Paris, Programme interministériel « Culture et Territoires
», DMDTS, DRAC Ile-de-France, Conseil général de
Seine-Saint-Denis, 2007, p. 14.
284 TOYNBEE, Jason, Making popular music (2000)
cité dans WARNER, Simon, « Genre et esthétique dans les
musiques populaires » in DAUNCEY, Hugh, LE GUERN, Philippe
(Dir.), op. cit., p. 181.
Officiellement, la barre du milliard de microsillons vendus
annuellement est dépassée en 1967, signe que le disque est devenu
l'objet par lequel transite une véritable culture musicale et
typiquement anglaise, dont le succès à l'exportation offre des
résultats spectaculaires. À défaut d'avoir pu obtenir des
chiffres précis concernant les ventes de disques en Grande-Bretagne qui
m'auraient permis d'établir avec plus de précisions un panorama
des goûts musicaux, une évidence s'impose d'emblée : le
rock et la pop créèrent un marché de masse à
côté desquels le créneau classique paraît bien
modeste, même si au début des années soixante la catalogue
classique d'EMI comprenait deux milles albums, dont quatre cents
supplémentaires venaient se rajouter chaque année285.
Alors qu'en 1950, la musique classique comptait pour 25% des ventes de disques,
elle n'en faisait plus que 5 à 15% (selon les pays) en 1970, et ceci
même malgré l'augmentation des ventes des disques classiques
eux-mêmes286 ! Grâce à l'importation de disques
de musique rock venus des États-Unis, la jeunesse a pu s'approprier son
propre langage musical avant de se lancer dans une carrière musical, du
moins pour les plus ambitieux d'entre eux. On l'a vu au cours du
précédent chapitre, c'est le disque qui constitue la voie
d'accès fondamentale à la musique rock par l'intermédiaire
de son écoute assidue. N'oublions pas également le rôle des
radios pirates qui constituèrent le catalyseur d'une véritable
explosion artistique. La Grande-Bretagne se constitua ainsi un vivier de
talents qui ne demandaient qu'à être lancés au début
des sixties.
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