§3. Le Soutien du Rwanda à l'AFDL
En mai 1997, les troupes de l'AFDL entrent dans Kinshasa, et
Kabila s'autoproclame président de la nouvelle République
démocratique du Congo (RDC). Mobutu quitte le pays pour se
réfugier au Maroc, où il meurt à Rabat la même
année. Concentrant tous les pouvoirs, Laurent-Désiré
Kabila se heurte à une forte contestation de la part des anciens
opposants à Mobutu, écartés du pouvoir et dont il fait
arrêter certains (Tshisekedi est mis en résidence
surveillée), ainsi que des
anciens mobutistes eux-mêmes. Le régime s'appuie
sur les populations de l'est du pays, en particulier le Katanga, région
natale de Kabila. Il refuse, par ailleurs, toute enquête de la part de
l'ONU sur la disparition d'au moins 200 000 Hutu dans les forêts de l'est
du pays, vraisemblablement massacrés par ses alliés rwandais
d'alors. Un rapport de l'ONU, publié en 1998, accuse pourtant la RDC et
le Rwanda de « crimes contre l'humanité ».
Le comportement hégémonique des Rwandais qui ont
aidé Kabila ne tarde pas à faire resurgir les sentiments
nationalistes et anti-tutsis au sein de la population. En juillet 1998, Kabila
renvoie plusieurs ministres, dont ceux d'origine rwandaise, et demande aux
troupes étrangères ougandaises et rwandaises de quitter le
territoire. Peu après, les Tutsi Banyamulenge, qui l'ont aidé
à prendre le pouvoir, se soulèvent et menacent de s'emparer de la
capitale et du port de Matadi, tandis que le chef de guerre rwandais James
Kabarebe chasse les troupes gouvernementales du Kivu et poursuit ses
opérations contre les réfugiés hutu. Kabila demande l'aide
du Zimbabwe, du Tchad, de la Namibie, du Soudan, et surtout de l'Angola qui, en
sauvant Kinshasa, prend à revers ses propres rebelles de l'UNITA.
Suite à l'entrée de l'armée rwandaise au
Congo pendant cette période, les commentaires n'ont pas tardé
aussi bien au sein de la population que de la communauté internationale
et en voici l'illustration.
L'opinion se souvient de la Commission des droits de l'homme
des Nations Unies, qui par la résolution 1997/58 avait pour mission
d'enquêter sur ces allégations d'atteintes au droit à la
vie commises par l'Alliance des forces démocratiques pour la
libération du Congo-Zaïre (AFDL) et les Gouvernements de la RDC et
du Rwanda. L'opinion se souvient aussi des entraves que la RDC sous
contrôle du Rwanda avait posées à ladite Commission.
Nonobstant, l'Équipe d'enquête avait présenté son
rapport (S/1998/581, du 29 juin 1998), dans lequel elle exposait en
détail les obstacles que lui avaient opposés les autorités
congolaises et confirmait aussi les massacres des réfugiés Hutus,
la population congolaise et d'autres violations du droit international
humanitaire perpétrés par l'AFDL et son allié le Rwanda
dans les camps de réfugiés de Kibumba et à travers la
RDC.
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