L'école et la violence. Analyse sémio- pragmatique de l'ONG IDI (Initiatives pour le Développement Intégral )en RDC( Télécharger le fichier original )par jean- Claude MUHINDO MATABARO Université catholique du Congo - 2012 |
2.5. Organisation non gouvernementale (ONG)2.5.1. Vers la compréhension de l'acronyme «ONG »L'utilisation du terme « Organisation non gouvernementale » (ONG) s'est généralisée depuis plusieurs décennies, alors qu'il ne couvre pas des réalités précises et qu'il est difficile à définir exactement. E. Queinnec constate que les ONG sont par définition caractérisées par une grande diversité d'objets sociaux et qu'il est en conséquence difficile d'en donner une vision à la fois synthétique et scientifiquement opérationnelle73(*). Alors qu'elles bénéficient d'un grand prestige auprès de la population, on connait finalement assez peu leur travail, leur mission et le terme même d'ONG est très vague. M. Merle en arrive même à dire que l'ONG est l'un des concepts les plus difficiles à cerner parce qu'il y a l'imbroglio en son sein74(*). Bien plus, dans l'ONG le caractère d'organisation pyramidale est très insinué ; son pouvoir est concentré entre peu d'individus ; il y a rivalités entre elles dans la recherche de financement ; elle entretient de rapports complexes avec les Etats et institutions publiques, etc.75(*). D'un usage généralisé, la notion galvaudée d'ONG est employée de façon très large et demeure imprécise. En France par exemple, les ONG sont qualifiées d'associations de solidarité internationales(ASI), ailleurs société civile internationale ou encore association humanitaire76(*) etc. Il y a parfois confusion entre ONG et association. Selon E. Dacheux, « une association est un groupe de droit privé constitué de personnes qui décident de mettre en commun de façon permanente leurs activités dans un but autre que de partager des bénéfices »77(*). Généralement, le terme « association » est dévolu aux groupements de personnes dont les interventions ne dépassent pas le cadre national, alors que l'on réserve l'appellation « ONG » à des structures internationales78(*). Les ONG sont soumises à un régime d'autorisation préalable, (ce qui n'est pas toujours le cas des associations classiques), invitées à passer des accords avec les gouvernements et reçoivent, en contrepartie, des privilèges douaniers et fiscaux79(*). C'est apparemment la charte des Nations Unies qui a inventé cette expression. La première mention apparait en 1945 avec les dispositions de l'article 71 du chapitre 10. Donnant un rôle consultatif à des organisations qui ne sont ni les gouvernements ni les Etats membres, le conseil économique et social de l'organisation des Nations Unies en donne la définition suivante : « sera considérée comme organisation non gouvernementale toute organisation dont la constitution ne résulte pas d'un accord intergouvernemental y compris les organisations qui acceptent des membres désignés par les autorités gouvernementales, pourvu que de tels membres ne nuisent pas à la libre expression des organisations »80(*). Une telle définition proposée par l'ONU ne peut que renfermer d'incompréhensions, elle reste trop large pour être applicable dans tous les pays puisqu'elle inclut des organisations de nature très différente : mouvements sociaux, organisations proches d'Eglise ou des milieux de l'économie privée (associations d'entreprise), centres de recherches universitaires, ainsi qu'associations de parlementaires et d'autorités locales. Il faut attendre les recherches des experts pour essayer d'avoir une compréhension claire et nette du concept même s'il n'y a pas de définition consensuelle. Pour Quiennec, le terme d'ONG, désigne « des associations sans but lucratif, mettant en oeuvre diverses actions de sensibilisation, coopération, développement ou solidarité, le plus souvent en faveur des populations vulnérables, vivant dans les pays du sud »81(*). C'est le point de vue de G. Enée, pour qui, l'ONG est : « une association (nationale ou étrangère) à but non lucratif, menant des activités à caractère économique, social et culturel. Elle contribue directement ou indirectement à l'amélioration des conditions de vie des communautés villageoises ou urbaines »82(*). Pour A. Le Naelou, « l'ONG n'est pas un acteur ; il s'agit d'un espace public investi par des groupes appartenant à des professions ou à des segments de professions constitués à l'extérieur... qui s'assemblent autour d'un programme politique mobilisateur »83(*). D'intérêt général, les ONG ont un caractère philanthropique : elles interviennent en faveur de l'humanité toute entière. Ceci implique qu'elles mènent des actions censées être neutres et apolitiques84(*). Considérées comme de nouveaux acteurs à côté des Etats et des organisations internationales, elles luttent contre de nombreux fléaux du moment. C'est ainsi que le terme « ONG » recouvre une très large palette d'organisations de nature différente et il n'existe pas de définition précise et unanimement acceptée de ce que signifie ce terme. Il n'existe pas de définition stabilisée de ce qu'est une ONG. Il n'y a pas de définition juridique uniforme dans les différents pays du Nord, et une étude récente montre qu'il serait très difficile de parvenir à une définition commune. Les définitions que l'on trouve peuvent être plus ou moins larges, en comprenant l'ensemble des acteurs non gouvernementaux. * 73 E. QUEINNEC, « La performance opérationnelle des ONG humanitaires : une analyse en termes d'enjeux institutionnels », dans Tiers Monde, t.XLIV, n°175, juillet-septembre 2003, p.657. * 74 Cf. M. DOUCIN, Les organisations non gouvernementales « acteurs-agis » des relations internationales (Thèse de doctorat), Paris, Institut d'Etudes politiques de Bordeaux, 2005, p.12. * 75 Ibidem, p.8. * 76 Cf. V. HORDAN, Les métiers de la solidarité internationale. Bénévoles, volontaires, salariés, Paris, L'Harmattan, 1997, p. 17. * 77 E. DACHEUX, « Associations et communication persuasive : il faut se passer des agences-conseils ! », dans Communication et langages, n°105, 1995, p.29. * 78Ibidem * 79 M. DOUCIN, op.cit., p.208. * 80 Cf. S. LEFEVRE, Mobiliser les gens, mobiliser l'argent : les ONG au prisme du modèle entrepreneurial (Thèse de doctorat), Paris, Université de Lille 2, 2008, p.43. * 81 E. QUIENNEC, op.cit., p.658. * 82 G. ENEE, La dynamique des ONG au Burkinafasso : une efficacité en question (thèse de doctorat), Paris, Université de CAEN/Basse Normandie, 2007, p.85. * 83 A. LE NAELOU, op.cit., p.781. * 84Cf. H. BAUER, F. MABILLE, et al., Les O.N.G sont-elles crédibles ?, Paris, L'Harmattan, 2002, p.50. |
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