II.3
REVUE DE LA LITTERATURE
D'après AKTOUF (1985 : 55) « la revue de
la littérature est un état des connaissances sur un
sujet ». Dans un travail de recherche comme celui que nous menons, la
revue de la littérature porte sur les différents écrits
des auteurs qui ont traités de notre thème d'étude ou tout
au moins de quelques aspects de celui-ci. Ainsi donc, loin de faire un
inventaire exhaustif des travaux qui ont précédé notre
étude, nous allons plutôt nous pencher sur les pensées des
auteurs dont les ouvrages nous ont été disponibles.
Il s'agit ici de déterminer l'état des
connaissances sur la prise en compte de l'impact des effectifs
pléthoriques sur l'encadrement pédagogique des
élèves. Avant de présenter l'état de la
littérature sur la question au Cameroun, il nous revient de prime abord
de parcourir les travaux qui ont été réalisés par
des auteurs majeurs sur l'impact des effectifs pléthoriques sur
l'encadrement pédagogique des élèves.
II.3.1 ACCROISSEMENT DES
EFFECTIFS ET CONDITION DE L'ENSEIGNANT
Selon D. KOM (2007), dans certaines régions du Cameroun
et surtout dans les grandes agglomérations, les ratios de 100
élèves ou plus par classe et par enseignant sont devenus la
norme. Ils risquent d'aller croissant si l'accélération du rythme
d'urbanisation se confirmait. Cet état de choses est de nature à
donner un surcroît de travail à l'enseignant autant au niveau de
l'action de classe que des corrections et autres activités d'encadrement
pédagogique et périscolaire. Dans ces conditions cauchemardesques
de travail et d'apprentissage (INS, 2006), l'enseignant accumule une fatigue
excessive qui est préjudiciable à sa santé. De plus, Son
temps de repos et de loisirs est réduit au minimum, et il
développe «les nerfs « comme on dit dans le milieu,
c'est-à-dire qu'il souffre de surmenage aigu et de stress professionnel
chronique. Ce lien direct entre la détérioration précoce
de la santé de l'enseignant et le phénomène des effectifs
pléthoriques n'est évalué en perte nulle part pour
l'enseignant.
Si une des solutions à cet épineux
problème réside dans le recrutement massif d'enseignants pour
décongestionner les classes comme c'est le cas actuellement, le plus
important pour l'enseignant demeure la reconnaissance de ce lien de cause
à effet entre effectifs pléthoriques, santé de
l'enseignant et précarité salariale. Cette reconnaissance doit se
traduire par une redéfinition plus conséquente des termes de
service selon la loi de compensation proportionnelle, et par la reconnaissance
comme accident de travail, des maux de santé liés aux risques et
contraintes du métier.
Parmi les problèmes auxquels est confrontée le
Cameroun, figure la croissance démographique exponentielle, dont le
corollaire est l'augmentation constante des demandes en matière
d'éducation. En effet, depuis trois décennies, la croissance des
populations scolarisables constitue un casse-tête pour les responsables
éducatifs camerounais, qui font face à des difficultés de
plus en plus insurmontables. Les salles de classe prévues pour
accueillir une trentaine d'élèves il y a vingt ans en accueillent
aujourd'hui deux, voire trois fois plus. Quelques chiffres illustrent mieux la
situation: en 1961 la population scolaire au niveau primaire était de
421000 élèves, en 1968-69 elle est passée à 938 000
élèves, puis à 2 400 000 en 90-91; en 2003-2004, elle se
situait à 3 500 000 élèves. Dans le même temps le
nombre de maîtres est passé de 13407 en 1970 à 38 429 en
1990, et se situe en 2004-2005 à moins de 50 000, dont plus des deux
tiers constitués de maîtres vacataires. Quant à celui des
salles de classe, il n'a pas suivi cette croissance. Déjà en
65-66, sur les 4954 salles que comptait l'enseignement primaire officiel, 390
avaient plus de 70 élèves, et 761 comptaient plus de 80
élèves. Raymond LALLEZ constate en 1974 que «c'est au
niveau de la Section d'initiation que les effectifs d'élèves par
classe dépassent souvent la centaine». La première
conséquence de cette surpopulation scolaire est évidemment le
faible rendement interne de l'institution scolaire.
L'expression « grand groupe « est une expression
utilisée pour éviter les termes négatifs et
démobilisateurs que sont les classes surchargées ou les effectifs
pléthoriques. Ainsi le grand groupe commence dès que l'effectif
de la classe gêne, stérilise ou paralyse la mise en oeuvre des
techniques de classe qui ont été conçues pour les groupes
moyens pendant qu'en France, les pouvoirs publics négocient serré
avec les enseignants pour qu'ils admettent un dix septième
élève dans les classes du primaire. Au Cameroun comme dans la
plupart des pays d'Afrique francophone d'ailleurs, les techniques
pédagogiques en promotion ont pour objectif principal de faire en sorte
que les enseignants puissent amener « tous les élèves,
malgré leur grand nombre, à participer activement aux
activités d'apprentissage à travers une organisation de la classe
en sous groupes de travail avec des techniques appropriées «. les
enseignants détestent travailler dans des classes ayant des effectifs
pléthoriques, (MICHAELOWA 2002, p. 11).
Trente ans après l'indépendance, ni le nombre
d'élèves par classe, ni les rendements internes et externes de
l'école n'ont connu une amélioration qualitative
subséquente. Aline COOK note qu'au Cameroun le ratio
élèves-maitre est loin de l'idéal, car «la norme
officielle prévoit 60 élèves par enseignant. Or on voit
parfois jusqu'à 200 élèves pour un seul
maître». Ces chiffres illustrent bien l'une des tristes
réalités auxquelles est confrontée l'école, et
partant de l'enseignement au Cameroun : les grands groupes ou classes à
effectifs élevés. Alors que dans la plupart des pays
industrialisés, où les taux de natalité sont en constante
décélération depuis plusieurs années, la tendance
est à une réduction de la taille des classes, au Cameroun, comme
dans la plupart des pays africains, elle connaît une croissance
vertigineuse ; d'où la problématique des classes à
effectifs pléthoriques.
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