1. Alternance codique
2.1 Essai de définition
Une série de termes a été proposé
par des linguistes et sociolinguistes pour désigner une variation de
code ayant lieu dans un discours ou un énoncé, certains auteurs
anglophones ont repris le terme code-switching, terme inventé
par E. Haugen dès 1956, d'autres auteurs francophone recourent aux
concepts d'alternance codique(Gumperz, traduit par Simonin), alternance des
codes(Hamers et Blanc), alternance des langues(Gardner-Chloros) ou
encoremétissage linguistique(Sesep N'sial). Pour notre part, nous
retiendrons le terme employé par Gumperz qui est l'alternance codique
tout au long notre étude en lui substituant par moments, la variante
anglaise code-switching.
De nombreux travaux traitant du phénomène
d'alternance codique proposent des définitions variées. Dans
notre étude nous tentons de tenir compte de celles qui, selon nous, sont
les plus significatives, à savoir la définition de Gumperz «
l'initiateur des études sur phénomène », de
Hamers& Blanc, Poplack et Lüdi&Py.
Gumperz définit l'alternance codique comme : «
la juxtaposition à l'intérieur d'un même échange
verbal de passages où le discours appartient à deux
systèmes ou sous-systèmes grammaticaux différents »
Gumperz John.J. (1989), Ce qui caractérise la définition de
l'alternance codique chez Gumperz, c'est la prise en compte de l'aspect
linguistique. L'alternance consiste à passer d'une langue à une
autre langue ou d'une variété de langue à
4Hamers, J-F & Blanc, M.
(1997). Cité par T. Ibrahimi, K. Les algériens et leur(s)
langue(s), Ed. ALHKMA .Alger. p. 114
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une autre et les énoncés bilingues produits par
les locuteurs sont structurés grammaticalement c'est-à-dire que
ces énoncés semblent obéir à une seule et
même syntaxe.
La deuxième définition nous est proposée
par Hamers et Blanc. Pour eux, « deux codes (ou plusieurs) sont
présents dans le discours, des segments de discours alternent avec des
segments de discours dans une ou plusieurs langues. Un segment (x) appartient
uniquement à la langue (ly), il en va de même pour un segment (y)
qui fait partie uniquement de la langue (lx), un segment peut varier en ordre
de grandeur allant d'un mot à un énoncé ou à un
ensemble d'énoncés, en passant par un groupe de mots, une
proposition ou une phrase [...] ».5
Dans cette définition, Hamers et Blanc précisent
que l'alternance codique se manifeste dans le discours lorsque des segments
alternent avec d'autres segments et que ces éléments
linguistiques appartiennent à plusieurs langues à la fois. Il
nous semble que cette définition vient compléter celle de Gumperz
dans la mesure où, dans un même discours ou production verbale,
nous rencontrons une succession de segments qui appartiennent à des
langues différentes. Les segments alternés peuvent varier entre
un mot, énoncé jusqu'à une phrase.
Dans une perspective linguistique et structurelle, Shana
Poplack définit l'alternance codique comme : « La juxtaposition
de phrases ou de fragments de phrases, chacun d'eux est en accord avec les
règles morphologiques et syntaxiques (et éventuellement
phonologiques) de sa langue de provenance. L'alternance de codes peut se
produire à différents niveaux de la structure linguistique
(phrastique, intra-phrastique, interjective) » (Poplack, 1980,
citée par Ali Bencharif, 2009 :p48).Poplack montre que le
phénomène de l'alternance codique est régi par des
règles syntaxique, morphologique et phonologique de l'une des deux
langues. En effet elle affirme que : « L'alternance peut se produire
librement entre deux éléments quelconques d'une phrase, pourvu
qu'ils soient ordonnés de la même façon selon les
règles de leurs grammaires respectives ». Il s'agit de ce que
Poplack appelle la contrainte de l'équivalence.
La quatrième définition proposée par les
linguistes Lüdi et Py et où« l'alternance codique est un
passage d'une langue à l'autre dans une situation de communication
définie comme bilingue par les participants »(Lüdi et Py,
2003 :p146, cité par Kouras, 2008, p33).
5Hamers J.F et Blanc M. (1983) :
Bilingualité et Bilinguisme, Bruxelles, Mardaga, p. 176
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Dans cette définition, les auteurs insistent sur la
situation de communication qualifiée de« bilingue »,
c'est-à-dire une situation où plusieurs codes sont en
présence.
Pour notre part, nous reprochons aux définitions
proposées par Poplack et Lüdi et Pydans la mesure où nous
pensons d'une part que l'émission Média Mania sur
laquelle nous travaillons est un lieu de circulation de plus d'une langue. Nous
pouvons donc avancer qu'il s'agit d'une situation bilingue dans la mesure
où les participants alternent l'arabe algérien et le
français. D'autre part nous pensons que cet usage alternatif dans les
productions verbales des participants se produit à différents
niveaux de structures linguistiques, soit dans une même phrase, ou entre
deux prises de paroles, et c'est ce que nous projetons de vérifier.
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