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De la responsabilité de l'Etat congolais dans les crimes commis par les groupes armés étrangers: cas des FDLR (Force Démocratique pour la Libération du Rwanda )

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par Paulin KATSUVA KIBENDELWA
Université de Goma - Licencié en droit option droit public interne et international 2008
  

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§1. Principales opérations et infiltrations

En 1997, l'ALIR-I ouvrit un front au Nord-Ouest du Rwanda. Cette insurrection s'est poursuivie jusqu'en 2001 lorsque le dernier assaut important contre le Rwanda, l'opération « Oracle du Seigneur», a échoué. Entre 1997 et 2001, l'ALIR-I a recouru à la tactique de guérilla et à la terreur pour renforcer sa présence au Rwanda. Même si ses forces ont réussi à troubler l'ordre et la sécurité et à entraver les efforts de reconstruction des provinces de Ruhengeri et de Gisenyi, l'ALIR-I n'a jamais pu maintenir pendant longtemps ses positions au Rwanda. Par conséquent, elle a essayé en 2001 une tactique plus classique lors de l'opération « Oracle du Seigneur », à laquelle ont participé entre 4 000 et 5 000 hommes qui avaient initialement réussi à progresser à l'intérieur des frontières du Rwanda (Même la ville centrale de Gitarama a été occupée pendant une journée). Néanmoins, l'attaque a été repoussée par l'APR qui aurait tué près de 1 890 combattants. Plus de 1 300 autres ont été capturés et le reste dispersés. 530 combattants de l'ALIR se sont rendus ou ont été dénoncés par des parents après l'échec de l'opération. Au même moment, l'APR a à son tour lancé des attaques contre les positions de l'ALIR-I dans la province du Nord-Kivu en RDC. Ce mouvement ne s'est jamais remis de ces rêves militaires et il n'a pas été en mesure de lancer d'autres attaques de grande envergure contre le Rwanda depuis 2001. Toutefois, les FDLR continuent de planifier d'autres attaques, et essaient d'opérer des infiltrations à l'intérieur du Rwanda pour identifier des cibles, recruter et chercher du soutien.

L'opération des FDLR qui était prévue pour 2006 avait été baptisée « Opération Amizero ». Les principaux objectifs de l'Opération Amizero étaient notamment, le recrutement (forcé) dans les écoles primaires et secondaires au Rwanda; la propagande politique (inculquer une idéologie politique aux femmes et aux jeunes pour « l'amour de leur pays »); trouver des marchés où se procurer des armes; l'entraînement des combattants; la reconnaissance des cibles des actes de sabotage; et la distribution des armes. Cette opération n'a pas été couronnée de succès, notamment parce que les déserteurs des FDLR ont prévenu le gouvernement rwandais et également en raison du manque des ressources suffisantes de la part des FDLR pour son exécution. Après l'échec de l'opération « Oracle du Seigneur» en 2001, le fait que les FDLR aient affecté peu de ressources à

l'Opération Amizero et qu'elles semblent l'avoir abandonnée soulève aujourd'hui des questions quant à sa vraie nature et à son objectif.

En somme, les FDLR continuent de planifier des attaques contre le Rwanda afin de renverser le gouvernement en place ou tout au moins le forcer à accepter le dialogue ou un accord de partage du pouvoir. Néanmoins, les consultants doutent de l'engagement des leaders des FDLR et de leur capacité de lancer des attaques de grande envergure. Dans le texte du plan de l'opération Amizero, les FDLR reconnaissent elles- mêmes leurs propres difficultés, notamment la crise que connaît les FDLR/FOCA; la pauvreté et la détresse après la suspension des approvisionnements opérationnels et en moyens logistiques non conventionnels; les désertions massives; et le manque de terrain de recrutement. Ces observations sur les faiblesses internes montrent la reconnaissance par les FDLR du fait qu'à moins de trouver de nouvelles ressources et/ou nouvelle motivation, elles ne seront pas en mesure de monter des attaques de grande envergure contre le Rwanda. Cela les forcerait, en fin de compte, à revoir leur tactique et leurs objectifs. Il ressort des entretiens avec les leaders importants des FDLR (et avec trois commandants supérieurs récemment rapatriés) que le commandement du mouvement connaît ces difficultés depuis un certain temps. La motivation principale qui les pousse à continuer de préparer des attaques contre le Rwanda est de donner aux troupes un objectif et une motivation politiques. Faute de quoi, le moral des hommes de troupe se détériorerait rapidement et provoquerait des désertions massives. Un des officiers des FDLR a déclaré: « nous devons donner aux hommes de troupe des objectifs et des perspectives militaires et politiques, sans quoi ils retourneraient à la vie civile en RDC ou au Rwanda ».

En dépit des capacités réduites des FDLR, elles demeurent une force que l'on ne peut ignorer. Avec des effectifs de 7 000 hommes et des milliers de civils armés affiliés, le mouvement est encore capable d'occuper et de déstabiliser d'importantes parties des provinces du Kivu à l'Est de la RDC. Des données attestent également que les FDLR poursuivent leurs infiltrations au Rwanda. Certains de leurs éléments s'adonnent à l'espionnage ou exécutent des opérations spécifiques à l'intérieur du Rwanda. Le recrutement et la collecte de cotisations financières au Rwanda se poursuivent. Les FDLR disposent d'un réseau de renseignement au

Rwanda. Les commandants supérieurs interrogés en RDC ont déclaré disposer de renseignements précis sur le déploiement des troupes gouvernementales dans les régions frontalières situées du côté rwandais informations qui ne peuvent être recueillies que par des agents entraînés. Cependant, il paraîtrait aussi que l'efficacité de ce réseau a diminué. Même s'ils ne peuvent pas arrêter toutes les infiltrations, les services de renseignements rwandais sont généralement capables de repérer les éléments FDLR avant que ceux-ci ne puissent lancer des opérations de grande envergure. Néanmoins, cette situation exige que le gouvernement dispose d'un important réseau de renseignement. Les récentes arrestations d'un nombre important d'éléments FDLR effectuées par le gouvernement burundais dans la province de Ngozi au Burundi, et qui ont permis de faire échouer l'opération Amizero, montrent que le contre-renseignement contre les FDLR, également mené à travers la coopération régionale, s'améliore et permet de contrecarrer les tentatives des FDLR de lancer des opérations à l'intérieur du Rwanda.

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