§4. Les opérations conjointes « Umoja Wetu
» et « Kimya II ».
Les rebelles des Forces démocratiques de
libération du Rwanda (FDLR) continuent de massacrer les populations du
Nord-Kivu. Non seulement l'opération conjointe menée
jusqu'à fin février par les militaires rwandais et congolais n'a
pas réussi à les déloger, mais elle a aussi exposé
les civils aux exactions de ces armées régulières.
La coopération militaire entre le Congo et le Rwanda
n'est pas venu à bout des rebelles hutus des Forces démocratiques
de libération du Rwanda (FDLR) installés dans le Nord-Kivu, dans
l'est de la République Démocratique du Congo (RDC). Au contraire,
en guise de représailles, ils s'en prennent aux populations civiles. Le
Haut Commissariat des Nations Unies, ainsi que de nombreuses ONG comme Human
Rights Watch, signalent depuis plusieurs semaines les exactions commises par
les rebelles du FDLR. Le HCR indiquait, le 6 mars dernier, que près de
180 000 personnes avaient été déplacées depuis
janvier dans le Nord-Kivu. « Depuis la fin de l'opération militaire
conjointe menée par les forces armées congolaises et rwandaises
au Nord-Kivu contre la milice hutu (FDLR) à la mi-février, (cette
dernière) est repartie vers le nord et le centre de la province,
attaquant les civils et visant particulièrement les convois d'aide
humanitaire et les ONG », a déclaré Ron Redmond, le
porte-parole du HCR. Les Nations Unies auraient enregistré depuis la
mi-février « 17 incidents provoqués par les FDLR, dont des
meurtres, des pillages, des enlèvements et des viols de civils, ainsi
que des embuscades et des incendies de véhicules ».
Environ trente mille autres personnes ont été
déplacées dans le territoire de Lubero au Nord. « Ces
nouvelles familles déplacées dans la zone de Lubero font
état d'une augmentation des raids des FDLR au cours des 15 premiers
jours de mars, en plus de violations de plus en plus grandes des droits humains
», indiquait encore le 20 mars Ron Redmond. Certains rebelles hutu
rwandais ont même franchi une nouvelle étape dans leur vengeance
en publiant, selon la BBC, une liste de « collaborateurs » de
l'opération militaire commune du Rwanda et de la RDC lancée le 20
janvier dernier.
Rebelles et forces regulieres commettent les memes
exactions
Les autorités congolaises s'étaient pourtant
réjouies du succès de la mission conjointe fin février,
lors du départ des militaires rwandais. Lambert Mende, le porte-parole
du gouvernement congolais, affirmait alors : « Nous avons cassé
l'ossature du commandement des FDLR, brisé leurs quartiers
généraux, et déclenché le mouvement le plus
important de rapatriement volontaire vers le Rwanda depuis 15 ans, avec
près de 3 500 FDLR rapatriés ou en voie de l'être ».
Plus réalistes, des observateurs soulignaient que la rébellion
était peut-être diminuée, mais pas sa «
capacité de nuisance ». Nombre de rebelles sont aujourd'hui sortis
des montagnes et des forêts où ils s'étaient cachés
pendant les incursions rwandaises.
Les FDLR ne sont néanmoins pas les seuls à
terroriser les populations du Nord-Kivu. Elles sont également victimes
d'attaques d'autres groupes rebelles comme l'Armée de résistance
du Seigneur (LRA), la milice du PARECO, le Front populaire pour la justice au
Congo (FPJC) et le Front révolutionnaire pour la paix en Ituri (FRPI).
Mais aussi des forces armées régulières du Congo et du
Rwanda. Selon Human Rights Watch, dans un document publié le 8 avril,
« les forces rebelles rwandaises, les soldats de l'armée
gouvernementale et leurs alliés ont violé au moins 90 femmes et
filles depuis la fin du mois de janvier 2009, dans les provinces instables du
Nord-Kivu et du Sud-Kivu ». Les soldats rwandais seraient également
« impliqués dans les meurtres de la plupart des plus de 180 civils
tués durant cette période ». Afin de tenter d'assurer la
sécurité des civils, Alain Doss, le chef de la Mission de l'ONU
en RDC (Monuc), a demandé au Conseil de sécurité 18 autres
hélicoptères pour prévenir « les activités
prédatrices des groupes armés étrangers et
d'éléments indisciplinés des forces de
sécurité du pays ».
Le droit international humanitaire - ou lois de la guerre -
s'applique à la fois aux États et aux groupes armés non
étatiques. Les parties belligérantes doivent prendre toutes les
mesures possibles pour réduire au minimum le préjudice subi par
la population civile, notamment en permettant aux civils d'aller se
réfugier dans des zones plus sûres. Les lois de la guerre
interdisent le meurtre, le viol et les enlèvements. Ceux qui commettent
de tels actes sont responsables de crimes de guerre.
« La protection des civils doit être
considérée comme une priorité absolue lors des
opérations militaires, afin de contribuer à empêcher qu'une
fois encore, ce soient les civils congolais qui paient le prix fort », a
souligné Anneke Van Woudenberg.
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