I.3-3) APERÇU DU BILAN DE LA POLITIQUE DE
DECENTRALISATION EN COTE D'IVOIRE
Le bilan des collectivités décentralisées
en matière développement ne peut être compris qu'au regard
de son triple contexte politique, économique et administratif.
Selon une étude présentée par le CIREJ,
« La politique de décentralisation fut bien, quoi que l'on
puisse en dire, largement précurseur du mouvement général
de démocratisation aujourd'hui observée.» Partant, la
promotion et la pratique de la démocratie à l'échelon
locale et nationale sont liées à l'avènement de la
décentralisation communale et départementale.
Sur le plan économico-social, l'on enregistre en
dépit des obstacles des avancées remarquables.
Car, « les moyens humains et financiers mobilisés par les
collectivités territoriales ont permis de mettre en place des
équipements généraux, des réalisations pour les
services de collectivité, les dotations en équipements sociaux,
culturels et de promotion humaine» (KOFFI, 2010). Pour justifier sa
thèse, notre auteur révèle que le département de
Sinfra a investi 308 millions de francs CFA pour construire quatre dispensaires
et pour l'achèvement des équipements sanitaires en souffrance,
mais également pour la réhabilitation des infrastructures de
santé en délabrement en milieu rural.
Quant à l'accès à l'eau potable, le
conseil de Daloa a investi 100 millions de francs CFA. De 137 à son
avènement en 2002, il existe 143 pompes villageoises en 2009, soit une
hausse de 4,48%.
Quant au secteur éducation, le district d'Abidjan a
implanté à Songon un lycée moderne d'un coût de 306
millions de francs CFA.
Cependant, des efforts restent à faire pour
désenclaver totalement le monde rural qui demeure encore sinistré
malgré l'avènement des collectivités territoriales
décentralisées.
I.3-4) CONDITIONS DE SUCCES DE LA DECENTRALISATION
Les conditions de succès ou les chances de
réussites de la politique de décentralisation résident
dans la prise en compte d'un nombre de facteurs indispensables. Toutefois, il
parait nécessaire de souligner que l'homme se situe au centre de tout
développement.
I.3-4-A) Réelle volonté politique et
populaire
« Seule des esprits décentralisés
peuvent réussir la décentralisation » (PEYREFITTE,
op.cit.). Il ressort sans doute que la bonne marche de cette politique est
liée en grande partie à son acceptation par les autorités
gouvernementales au plus haut niveau, l'adhésion de l'élite
centrale. En réalité, la décision de
décongestionner l'administration centrale de certaines de ses
prérogatives doit apparaitre comme une nécessité pour
l'Etat pour relancer le processus de développement. Dès lors, la
décentralisation doit s'inscrire comme l'une des priorités dans
la grande politique managériale de l'Etat. Tout son succès part
de cette condition indispensable. Les autorités et pouvoirs locaux
doivent s'approprier ensuite sensibiliser les populations de son
opportunité. Car, ZADI (2007) révèle que l'échec
des politiques de développement engagé jadis par l'Etat est
dû pour en grande partie par son non appropriation par les populations.
Donc, pour éviter les prémices d'un second échec, selon
AYOUN (2005), il faut l'instauration d'un débat national sur la
décentralisation et l'information des citoyens pour montrer le bien
fondé d'une telle démarche. Il faut en clair, comprendre et
accepter le concept de décentralisation à tous les niveaux en
tant qu'outil de développement pour qu'elle fasse école.
Au total, retenons avec BEDIE (1995) que « sans
adhésion personnelle, sans mobilisation collective, toute
opération de développement régional reste artificielle et
donc fragile ». Il faut donc une synergie d'action de toutes les
compétences locales pour réussir la décentralisation, pour
consolider les actions de développement à l'échelle
locale.
I.3-4-B) Mesures d'accompagnement financières et des
ressources humaines compétentes
« Les collectivités locales ne peuvent
être efficace si elles ne disposent des ressources financières et
humaines nécessaires pour assurer les compétences qui leur sont
conférées » (VERGNE ,2009). A l'évidence, les
ressources humaines constituent même le sous bassement de toutes
organisations. Disposer donc d'expertise humaine de haute qualité,
conduit à des innovations, à des succès.
Les ressources humaines constituent de ce fait le noyau
central dans les organisations humaines. D'autant plus que « les
programmes de développement ne peuvent être exécutés
sans une main d'oeuvre qualifiée » (SMART, 1967). Il ressort
aussi clairement que l'homme constitue la première ressource. Alors il
faut réellement un regain d'intérêt pour la formation afin
de relever le pari du développement. AYOUN (op.cit.),
révèle à cet effet que « La formation des
élus locaux constitue une priorité absolue pour la
réussite de la décentralisation ».
En plus, le transfert des compétences doit
s'accompagner du transfert des ressources nécessaires pour gérer
ces compétences, qu'elles soient financières ou
matérielles. Alors, comme toute entreprise, disposer surtout de
ressources financières (subventions, dons et crédits) serait un
avantage pour les collectivités décentralisées pour
réaliser le développement local. En effet, la
décentralisation peut être effective si elle s'accompagne de
financements internes (subventions) et externes (dons et crédits).
L'Etat doit financer réellement les collectivités territoriales
car « les progrès sont toutefois plus lents lorsque les
transferts de moyens ne suivent pas » (PNUD, 2002). D'où la
nécessité de la disponibilité des ressources
financières aux collectivités territoriales
décentralisées.
En synthèse, retenons que l'homme constitue le
fondement sur lequel s'appuient les autres conditionnalités notamment
financières. Car, «S'il est bien formé scientifiquement,
techniquement et professionnellement et placé dans des conditions
sociales souhaitables, l'homme peut contribuer à l'amélioration
sensible de la productivité de l'entreprise et de la
société globale» (PDCI-RDA, 1996)
I.3-4-C) Bonne gouvernance (transparence et
responsabilité)
Le rapport d'un colloque sur la gouvernance en Côte
d'Ivoire, note que la transparence et la responsabilité sont deux
valeurs indispensables qui conditionnent toute bonne gestion publique. En
effet, « Conjuguées, dans leur application, la transparence et
la responsabilité parce qu'elles intègrent respectivement les
mécanismes de contrôle, du mérite, de sanction, elles
s'analysent en d'excellents moyens pour promouvoir le savoir-faire,
l'éradication de l'impunité, la corruption et la confiance des
citoyens » (Inspection générale d'Etat, 2001). Dans nos
Etats, la corruption et l'insuffisance de gouvernance sont en partie
responsables de l'enracinement de la pauvreté et du sous
développement. Selon toujours l'inspection générale
d'Etat, « la corruption peut provoquer, au niveau des services
des dysfonctionnements aux conséquences tragiques ».Et seule
une transparence qui exige de l'élu local, l'obligation de rendre compte
de sa gestion aux peuples permet d'éviter les détournements et
les surfacturations. Pour l'ex secrétaire général de
l'ONU, seule une gestion saine est susceptible de favoriser le
développement. KOFI Annan place beaucoup d'espoir dans la bonne
gouvernance. Il soutient que « la bonne gouvernance constitue peut
être le facteur le plus important pour éradiquer la
pauvreté et favoriser le développement » (PNUD, 2002).
CRITIQUE
La présente revue de littérature nous a
été très utile. D'autant plus qu'elle nous a
révélé la décentralisation dans sa conception
globale ; ce, depuis ses fondements jusqu'à ses missions
essentielles. Partant de cela, le constat a été fait que la
décentralisation est l'une des conditions sine qua non pour la promotion
du développement local.
En plus, et plus nécessaire, la revue bibliographique
nous a présenté un bref tableau comprenant des opérations
en termes d'activité effectuées par les nouvelles
collectivités décentralisées en matière de
développement local.
Ainsi, ces informations tirées des contributions
intellectuelles sur la décentralisation nous permettent en tant que
« nouveau » chercheur de nous vêtir de savoirs
nécessaires dans la conduite de notre investigation.
Concrètement, notre revue sur la décentralisation a porté
sur les préoccupations liées aux origines, fonctions, aux bilans
et conditions de réussite.
Partant et sur la base de ses acquis, cette présente
étude s'inscrit dans une nouvelle perspective. Celle portant sur
les logiques d'intervention en matière d'éducation et de
santé des nouvelles collectivités décentralisées,
puis des impacts des dites logiques sur le milieu rural.
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