§3. Idéologie et religion
Les Rwandais sous le contrôle des FDLR en RDC ont
peut-être leur propre idée sur le génocide, son impact sur
leurs vies, la situation actuelle au Rwanda ou sur le Tutsi, mais ils ont
intérêt à la garder pour eux si leurs idées ne
coïncident pas avec les points de vue extrémistes et
idéologiques de leurs supérieurs. La direction des FDLR veut que
tous ses sujets croient que l'actuel gouvernement du Rwanda est
entièrement au service des Tutsi, que les Tutsi veulent toujours
dominer, et que les Hutu ne peuvent pas mener une vie normale au Rwanda
d'aujourd'hui. De plus, leur machine de propagande inculque aux gens
l'idée que tous les ex-combattants FDLR rapatriés sont soit en
prison, morts ou sous surveillance permanente.
Un ancien officier des FDLR nous a affirmé lors d'un
entretien que « les personnes âgées [parmi les
réfugiés] expliquent comment les ancêtres des [Hutu] ont
souffert sous le règne des Tutsi » et que « les Tutsi ne
partagent jamais le pouvoir ». Ainsi, lorsqu'au cours des émissions
de DDR de Radio Rwanda ou Okapi, d'anciens commandants rapatriés des
FDLR qui occupent actuellement de postes importants dans l'actuelle
administration rwandaise sont interviewés, la machine de propagande des
FDLR essaie de convaincre les réfugiés que ces interviews sont
fausses et que les anciens officiers de haut rang rapatriés tels que les
généraux Rwarakabije ou Mahoro ont été
interviewés en prison et sous la menace. En répandant de telles
histoires sur la situation actuelle ou passée. La direction des FDLR
entretient une atmosphère de peur, décourageant les
réfugiés et les combattants à se faire rapatrier.
Ces derniers mois, les FDLR dans la province du Nord-Kivu ont
commencé à dire aux Rwandais sous leur contrôle qu'ils sont
toujours des « Interahamwe »; certains membres ont même
déclaré que «le travail [le génocide] reste à
achever ». Le retour à cette propagande ouverte de
l'idéologie génocide est relativement un fait récent,
puisque les FDLR ont évité ce genre de rhétorique ces
dernières années.
L'instigateur principal de ce discours est le
Général Mudacumura qui sait qu'il n'a aucun avenir hors des
forêts de la RDC. Mudacumura et un petit nombre d'autres dirigeants des
FDLR essaient de maintenir leur contrôle en propageant une
idéologie extrémiste. Cependant, cette vague d'extrémisme
pourrait provoquer une désintégration beaucoup plus rapide des
FDLR, d'autant plusieurs de leurs sujets se rendent compte qu'ils ont
énormément souffert des suites du génocide. Même de
nombreux commandants impliqués dans le génocide ne sont pas en
faveur de la relance de cette idéologie car ils prétendent avoir
maintenant pris conscience du fait que le génocide ne leur a
apporté que des misères. Ces commandants se considèrent
connue faisant partie d'une génération perdue, mais ne souhaitent
pas voir grandir leurs enfants avec le même sentiment de
culpabilité.
La religion est aussi un pilier important de
l'idéologie des FDLR. Les noms de quelques-unes des opérations
des FDLR, tel que l'opération « Oracle du Seigneur », en sont
l'illustration. En outre, les combattants des FDLR désignent entre eux
le FOCA comme étant le « Ingabo za Yesu» ou «
l`Armée de Jésus ». Pour certains d'entre eux, les FDLR ont
une mission divine. Ils croient que Dieu a donné le Rwanda aux Hutu et,
par conséquent, la récupération du pouvoir est une mission
de Dieu. Cette justification spirituelle de la lutte des FDLR fait partie
intégrante de la propagande des FDLR20.
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