I-4) PROBLEMATIQUE
Constitué d'un environnement urbain et rural, le
district de Yamoussoukro présente selon les ratios globaux de la
région une situation scolaire et sanitaire relativement acceptable.
Cependant, l'on note une inégale répartition de ces
équipements sociaux sur l'ensemble du territoire du district. En effet,
la seule ville de Yamoussoukro abrite plus des 1/3 au détriment du
milieu rural pourtant, mieux représenté en espace et en
population. Selon les statistiques, pour une population estimée à
environ 300.000 habitants, le district dispose de 14 écoles
maternelles, 191 établissements primaires, 9 lycées et de 55
centres sanitaires.
L'état des lieux de la carte scolaire et sanitaire du
district de Yamoussoukro ainsi dressé, nous observons par ailleurs, que
les secteurs de l'éducation et de la santé figurent parmi les
premières priorités des élus locaux dans l'actuel
système de la décentralisation. Les nouvelles
collectivités décentralisées consacrent en effet,
l'essentiel de leurs ressources aux projets de construction des centres
d'éducation et de santé. Par exemple, les investissements en
éducation et en santé représentent respectivement 43,75 et
27,07 % dans certains départements notamment celui de Sinfra (KOFFI,
2010). Mais aussi, une investigation menée sur le district de
Yamoussoukro nous permet de faire le même constat. Le programme triennal
2008-2009-2010 a effet accordé 70,4% et 8,7% d'investissement aux
secteurs de l'éducation et de la santé sociale.
Cet important investissement consacré par le district
de Yamoussoukro aux secteurs éducatifs et sanitaires a permis de
construire puis d'équiper quatre collèges de proximité
dans ses nouvelles sous -préfectures et dans les villages centres dont
Kossou. Des écoles primaires ont été
réhabilitées puis dotées en table-bancs, des logements de
maîtres construits, des centres d'alphabétisation crées en
milieu rural. Dans cette même perspective, des centres de santé
communautaire ont été réalisés et
équipés en matériel médical.
Le centre de santé urbain de Kossou a
bénéficié de ce programme.
Assurément, une telle priorité pour
l'éducation et la santé laisse transparaitre des logiques. En
effet, le taux d'analphabétisme en Côte d'Ivoire est estimé
à environ 49%. Et le milieu rural est l'environnement le plus
touché par ce fléau. Conséquence, la pauvreté prend
des proportions importantes, surtout en milieu rural ou l'on est passé
progressivement de 49% en 2002 à 62.45% en 2008. Et pour rappel,
l'analphabétisme est un obstacle majeur au renforcement de la
productivité et constitue par ailleurs, un frein à
l'amélioration de la santé des populations. Il apparait de ce
fait comme une entrave aux actions développement local. L'objectif des
collectivités décentralisées est alors de porter le taux
d'alphabétisme à 70% d'ici 2015.
En matière de santé, compte tenu des besoins
croissants des populations et du niveau général du
développement du pays, l'offre sanitaire est insuffisante. La couverture
dans son ensemble est faible, déséquilibrée et
inégalitaire. La quasi-totalité des établissements sont
concentrés en zone urbaine. Alors, pour se mettre en mesure d'atteindre
les objectifs du millénaire pour le développement, le
gouvernement à travers les collectivités
décentralisées entend investir dans la réorganisation de
l'ensemble du système, sur les plans à la fois organisationnel,
surtout géographique.
C'est donc dans cette perspective et conformément aux
recommandations nationales en matière de lutte contre la
pauvreté, que se situent les logiques d'intervention des nouvelles
collectivités décentralisées notamment le district de
Yamoussoukro.
Sur la même préoccupation, un acteur de la
décentralisation rencontré lors de l'enquête exploratoire
s'est voulu très formelle à ce sujet. Il argumente que la logique
d'intervention en matière d'éducation et de santé est
partie d'un constat et répond à une préoccupation
très précise. Il s'agit de construire des écoles de
proximité pour désengorger les établissements secondaires
de la ville de Yamoussoukro devenues exigus pour accueillir tous les
élèves du département. Celui-ci signifie encore que le
district s'inscrit dans la logique de rapprocher les centres (santé,
éducation) des populations rurales pour lutter contre
l'analphabétisme et permettre aux populations de
bénéficier d'assistance médicale dès besoin. En un
mot pour lutter contre la pauvreté rurale, la précarité
sociale afin de promouvoir le développement durable humain.
En dépit des logiques qui guident l'intervention des
nouvelles collectivités décentralisées en matière
d'éducation et de santé, le monde rural reste encore
majoritairement enclavé. A telle enseigne qu'on ne perçoit pas
avec exactitude l'efficacité des logiques d'intervention sur le milieu
rural. Se pose dès lors, la problématique de l'impact des
logiques d'intervention. D'où la question principale suivante :
Quels sont les impacts des logiques d'intervention en
matière d'éducation et de santé du district de
Yamoussoukro sur le développement local de Kossou?
Toutefois, pour parvenir à bien cerner les dimensions
de cette question, nous l'avons scindé en trois parties :
- Quelles sont les incidences des logiques d'intervention
en termes d'éducation sur l'analphabétisme et sur les conditions
d'études des élèves ?
- Quels sont les effets des logiques d'intervention en
termes de santé sur les conditions sociales
communautaires ?
- Quels sont les impacts des logiques d'intervention en
matière d'éducation et de santé sur la pauvreté
rurale ?
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