3.2. L'éducation et les théories
démographiques
Les relations entre population, développement,
pauvreté ont largement été explorées au travers des
théories démographiques. Le système démographique
(fécondité, mortalité, migration...) s'inscrit parmi les
cinq ou six éléments qui déterminent la dynamique du
développement. : le système culturel, le système social et
politique, le système démographique, le système
environnemental et le système économique (Tabutin, 2007-2008).
A la lecture de la synthèse des théories
réalisées par D. Tabutin (2007-2008), il ressort que
l'éducation est un facteur déterminant des changements de
comportement, plus particulièrement celles liées à la
fécondité et à la mortalité.
Le courant théorique ancien de Th. Malthus, basé
sur les principes de population, influence aujourd'hui encore les
théories de développement. Il nous informe que lorsqu'il y a
tension entre l'instinct de reproduction de l'homme et la capacité de la
nature à multiplier les moyens de subsistances, lorsqu'il y a
déséquilibre, l'ajustement s'opère au travers de la
mortalité (famines, malnutrition, guerres...chômage). Dans les
années 60 et 70, la croissance démographique apparaissait comme
l'obstacle majeur à la croissance économique et par
conséquent, la diminution de la fécondité semblait
être un des objectifs majeurs à poursuivre. Si certaines
études ont démenti cette thèse, force est de constater que
cette théorie est encore vivace aujourd'hui. Le modèle
néo-malthusien avance que la pression démographique freine le
progrès et la dynamique de changement. La pauvreté est à
la fois la cause et la conséquence de fortes fécondités et
donc de la croissance démographique. << La conséquence est
<< un << cercle vicieux » de causalités
réciproques et complexes entre accroissement démographique, forte
fécondité, pauvreté et stagnation économique... On
en arrive à une double urgence d'actions : la lutte contre la
pauvreté et la planification familiale ... C'est la position actuelle de
nombre d'agences internationales de développement » (Tabutin,
2007-2008 : 16). A contrario, le courant anti-malthusien, dont la
théorie de E. Boserup, affirme, qu'à long terme, la croissance
démographique peut être positive en favorisant l'innovation et le
changement technologique, en maintenant une population jeune active (Boserup
cité dans Tabutin, 2007-2008 : 16).
Dans la théorie de la transition démographique
définie dans les années 50-60, l'éducation est un des
facteurs socioculturels à l'origine de la baisse de la
fécondité. Pour rappel, cette théorie se
caractérise par le passage d'un régime de fortes natalités
et mortalités à un régime de faibles natalités et
mortalités pour déboucher sur une croissance quasi nulle
(Tabutin, 2007-2008 : 17, 19).
Dans les théories micro-économiques de la
fécondité, l'éducation est aussi un facteur de changement.
Partant du principe du comportement rationnel des parents, ces théories
distinguent, entre autres, trois types d'utilité de l'enfant : de
consommation comme source de plaisir, de revenu au travers du travail, de
sécurité pour les vieux jours des parents. L'éducation
fait partie des coûts directs liés à l'enfant (Tabutin,
2007- 2008 : 26).
Dans la théorie de la modernisation des structures
économiques, qui relève des modèles macro-structurels, les
changements démographiques sont induits par l'industrialisation qui
modifie les structures économiques et sociales. Les progrès de
l'éducation et le changement de statut de la femme entraînent des
changements de structures familiales (Tabutin, 2007-2008 : 27).
La théorie des flux intergénérationnels
de richesses, développée par J. Caldwell (1980) notamment pour
les pays du Sud, pose comme principe que la rationalité
économique d'un régime de fécondité dépend
de la direction du flux des richesses entre les générations.
Alors que dans la société traditionnelle, l'enfant est une
richesse, il « rapporte >> plus qu'il ne coûte, dans les
sociétés modernes, l'enfant représente un coût en
termes d'éducation, de santé... Le processus de transition
relève du changement social et culturel avant d'être
économique. Les systèmes éducatifs et les médias
interviennent comme un facteur de changement majeur en diffusant les valeurs et
idéaux des sociétés du Nord (Tabutin, 2007-2008 :
29-30).
|