Le tableau de bord de gestion et la microfinance pour les femmes( Télécharger le fichier original )par Alaa Benhammida HEC Montréal - M. Sc. Contrôle de gestion 2013 |
IV. Mesurer la performance des institutions demicrofinance : un état des lieux Pour le marché, une bonne institution de microfinance apporte plus de bénéfices sociaux que de coûts, sa performance se mesure par l'atteinte de ses objectifs aujourd'hui, sa durabilité se mesure par l'atteinte de ses objectifs aujourd'hui et demain (Schreiner, 1997). Les institutions de microfinance ont un rapport à la performance assez spécial, puisqu'elles jouent un double rôle financier et social, et qu'elles doivent être efficaces dans les deux (Gutiérrez-Nieto, Serrano-Cinca et Molinero, 2007). La littérature offre une large gamme d'indicateurs de performance sociaux et financiers pour les institutions de microfinance. Toutefois, aucune étude ne semble proposer une liste équilibrée de mesures de performance, sous la forme d'un tableau de bord, pour le type d'institutions qui nous intéresse. Qui plus est, peu d'études intègrent une analyse croisée des performances sociale et financière d'une IMF (Guttierrez-Nieto et al. 2009, cités par Christopoulos et Pozzebon, 2011). 1. Performance financièreAvec le développement de la microfinance, l'importance de la rentabilité financière des IMF a pris plus d'ampleur avec une prise de conscience du besoin de mesurer la performance financière (Harraf, 2008). À la fin des années 90, Morduch (1999) affirmait que la majorité des IMF restait dépendante des subventions et donations externes; certaines avaient commencé à prendre la voie de la rentabilité financière, mais les institutions formelles bien établies ne pouvaient être solvable avec leurs seules activités opérationnelles. En analysant les données de l'organisation Microfinance Information eXchange (MIX), Armandariz et Labie (2011) ont trouvé qu'en 1998, 42 des 95 institutions inclues dans sa base de données généraient des revenues inférieurs aux dépenses opérationnelles, soient 44% de l'échantillon. Cinq ans plus tard, le taux a baissé à 35% et a fini par plafonner à 26% en Chapitre 3 : La microfinance 34 2006, avec 226 institutions sur 853. L'industrie offre désormais plusieurs outils pour mesurer la performance financière d'une ou de plusieurs institutions. Nous allons présenter deux exemples d'organisations centrées sur la gestion de la performance financière des IMF. Nous introduirons par la suite ce que la littérature académique propose comme indicateurs de performance. Enfin, nous conclurons cette section en présentant des organisations dont le travail tourne autour de la gestion de la performance financière et/ou sociale.
MicroSave14 offre des outils d'analyse et de formation pour des gestionnaires séniors d'institutions de microfinance, pour construire et assurer la bonne tenue des processus financiers et comptables. L'organisation propose des exercices de compréhension et de mise en application des états financiers, des rapports opérationnels, des ratios financiers de base et de l'analyse financière. Ce type d'initiative nous parait particulièrement intéressant dans le cadre de notre étude, puisqu'elle nourrit les compétences techniques des institutions de microfinance vers une meilleure utilisation de leurs ressources pour atteindre leurs missions sociales. 13 Site web de l'organisation : http://www.mixmarket.org/, visité le 02 décembre 2012. 14 Site web de l'organisation : http://www.microsave.org/ , visité le 02 décembre 2012. Chapitre 3 : La microfinance 35 iii. Les indicateurs de la littérature académique La littérature académique offre un certain nombre d'outils pour l'analyse de la performance financière des institutions. Dans les années 1990, certains auteurs proposaient déjà des indicateurs de performance pour les IMF en général. L'étude la plus intéressante que nous avons trouvée pour notre étude est celle de Ledgerwood (1999). Celle-ci semble en effet avoir inspiré un grand nombre d'études (Armendáriz et Morduch, 2007; De Crombrugghe, Tenikue et Sureda, 2008; Helms, 2006). L'auteur divise les indicateurs de performance en six catégories :
Chacun des indicateurs de performance a été choisi pour son utilité quant à la gestion d'une IMF (Ledgerwood, 1999 pg 205); certains sont même utiles aux parties prenants externes (levier financier, croissance...). Outre l'étude de Ledgerwood, certains auteurs ont proposé des outils moins généraux, pour mesurer certains aspects particuliers de la performance des IMF. Ainsi, Paxton et Fruman (1998) proposaient des diamants de mesure de la portée d'une IMF. Saltzman, Rock et Salinger (1998), quant à eux, ont développé le système CAMEL pour mesurer les conditions financières et l'efficacité opérationnelle. Il existerait aujourd'hui un consensus sur une liste de 21 indicateurs financiers et qui sont les plus communément utilisés en microfinance; ces indicateurs sont classés en quatre catégories : profitabilité, gestion des actifs, qualité du portefeuille et productivité (CGAP, 2003; Gutierrez-Nieto, Serrano-Cinca et Mar Molinero, 2007). Ces indicateurs sont d'ailleurs fortement inspirés de l'étude de Ledgerwood (1999). En parallèle, certains modèles d'évaluation de la performance des IMF proposent des analyses statistiques pour trouver les facteurs déterminants de cette performance (Weber et Ferro-Luzzi, 2006). D'autres sont plus spécifiques et tentent de s'adapter à des formes nouvelles de services de Chapitre 3 : La microfinance 36 microfinance. Christopoulos et Pozzebon (2011) proposent une série d'indicateurs pour évaluer la performance des banques de correspondance brésiliennes15. |
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