2. La Problématique observée.
Dans un stage entre 1999-2000 qui a eu lieu en Bretagne, j'ai
pu constater qu'à cette époque là, le développement
de l'internet était encore faible dans les établissements
scolaires : Au CDI du lycée Beaumont il y avait 5 ordinateurs pour
une population qui atteignait un millier d'étudiants. Aussi la
prolifération de sites d'internet à peine
commençait car le minitel était encore très
utilisé. Dès le Mexique la recherche de sites francophones
était également difficile. Les moteurs de recherche ne
fonctionnaient pas de manière aussi précise que Google,
les Blogs n'existaient pas encore et les sites en langue cible
étaient des sites authentiques. La recherche de sites didactisés
était encore plus dure. Dans un atelier offert aux étudiants on
a réuni une liste de sites en français, mais le langage
authentique était toujours difficile pour mes étudiants du niveau
A1. J'ai voulu trouver sans succès, des pages les plus
élémentaires que possible, des pages qui commençaient
vraiment du point zéro.
D'autre part, le boom du multimédia avec la
contrainte que dans notre centre de ressources il y avait peu d'exemplaires.
Au début de années 2000, l'accès aux documents, que ce
soit multimédia ou pas, en langue cible à Mexicali 2000
était accessibles seulement pour les institutions d'enseignement qui
pouvaient payer un prix élevé, mais qui devait les acheter aux
fournisseurs nationaux. Mexicali se trouvant dans un coin éloigné
de la frontière du nord a toujours été mieux
communiqué avec les États-Unis qu'avec le reste du pays. Les
systèmes de distribution des livres et d'autres matériels en
langue étrangère sont généralement lents, chers et
fonctionnent efficacement uniquement près de la capitale.
D'après notre analyse
« artisanale » de besoins (Guichon, 2006 :23-31) on
constatait le manque de documents didactisés en langue cible, quelque
soit le support. Cependant il faut reconnaître que les qualités
des TICES mentionnées par Lancien (cité dans Mogi,
2007 :165) : l'hypertexte, la multicanalité, la
multiréférencialité et l'intractivité, rendaient
plus attirants les matériels du support multimédia.
Aussi l'éducation à distance prenait peu a peu
d'importance dans le discours institutionnel dans mon université et il y
avait des cours pour apprendre à utiliser divers plateformes virtuelles
au service de l'apprentissage en ligne : Virtual U, UABC Virtual,
BSCW. La contrainte dans ce cas, était que ces plateformes avaient
peu de capacité de stockage de matériels : il fallait les
administrer semaine après semaine. À ce temps-là le
moniteur d'un atelier de la plateforme UABC Virtual nous a dit :
« pour éviter de complications concernant le stockage, faites
vos matériels en pages web, affichez-les sur l'internet et créez
une liaison à votre cours sur la plateforme » C'est comme
cela, que ce projet a commencé en 2001.
Je ne connaissais pas les théories de Holec, ni de
l'apprentissage constructiviste ; ma formation était en
communications. Quand même j'avais une formation humaniste,
j'étais fortement créative, intuitive et consciente des besoins
de mes étudiants. J'observais qu'il leur fallait pratiquer la langue
hors classe, développer des compétences de compréhension
et production orale à leur niveau `zéro'. Je constatais aussi que
l'accès aux matériels propices à développer ces
compétences, leur était restreint. Alors, j'ai proposé au
département de français du Centre de Langues, de fabriquer nos
propres matériels multimédia pour le niveau A1, en
commençant vraiment du zéro, et puis de les afficher sur internet
pour qu'ils soient accessibles, sans avoir a se déplacer vers le Centre
de Ressources. Je voulais faire un Centre de Ressources sur internet, tel que
Porcher l'aurait publié en 2004 « Les TICES remplissent le
rôle du Centre de Ressources » (cité en Mogi,
2007 :164).
Sans suivre toutes les étapes de la conception que
Guichon indique dans son ouvrage « Langue et TICE,
Méthodologie de Conception Multimédia »
(2006 :27-52), j'ai plutôt travaillé de manière
intuitive et empiriste, en compagnie d'une collègue invitée pour
y travailler qui en plus est ma soeur. En méconnaissant la
théorie de l'auto apprentissage, j'ai conçu Francés
Virtual aussi comme une extension de l'apprentissage en situation de
classe. Maintenant, à la lumière de ce que j'ai appris, je ferai
une évaluation de ce que j'ai fait comme « un projet de
façon artisanale » (Guichon, 2006 :23).
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