L'école et la violence. Analyse sémio- pragmatique de l'ONG IDI (Initiatives pour le Développement Intégral )en RDC( Télécharger le fichier original )par jean- Claude MUHINDO MATABARO Université catholique du Congo - 2012 |
2.3. La discipline positiveCela ne fait que cinq décennies environ que les éducateurs s'intéressent réellement à la discipline positive en classe, c'est-à-dire à la recherche de mesures autres que l'intimidation ou la punition pour inciter les élèves à la bonne conduite. Quelques spécialistes ont élaboré des approches susceptibles d'aider les enseignants soucieux d'atténuer les effets du mauvais comportement. En effet, la discipline positive est une approche de l'éducation basée sur les philosophies d'Alfred Adler (1870 - 1937) et de Rudolf Dreikurs (1897 - 1972)60(*), tous deux psychiatres autrichiens. La discipline positive est « une forme de discipline non violente où l'enfant est respectée en tant qu'apprenant. Il s'agit d'une approche d'enseignement qui aide les enfants à réussir, leur fournit de l'information et favorise leur croissance »61(*). L'approche adlerienne est globale, elle tient compte du ressenti, des pensées et des actions de l'individu, mais aussi de son contexte familial, social et professionnel. Chaque individu mérite respect et dignité. L'encouragement, qui se centre sur les forces de l'individu, permet un changement constructif.
Qu'on ne se trompe donc pas, la discipline positive n'est ni une éducation permissive ni l'absence de règles. La discipline positive est, la recherche des solutions à long terme qui favorisent le développement de l'autodiscipline chez l'enfant. L'enseignement de la courtoisie, de la non-violence, de l'empathie, du respect de soi, des droits de la personne et du respect d'autrui62(*) sont là ses caractéristiques.
R. Dreikurs parle des conséquences logiques par opposition à la punition. Pour cet auteur, les conséquences logiques sont des effets résultant systématiquement de comportement donnés ; elles sont établies conjointement par l'enseignement et par les élèves. La punition est une action par laquelle l'enseignant vise à exercer des représailles contre l'élève qui s'est mal conduit et à lui montrer qui commande. La punition incite à la vengeance et suscite chez l'élève le sentiment qu'il a le droit de punir à son tour. Par contre, les conséquences logiques ne sont pas les armes entre les mains de l'enseignant. Elles apprennent à l'élève qu'à tout comportement sont associés des effets. Un bon comportement entraine une récompense, tandis qu'un comportement inacceptable entraine des conséquences désagréables63(*).
Les conséquences logiques suggèrent à l'apprenant ce qu'il doit faire, par exemple si un élève jette un papier par terre, il devra le ramasser ; si un élève n'a pas fait le travail assigné, il devra le compléter durant ses temps libres ; un élève qui a endommagé un bien appartenant à l'école devra le remplacer ; un élève qui se bagarre durant la récréation sera privé de récréation ; un élève qui dérange les autres sera mis à l'écart, etc. Cette façon de procéder montre à l'élève que, lorsqu'il choisit de mal se conduire, il choisit également les conséquences qui s'ensuivent.
La méthode de la discipline positive ou de conséquences logiques proposent aux parents, aux enseignants et aux éducateurs un ensemble d'outils et une méthode ni permissive ni punitive qui permet de développer chez l'enfant l'auto discipline, le sens des responsabilités, de l'autonomie, l'envie d'apprendre, le respect mutuel et le bien d'autres qualités essentielles. C'est une nouvelle sanction disciplinaire qu'on peut qualifier de la mesure de responsabilisation. C'est une mesure qui doit permettre à l'élève de réfléchir à ce qu'il a fait, de lui faire prendre conscience de la portée de ses actes et ainsi éviter la reproduction de comportements inadaptés. * 60 Cf. C. CHARLES, La discipline en classe. Modèles, doctrines et conduites, Bruxelles, De Boeck, 1997, p.6. * 61 E. DURRANT, La discipline positive. De quoi s'agit-il et comment s'y prendre, Suède, Save the Children, 2011, p.2. * 62Ibid. p.6. * 63 C.M. CHARLES, op.cit., p.119. |
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