2. ANALYSE DE LA PERTINENCE POUR LE
DÉVELOPPEMENT HUMAIN
2.1. Evolution des indices de développement
humain
Du point de vue du développement humain, le premier
Rapport sur le développement humain a été
publié en 1990 par le PNUD et repose sur une nouvelle mesure composite,
l'IDH, Indice de Développement humain, au côté du PIB,
rendant mieux compte de la situation de développement d'un pays ou d'une
région (PNUD, 2010). Deux précurseurs, Mahbub ul Haq,
Pakistanais, et Amartya Sen, Indien, en sont les créateurs avec d'autres
penseurs du développement. Leur objectif a été de replacer
au centre des politiques de développement la personne humaine. La vision
originale reposait sur l'idée que « Le revenu est bien entendu
crucial: sans ressources, tout progrès est difficile. Mais il est
également essentiel de savoir si les gens ont la chance de vivre une vie
longue et en bonne santé, s'ils ont ou non accès à une
éducation et s'ils sont libres d'utiliser leurs connaissances et leurs
talents pour façonner leurs propres destinées » (PNUD,
2010b : ii).
Le RDH 2010 présente trois nouvelles mesures
intégrant « les avancées récentes de la
théorie et de la mesure » et réaffirmant « la
centralité de l'inégalité et de la pauvreté dans le
cadre d'analyse du développement humain » (PNUD, 2010b : 1). A la
mesure de l'IDH s'ajoute l'IDHI ajusté aux inégalités,
l'IPM, Indice de pauvreté multidimensionnelle26, et l'IIG,
Indice d'inégalité de genre. Les composantes par mesure sont
schématisées dans la note technique (PNUD, 2010 : 239). Pour
rappel, l'éducation est une composante de chaque indice et est
mesurée à partir de la durée moyenne et la durée
attendue de scolarisation.
L'évolution du développement humain dans le monde
peut se résumer comme suite :
- des progrès significatifs ont été
réalisés dans les pays à faible IDH et en Afrique
subsaharienne avec un taux de progression de respectivement 27%
et 21% ;
- cette progression s'explique surtout par la progression des
deux composantes de
l'éducation et de la santé et explique ainsi le
processus de rattrapage constaté
(PNUD, 2010 : 37) ; pour la composante éducation, le
groupe IDH faible
26 L'IPM comprend trois composantes auxquelles sont
attachées 10 indicateurs. Il faut rencontrer 2 à 6
déprivations (indicateurs) pour qu'un ménage soit reconnu comme
appartenant à cette catégorie (PNUD, 2010 : 113)
enregistre des taux de progression de 52% et 43% et l'Afrique
subsaharienne enregistre des taux de progression de 43% et 42% ;
- par contre, pour la composante revenu, l'écart se
creuse, s'il y a une progression mondiale de 47%, l'Afrique enregistre une
croissance de 28% ; en complément, le RDH 2010 mentionne une
progression entre 1970 et 2010 de 2,3% dans les pays développés
et de 1,5% dans les pays en développement (2010 : 52).
La situation en 2010 nous montre que c'est dans les pays
à faible IDH et en Afrique subsaharienne que les
inégalités dans les trois composantes de l'IDH restent les plus
fortes. Pour l'année 2010, la perte entre l'IDH et l'IDHI est de 40,8%
pour le groupe IDH faible et de 32,8% pour l'Afrique subsaharienne. En
complément pour l'Afrique subsaharienne, c'est dans la composante revenu
que l'inégalité est la plus forte avec un pourcentage de 45%
(PNUD, 2010 : 105).
Tableau 3.5. : Mesures du développement humain en
2010 et de son évolution depuis 1990
|
Evolution de l'IDH % de changement de
1990-2010
|
Indices en 2010
|
|
IDH
|
Espérance de vie
|
Alpha- bétisation
|
Scola- risation brute
|
Revenu
|
IDH
|
IDHI
|
Perte entre IDH et IDHI
|
IIG
|
Monde
|
18%
|
7%
|
15%
|
20
|
47%
|
0,624
|
0,489
|
21,7%
|
0,560
|
Développés OCDE
|
7%
|
6%
|
1%
|
14%
|
38%
|
0,879
|
0,789
|
10,2%
|
0,317
|
Pays moins développés
|
|
/
|
/
|
/
|
/
|
0,386
|
0,263
|
31,9%
|
0,746
|
Groupe IDH faible
|
27%
|
11%
|
52%
|
43%
|
44%
|
0,393
|
0,261
|
40,8%
|
0,748
|
Afrique subsaharienne
|
21%
|
7%
|
43%
|
42%
|
28%
|
0,389
|
0,261
|
32,8%
|
0,735
|
(Source : PNUD, RDH 2010, p. 34, 170, 179)
En ce qui concerne l'IPM, le rapport RDH 2010
mentionne que cette mesure est particulièrement adaptée aux pays
les moins développés. Selon cette mesure, un tiers de la
population de 104 pays, soit 1,75 milliard d'individus souffre de
pauvreté multidimensionnelle ; ce qui est supérieur au 1,44
milliard de personnes vivant avec moins de 1,25$/jour et inférieur au
2,6 milliards de personne vivant avec moins de
2$/jour. (PNUD, 2010 : 114-115). En Afrique subsaharienne, 65%
de la population souffrent de pauvreté multidimensionnelle. Mais en
comparaison avec les autres régions du monde, c'est en Asie du Sud que
le pourcentage est le plus élevé atteignant 51% contre 28% pour
l'Afrique subsaharienne (PNUD, 2010 : 116-117).
Le RDH 2010 relève aussi la faiblesse du lien
entre la croissance du PIB par habitant et les changements en matière
d'éducation et de santé. A partir de ce constat, le
20ème rapport RDH remet en question le dogme de la
croissance économique et de l'économétrie de la croissance
à partir duquel les politiques se fondent. Malgré tout, il
réaffirme le dogme du développement humain indépendamment
des résultats et des situations d'extrême pauvreté. Le
développement humain est une question de bien-être qui
dépasse la question de l'argent. Basé sur l'idée que <
les gens doivent choisir et poursuivre la vie qu'ils souhaitent >>,
l'accès à l'éducation, la capacité de vivre en
bonne santé et de prendre part à une société
respectueuse de chaque individu sont autant d'autres éléments
à prendre en considération (PNUD, 2010 : 133).
Figure 3.1. : Lien entre croissance des revenus et
l'IDH non monétaire
(Source : PNUD, RDH 2010, p. 57)
En ce qui concerne l'autonomisation et à la
liberté des gens c'est-à-dire < la capacité des
individus et des groupes à soutenir, concevoir et utiliser les processus
politiques et d'autres processus de développement au sein des
ménages, des communautés et des divers pays >>, le RDH
2010 met en évidence qu'elle fait partie intégrante du
développement humain. De l'enquête réalisée
auprès de la société civile, 76% affirmait que
l'autonomisation faisait < au plus haut point>> partie
intégrante du
développement humain. La dimension alphabétisation
et éducation apparaissait en premier comme dimension essentielle avec un
taux de 66% (PNUD, 2010 : 136).
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