§2. Les objectifs politiques, idéologiques et
religieux.
Les objectifs des FDLR peuvent être classés en
trois catégories, à savoir : les objectifs officiels, les
objectifs semi-officiels et les objectifs cachés. Officiellement, le but
des FDLR est d'oeuvrer à la paix et la réconciliation au Rwanda
et dans la région des Grands Lacs en général. Il y a au
moins deux points controversés dans les objectifs officiels des FDLR.
Premièrement, elles insistent sur le fait qu'il importe d'établir
la vérité sur le «Drame rwandais ». Les FDLR affirment
implicitement qu'il y a eu deux génocides au Rwanda. L'un contre les
Tutsi et l'autre qui est un contre-génocide visant les Hutu et
perpétré par le FPR. En second lieu, elles appellent à un
dialogue inter-rwandais « hautement inclusif». Autrement dit, les
FDLR devraient être inclus dans ce dialogue et les génocidaires
devraient avoir le droit de participer au processus et prise de
décisions.
Dans leurs communications avec les combattants et les
réfugiés, les leaders FDLR déclarent que leur vrai
objectif est de renverser le gouvernement actuel, pardonner à ceux qui
ont joué un rôle dans le génocide, et créer un
gouvernement de la majorité Hutu. Ces objectifs ne sont pas
mentionnés dans les communiqués de presse des FDLR ni dans les
entretiens avec la presse, mais ils
sont connus de tous les Rwandais en RDC et ils ont
été cités dans plusieurs entretiens avec nos chercheurs.
La majorité des membres des FDLR de la RDC et les Congolais qui vivent
dans le même environnement avec eux ne connaissent que ces objectifs
semi-officiels. Seuls les commandants supérieurs et les responsables de
la propagande connaissent la ligne officielle.
CTC croit que les objectifs ci-dessus dissimulent un agenda
profondément caché des leaders FDLR. Les FDLR continuent
d'être influencées par des personnes telles que Sylvestre
Mudacumura et Ignace Murwanashyaka, qui ont été soit
incriminés dans le dossier du génocide rwandais ou/et qui
dirigent une organisation terroriste reconnue au plan international. Pour des
leaders tels que ceux-ci, il n'y aurait pas d'avenir si la lutte armée
devait prendre fin. Ils ne peuvent ni rentrer au Rwanda sans être
traduits en justice pour leurs actes, ni être facilement acceptés
par un pays tiers. La poursuite de la lutte armée est donc leur
meilleure chance de vivre relativement en liberté. Etant donné
l'équilibre actuel des forces militaires en présence, leur seule
option est de passer le reste de leurs vies dans le maquis pour accumuler assez
d'argent afin d'acquérir une nouvelle identité, s'enfuir vers un
pays tiers, et y commencer une nouvelle vie.
Ainsi, pour les leaders des FDLR, leur mouvement est à
la fois une structure qui les protège de la prison à vie et un
moyen qui leur permet d'amasser assez de richesses pour s'acheter une nouvelle
identité, une maison, et une pension de retraite. Pour eux, il est
capital que les hommes de troupe des FDLR ne découvrent pas cet objectif
caché.
De ce fait, les leaders des FDLR accordent beaucoup
d`importance à la propagande, et continuent de préparer des
opérations militaires pour renverser le gouvernement du Rwanda.
Toutefois, ces leaders savent bien que ces projets ont peu de chances d'aboutir
dans le contexte actuel et ils reconnaissent qu'il est peu probable que le
gouvernement actuel s'affaiblisse dans un proche avenir.
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