CHAPITRE II : L'ATTITUDE DU GOUVERNEMENT CONGOLAIS FACE
AUX EXACTIONS DES FDLR
Section I : Tentatives d'eradication du phenomene
FDLR
§1. La déclaration de Rome
La déclaration de Rome de ce mouvement (mars 2005)
offre une opportunité de mise en oeuvre d'un Désarmement et
Rapatriement non-violent qui devrait être exploitée avant de
recourir à des mesures collectives même si les chances de
succès sont faibles. A Rome, le leadership des FDLR avait
déclaré sa volonté de participer dans un processus de
rapatriement organisé et inconditionnel de toutes les unités
militaires et de leurs familles respectives. A cause des dissensions internes
et de l'environnement politique (processus électoral et
instabilité en RDC) qui ont poussé quelques leaders des FDLR
à penser qu'ils pouvaient toujours réaliser leurs objectifs par
des moyens militaires, des dispositions de la Déclaration de Rome sont
restées lettre morte. Cependant, les divisions internes, l'isolement
accru, un recrudescence de l'hospitalité du peuple et de l'Etat
congolais ainsi qu'une transition relativement réussie marquée
par le passage d'un gouvernement de transition post-conflit à
l'installation d'un gouvernement élu en RDC, ont crée des
conditions permettant de consentir un dernier effort en vue de persuader le
leadership des FDLR de mettre en oeuvre volontairement la Déclaration de
Rome. A cet effet, le gouvernement de la RDC devrait tout faire pour rencontrer
rapidement les responsables des FDLR dans le but d'évaluer leur
volonté à participer dans un processus organisé,
volontairement et inconditionnellement au processus de DR des
FDLR.23
Une question importante à régler dans ce domaine
portera essentiellement sur le sort des 200-300 responsables qui ont fait
savoir (à travers leurs représentants en 2005 à Rome)
qu'ils étaient peu disposés à retourner au Rwanda parce
que dans la plupart des cas, ils ont été personnellement
impliqués dans le génocide de 1994 et que de ce fait, ils
auraient à faire face à la justice. Si la RDC, le Rwanda et les
acteurs internationaux peuvent trouver une solution politique
et juridique acceptable pour ce groupe, l'obstacle le plus
important au rapatriement du gros des combattants de FDLR serait
surmonté. Même si cela s'avère difficile, toutes les
options devront être explorées par les politiciens et les experts
juridiques en vue de la recherche de solutions acceptables par les
gouvernements respectifs. La résolution de cette question contribuerait
de façon significative à réduire les grands défis
que constitue le DR pour les autres combattants.
§2. Communiqué conjoint de Nairobi du 9
novembre 2006.
Le gouvernement congolais s'est mobilisé lundi 19 mai
2008 avec la réunion interministérielle en préparation de
la tenue dès la dernière semaine de ce mois de la
conférence sur le retour des FDLR (Forces démocratiques pour la
libération du Rwanda), conformément au Communiqué conjoint
de Nairobi, signé le 9 novembre 2007 entre la R.D Congo et le Rwanda. La
réunion a connu la participation de Jean-Claude Muyambo, ministre des
Affaires sociales, Action humanitaire et Solidarité, Ghislain Chikez
Diemu, ministre de la Défense et Anciens combattants, Antipas Mbusa
Nyamwisi, ministre des Affaires étrangères et de la
Coopération internationale et coordonnateur du Comité de Pilotage
sur l'éradication des groupes armés en RDC, Séraphin
Ngwej, ambassadeur itinérant auprès du chef de l'Etat et du
professeur Kaumba, Conseiller spécial du chef de l'Etat en
matière de Sécurité.
Selon Chikez Diemu, la réunion du comité
interministériel s'est penchée sur les préparatifs de la
conférence de Kisangani pour fixer la date de ces assises importantes et
impliquer la Mission des Nations Unies au Congo (Monuc), en tant que noyau
technique, pour la prise en compte du volet logistique pour le succès de
cette rencontre, laquelle prévoit le retour volontaire des FDLR et leurs
dépendants au Rwanda. Le ministre de la Défense et Anciens
combattants a également évoqué la participation des
experts congolais à Psie (près de Rome) en Italie à la
réunion d'un certain nombre des leaders FDLR vivant à
l`étranger pour la préparation de la conférence de
Kisangani, pour ce retour volontaire, selon le Communiqué de Nairobi. Il
a reconnu qu'il subsisterait encore quelques problèmes, mais beaucoup de
pistes de solutions son explorées pour arriver à un entendement
commun. Et d'indiquer : « Nous sommes très avancés pour
qu'on trouve la solution avant la fin du mois de mai et je vous donne
rendez-vous à Kisangani ».
La réunion de Kisangani aurait pu se tenir, il y a
quelques mois, n'eût été la publication à la
réunion de Bruxelles, entre la RDC et le Rwanda, de la liste de 6.997
génocidaires par le gouvernement rwandais, encore présents
à l'Est de la RDC. Le ministre Mbusa Nyamwisi avait
déploré cette publication, en précisant qu'elle venait
d'entraver et de compliquer le travail fait sur terrain à Nyabiondo,
Buavinio, Mbinga, et Kasuo dans le territoire de Lubero, dans la province du
Nord Kivu sur le processus de sensibilisation au retour des FDLR au Rwanda en
vue de participer à la consolidation de la démocratie dans leur
pays. Car leur place était au Rwanda et non au Congo, avait-il
souligné. Le gouvernement congolais s'est engagé à mettre
fin, grâce au Communiqué Conjoint de Nairobi, à la
présence des groupes armés étrangers, notamment les FDLR,
Rud Nana, lesquels constituent une source d'insécurité et des
souffrances pour les populations de l'Est de la RD Congo. Des initiatives
récentes ont été menées avec la descente sur
terrain du ministre des Affaires étrangères et de la
Coopération internationale dans la sensibilisation des groupes
armés étrangers dans la province du Nord Kivu le 24 janvier 2008.
Il était accompagné des délégués de la
Monuc, de la Banque Mondiale et du gouverneur du Nord Kivu. Il y a lieu de
signaler également la descente sur terrain d'une
délégation du gouvernorat du Nord Kivu, accompagné d'un
délégué de la communauté catholique Sant'Egidio et
de la descente du président de l'assemblée provinciale du Nord
Kivu, à Rutshuru, Kiseguru et Walikale, le 2 février 2008.
De sources proches du coordonnateur du Comité de
Pilotage, la conférence de Kisangani a pour objectif majeur de parvenir
à un résultat palpable en terme de rapatriement massif et visible
des éléments FDLR et leurs dépendants vers le Rwanda.
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