2.3. Réhabilitation
des corridors routiers et concurrence déloyale rail-route
Au Bénin, depuis le renouveau démocratique, des
efforts d'investissement sont de plus en plus déployés pour la
réhabilitation, la construction et l'aménagement des
infrastructures routières. Les grands corridors routiers reliant le port
de Cotonou, point central de génération et d'attraction de trafic
marchandises, sont tous bitumés et ont un niveau de service
appréciable. L'amélioration de l'état de ces
infrastructures sans la définition de l'arsenal juridique pouvant
maintenir le rail et la route comme modes complémentaires a
précipité le déclin de l'OCBN. Car, en Afrique, "la
où les lignes ferroviaires ont encore de l'importance, elles doivent
s'adapter à un nouveau contexte fortement concurrentiel comme entre
Matadi et Kinshasa" (J. Charlier et Z. M'Pene, 2006).
En effet, l'OCBN est une compagnie ferroviaire qui utilise une
politique d'affrètement de camions privés, un transporteur
routier jouissant théoriquement d'une situation de monopole pour le
transit entre le port de Cotonou et son arrière-pays nigérien
sous le couvert de lettres de voiture rail-route (J. Charlier, et J. Tossa,
1996).
Transportées alors par train depuis Cotonou, les
marchandises subissent à Parakou un transbordement pour être
chargées sur les camions du pool OCBN avant de prendre la direction du
Niger. La gare de Parakou était ainsi équipée des
installations qui lui confèrent un caractère de plate-forme de
transfert rail-route, un point de rupture de charge. Elle avait aussi la
capacité de stockage de certains produits comme le soufre, le coton, les
produits alimentaires destinés à être acheminés vers
Cotonou, le Niger ou le Nord-Bénin.
"...Aussi, la question qui se pose désormais est
plutôt d'optimiser le fonctionnement de la chaîne mixte
gérée par l'OCBN, de façon à renforcer son
attractivité par rapport à une éventuelle alternative
routière de bout en bout. Celle-ci est réclamée par le
lobby routier qui argue des faits nouveaux que constituent le bitumage de la
route Dassa-Parakou en 1992 et la réhabilitation récente du
tronçon Godomey-Bohicon pour que soit levé le monopole
réglementaire de l'OCBN, que renforçait jusque là
l'état de la route au sud de Parakou. Une telle mesure sonnerait le glas
du chemin de fer, ..." Ainsi s'exprimait en 1996, le Professeur J. Charlier
pour attirer l'attention des autorités béninoises sur la
nécessité de trouver un cadre règlementaire adéquat
à la vie du ferroviaire béninois même si cela valait la
peine de promouvoir le transport routier. Prophétie ou parole de
chercheur averti, l'OCBN est aujourd'hui victime d'une concurrence
déloyale de la part des routiers qui ne tardent pas à avaler tout
le trafic dans un contexte d'activités sans respect des textes
réglementaires.
Qui est transporteur routier? Qui peut être
transporteur ? Quels sont les droits et obligations du
transporteur routier? Quelles sont les limites des activités d'un
transporteur routier ? Voilà autant de questions qui sont sans
réponse et qui rendent difficile la cohabitation du fer et de la route
au Bénin.
Le monopole réglementaire de l'OCBN, qui n'a toujours
pas été aboli formellement, est ainsi piétiné et le
transport de marchandises se fait par des transporteurs artisans qui disposent
pour la plupart de matériels obsolètes et qui méprisent
les règles de la profession et cherchent à rentabiliser leur
activités par des surcharges et diverses fraudes. De 2001 à 2006,
le fret routier est passé de 3.309.890 tonnes à 5.340.040 tonnes
(DTT, 2006).
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