§1. Principales opérations et infiltrations
En 1997, l'ALIR-I ouvrit un front au Nord-Ouest du Rwanda.
Cette insurrection s'est poursuivie jusqu'en 2001 lorsque le dernier assaut
important contre le Rwanda, l'opération « Oracle du Seigneur»,
a échoué. Entre 1997 et 2001, l'ALIR-I a recouru à la
tactique de guérilla et à la terreur pour renforcer sa
présence au Rwanda. Même si ses forces ont réussi à
troubler l'ordre et la sécurité et à entraver les efforts
de reconstruction des provinces de Ruhengeri et de Gisenyi, l'ALIR-I n'a jamais
pu maintenir pendant longtemps ses positions au Rwanda. Par conséquent,
elle a essayé en 2001 une tactique plus classique lors de
l'opération « Oracle du Seigneur », à laquelle ont
participé entre 4 000 et 5 000 hommes qui avaient initialement
réussi à progresser à l'intérieur des
frontières du Rwanda (Même la ville centrale de Gitarama a
été occupée pendant une journée). Néanmoins,
l'attaque a été repoussée par l'APR qui aurait tué
près de 1 890 combattants. Plus de 1 300 autres ont été
capturés et le reste dispersés. 530 combattants de l'ALIR se sont
rendus ou ont été dénoncés par des parents
après l'échec de l'opération. Au même moment, l'APR
a à son tour lancé des attaques contre les positions de l'ALIR-I
dans la province du Nord-Kivu en RDC. Ce mouvement ne s'est jamais remis de ces
rêves militaires et il n'a pas été en mesure de lancer
d'autres attaques de grande envergure contre le Rwanda depuis 2001. Toutefois,
les FDLR continuent de planifier d'autres attaques, et essaient d'opérer
des infiltrations à l'intérieur du Rwanda pour identifier des
cibles, recruter et chercher du soutien.
L'opération des FDLR qui était prévue
pour 2006 avait été baptisée « Opération
Amizero ». Les principaux objectifs de l'Opération Amizero
étaient notamment, le recrutement (forcé) dans les écoles
primaires et secondaires au Rwanda; la propagande politique (inculquer une
idéologie politique aux femmes et aux jeunes pour « l'amour de leur
pays »); trouver des marchés où se procurer des armes;
l'entraînement des combattants; la reconnaissance des cibles des actes de
sabotage; et la distribution des armes. Cette opération n'a pas
été couronnée de succès, notamment parce que les
déserteurs des FDLR ont prévenu le gouvernement rwandais et
également en raison du manque des ressources suffisantes de la part des
FDLR pour son exécution. Après l'échec de
l'opération « Oracle du Seigneur» en 2001, le fait que les
FDLR aient affecté peu de ressources à
l'Opération Amizero et qu'elles semblent l'avoir
abandonnée soulève aujourd'hui des questions quant à sa
vraie nature et à son objectif.
En somme, les FDLR continuent de planifier des attaques contre
le Rwanda afin de renverser le gouvernement en place ou tout au moins le forcer
à accepter le dialogue ou un accord de partage du pouvoir.
Néanmoins, les consultants doutent de l'engagement des leaders des FDLR
et de leur capacité de lancer des attaques de grande envergure. Dans le
texte du plan de l'opération Amizero, les FDLR reconnaissent elles-
mêmes leurs propres difficultés, notamment la crise que
connaît les FDLR/FOCA; la pauvreté et la détresse
après la suspension des approvisionnements opérationnels et en
moyens logistiques non conventionnels; les désertions massives; et le
manque de terrain de recrutement. Ces observations sur les faiblesses internes
montrent la reconnaissance par les FDLR du fait qu'à moins de trouver de
nouvelles ressources et/ou nouvelle motivation, elles ne seront pas en mesure
de monter des attaques de grande envergure contre le Rwanda. Cela les
forcerait, en fin de compte, à revoir leur tactique et leurs objectifs.
Il ressort des entretiens avec les leaders importants des FDLR (et avec trois
commandants supérieurs récemment rapatriés) que le
commandement du mouvement connaît ces difficultés depuis un
certain temps. La motivation principale qui les pousse à continuer de
préparer des attaques contre le Rwanda est de donner aux troupes un
objectif et une motivation politiques. Faute de quoi, le moral des hommes de
troupe se détériorerait rapidement et provoquerait des
désertions massives. Un des officiers des FDLR a déclaré:
« nous devons donner aux hommes de troupe des objectifs et des
perspectives militaires et politiques, sans quoi ils retourneraient à la
vie civile en RDC ou au Rwanda ».
En dépit des capacités réduites des FDLR,
elles demeurent une force que l'on ne peut ignorer. Avec des effectifs de 7 000
hommes et des milliers de civils armés affiliés, le mouvement est
encore capable d'occuper et de déstabiliser d'importantes parties des
provinces du Kivu à l'Est de la RDC. Des données attestent
également que les FDLR poursuivent leurs infiltrations au Rwanda.
Certains de leurs éléments s'adonnent à l'espionnage ou
exécutent des opérations spécifiques à
l'intérieur du Rwanda. Le recrutement et la collecte de cotisations
financières au Rwanda se poursuivent. Les FDLR disposent d'un
réseau de renseignement au
Rwanda. Les commandants supérieurs interrogés en
RDC ont déclaré disposer de renseignements précis sur le
déploiement des troupes gouvernementales dans les régions
frontalières situées du côté rwandais informations
qui ne peuvent être recueillies que par des agents
entraînés. Cependant, il paraîtrait aussi que
l'efficacité de ce réseau a diminué. Même s'ils ne
peuvent pas arrêter toutes les infiltrations, les services de
renseignements rwandais sont généralement capables de
repérer les éléments FDLR avant que ceux-ci ne puissent
lancer des opérations de grande envergure. Néanmoins, cette
situation exige que le gouvernement dispose d'un important réseau de
renseignement. Les récentes arrestations d'un nombre important
d'éléments FDLR effectuées par le gouvernement burundais
dans la province de Ngozi au Burundi, et qui ont permis de faire échouer
l'opération Amizero, montrent que le contre-renseignement contre les
FDLR, également mené à travers la coopération
régionale, s'améliore et permet de contrecarrer les tentatives
des FDLR de lancer des opérations à l'intérieur du
Rwanda.
|