II. FONDEP
Suite à l'évaluation de l'IMF Bandhan, il serait
intéressant de tester le tableau de bord sur une autre institution a
priori moins performante. Nous avons porté notre choix sur l'IMF
marocaine FONDEP, Fondation pour le Développement Local et le
Partenariat - Micro-Crédit, qui semble avoir traversé une
période de crise en 200945. Nous pensons qu'il serait
intéressant de mesurer la portée de notre outil en confirmant
cette période de crise à travers les indicateurs de performance
retenus pour le tableau de bord.
1. Situation socioéconomique de la femme
marocaine
Le droit de la femme au Maroc a connu de profonds changements
au cours des dernières décennies, notamment avec des
bouleversements des comportements familiaux et des nouvelles
législations du pays.
Au niveau législatif, l'un des changements majeurs date
de février 2004, lors de la révision de la Moudawana (le
Code de la Famille) par le gouvernement du Maroc, en vue d'une formulation
moderne des droits et devoirs des composantes de la famille (Moudawana, 2004).
Par soucis de garantir l'équité entre l'homme et la femme, le
nouveau texte accordait plus de droits à la femme qu'elle n'en avait
jusqu'alors. À titre d'exemple, celle-ci n'a désormais plus
besoin de tutelle pour se marier, avec un âge légal du mariage
à 18 ans pour les 2 sexes (au lieu de 15 pour les femmes dans
l'ancien texte). Au niveau du divorce, celui-ci peut être demandé
par la femme et la garde d'enfants lui revient en premier lieu. Le texte se
prononçant même sur la polygamie en imposant des conditions
tellement strictes qu'elle en devient quasi impossible.
Zerari (2006) propose une analyse sociale de
l'évolution de la famille marocaine à travers le dernier
siècle. Le taux de fécondité par femme est passé de
7,7 à 2,6 dans les milieux urbains de 1962 à 1997. L'âge du
premier mariage, quant à lui, n'a cessé de reculer pour
45 Journal L'Économiste du 26 mai 2011 «
Microcrédit : Fondep remonte la pente », article disponible
sur le blog http://moroccomicrofinanceblog.blogspot.ca/ visité le
6 février 2013.
Chapitre 5 : Études de cas 84
passer de 22,3 ans à 27,4 ans en
moyenne pour les femmes de 1982 à 2000. D'autre part,
l'auteur constate un déséquilibre quant à l'accès
à l'éducation, puisque le pays comptait 10 millions
d'analphabètes en 2006, dont une majorité de femmes
à 62%. Ce déséquilibre a d'ailleurs poussé
le gouvernement à mettre en place le « Plan d'action de lutte
contre l'analphabétisme pour un développement global », et
dont les femmes constituent la cible prioritaire.
Il apparait aujourd'hui que le pays soit à mi-chemin
entre traditions et modernité, et plusieurs changements sont encore
à venir pour inscrire le pays dans l'ère moderne. C'est ainsi
qu'un violeur peut éviter la peine carcérale si celui-ci consent
à épouser sa victime. Une incongruité qui serait en passe
d'être abrogée suite aux vagues de protestation de mars
201246.
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