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De la responsabilité de l'Etat congolais dans les crimes commis par les groupes armés étrangers: cas des FDLR (Force Démocratique pour la Libération du Rwanda )

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par Paulin KATSUVA KIBENDELWA
Université de Goma - Licencié en droit option droit public interne et international 2008
  

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§4. Les opérations conjointes « Umoja Wetu » et « Kimya II ».

Les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) continuent de massacrer les populations du Nord-Kivu. Non seulement l'opération conjointe menée jusqu'à fin février par les militaires rwandais et congolais n'a pas réussi à les déloger, mais elle a aussi exposé les civils aux exactions de ces armées régulières.

La coopération militaire entre le Congo et le Rwanda n'est pas venu à bout des rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) installés dans le Nord-Kivu, dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC). Au contraire, en guise de représailles, ils s'en prennent aux populations civiles. Le Haut Commissariat des Nations Unies, ainsi que de nombreuses ONG comme Human Rights Watch, signalent depuis plusieurs semaines les exactions commises par les rebelles du FDLR. Le HCR indiquait, le 6 mars dernier, que près de 180 000 personnes avaient été déplacées depuis janvier dans le Nord-Kivu. « Depuis la fin de l'opération militaire conjointe menée par les forces armées congolaises et rwandaises au Nord-Kivu contre la milice hutu (FDLR) à la mi-février, (cette dernière) est repartie vers le nord et le centre de la province, attaquant les civils et visant particulièrement les convois d'aide humanitaire et les ONG », a déclaré Ron Redmond, le porte-parole du HCR. Les Nations Unies auraient enregistré depuis la mi-février « 17 incidents provoqués par les FDLR, dont des meurtres, des pillages, des enlèvements et des viols de civils, ainsi que des embuscades et des incendies de véhicules ».

Environ trente mille autres personnes ont été déplacées dans le territoire de Lubero au Nord. « Ces nouvelles familles déplacées dans la zone de Lubero font état d'une augmentation des raids des FDLR au cours des 15 premiers jours de mars, en plus de violations de plus en plus grandes des droits humains », indiquait encore le 20 mars Ron Redmond. Certains rebelles hutu rwandais ont même franchi une nouvelle étape dans leur vengeance en publiant, selon la BBC, une liste de « collaborateurs » de l'opération militaire commune du Rwanda et de la RDC lancée le 20 janvier dernier.

Rebelles et forces regulieres commettent les memes exactions

Les autorités congolaises s'étaient pourtant réjouies du succès de la mission conjointe fin février, lors du départ des militaires rwandais. Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais, affirmait alors : « Nous avons cassé l'ossature du commandement des FDLR, brisé leurs quartiers généraux, et déclenché le mouvement le plus important de rapatriement volontaire vers le Rwanda depuis 15 ans, avec près de 3 500 FDLR rapatriés ou en voie de l'être ». Plus réalistes, des observateurs soulignaient que la rébellion était peut-être diminuée, mais pas sa « capacité de nuisance ». Nombre de rebelles sont aujourd'hui sortis des montagnes et des forêts où ils s'étaient cachés pendant les incursions rwandaises.

Les FDLR ne sont néanmoins pas les seuls à terroriser les populations du Nord-Kivu. Elles sont également victimes d'attaques d'autres groupes rebelles comme l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), la milice du PARECO, le Front populaire pour la justice au Congo (FPJC) et le Front révolutionnaire pour la paix en Ituri (FRPI). Mais aussi des forces armées régulières du Congo et du Rwanda. Selon Human Rights Watch, dans un document publié le 8 avril, « les forces rebelles rwandaises, les soldats de l'armée gouvernementale et leurs alliés ont violé au moins 90 femmes et filles depuis la fin du mois de janvier 2009, dans les provinces instables du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ». Les soldats rwandais seraient également « impliqués dans les meurtres de la plupart des plus de 180 civils tués durant cette période ». Afin de tenter d'assurer la sécurité des civils, Alain Doss, le chef de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), a demandé au Conseil de sécurité 18 autres hélicoptères pour prévenir « les activités prédatrices des groupes armés étrangers et d'éléments indisciplinés des forces de sécurité du pays ».

Le droit international humanitaire - ou lois de la guerre - s'applique à la fois aux États et aux groupes armés non étatiques. Les parties belligérantes doivent prendre toutes les mesures possibles pour réduire au minimum le préjudice subi par la population civile, notamment en permettant aux civils d'aller se réfugier dans des zones plus sûres. Les lois de la guerre interdisent le meurtre, le viol et les enlèvements. Ceux qui commettent de tels actes sont responsables de crimes de guerre.

« La protection des civils doit être considérée comme une priorité absolue lors des opérations militaires, afin de contribuer à empêcher qu'une fois encore, ce soient les civils congolais qui paient le prix fort », a souligné Anneke Van Woudenberg.

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