3. L'autonomie de la femme
L'autonomie des femmes (women empowerment) est au
coeur de la mission de beaucoup d'IMF. L'UNIFEM définit l'autonomie de
la femme comme le fait de gagner l'habilité de générer des
choix et d'exercer son pouvoir de négociation, de développer son
estime de soi et de se rassurer par rapport à son désir de
changement. Ces éléments sont essentiels pour l'autonomie de la
femme. En bref, ils tournent autour du choix, du pouvoir et
du changement (Cheston et Kuhn, 2002).
Les programmes de microfinance peuvent avoir un impact
énorme sur la vie de leurs clientes et sur leur habilité à
faire des choix dans leur vie. Dans les pays en développement, la
structure sociale dans laquelle elles vivent les empêche bien souvent
d'exprimer leur plein potentiel et de s'accomplir en tant que personne (Cheston
et Kuhn, 2002).
There is education in the family: first you shouldn't
speak because you are a girl, then later you shouldn't speak because no one
will marry you, then later you shouldn't speak because you are a new bride.
Finally, you might have the chance to speak but you don't speak because you
forgot how to.25
Kosovo Prishtina, women activist
25 Citation extraite par Cheston et Kuhn (2002) du rapport des
« International Helsinki Federations for Human Rights », Women
2000 : An investigation into the status of women's rights in central and
south-eastern europe and the newly independent states.
Chapitre 3 : La microfinance 43
En encourageant la solidarité sociale, les institutions
de microfinance cherchent l'accomplissement personnel et l'autonomie des
membres de ces groupes (Acevedo, 2007). Pour que ces femmes deviennent
autonomes et puissent être maitresses d'elles mêmes et de leurs
choix, la société doit leur donner accès aux ressources
matérielles et financières adéquates.
4. La femme est-elle un meilleur client que l'homme?
Armendariz de Aghion et Morduch (2007) ont identifié
trois principales raisons pour lesquelles les femmes seraient de meilleurs
clients pour les IMF (et pour la société en
générale) que les hommes :
? Selon le principe économique de retour sur
investissement, les auteurs avancent que les femmes auront un meilleur retour
sur investissement que les hommes puisqu'elles sont plus pauvres. Yunus (2007)
ajoute d'ailleurs que les femmes ont un accès beaucoup plus restreint au
financement, et par ce fait même, elles auront une plus grande
volonté à rembourser leurs emprunts pour ne pas être
davantage marginalisées par le système financier.
? Les femmes ont une moindre mobilité que les hommes,
et sont par le fait même des emprunteurs moins risqués pour les
banques. Étant donné leurs obligations familiales, elles seront
moins susceptibles de fuir les pressions externes.
? Aussi, comme les femmes sont moins mobiles que les hommes,
elles sont plus sensibles aux pressions sociales, plus facilement
contrôlables par les banques et constituent donc des clients prenant des
décisions moins risquées pour leurs investissements.
Outre les raisons professionnelles, les dépenses pour
le domicile familial reflètent le partage des responsabilités
dans le couple. Selon Arwidsson, les femmes dépenseraient une plus
grande proportion de leurs revenus pour les enfants du couple que les hommes.
Les politiques supportant l'autonomie des femmes s'appuient donc sur le fait
que leur épanouissement professionnel sera profitable pour elle et pour
les enfants, entrainant par conséquent des bénéfices
sociaux plus importants tel qu'une meilleure scolarisation des plus jeunes
(Arwidsson, 2006).
Chapitre 3 : La microfinance 44
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