4. CONCLUSIONS
De cette première analyse, qui avait pour objet
d'explorer l'évolution de l'offre éducative du point de vue de
l'efficacité et de l'efficience dans les régions à faible
revenu et particulièrement en Afrique subsaharienne, nous pouvons
souligner deux grands constats généraux. D'une part, les efforts
déployés par la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne sont
remarquables et ont engendré des avancées significatives en
termes d'accès. D'autre part, le déploiement rapide et intensif
des systèmes d'éducation, et de l'éducation primaire en
particulier, se heurte à de nombreuses contraintes, en termes
d'accessibilité des publics, d'organisation des structures, de
ressources financières et pédagogiques... Il engendre, dans son
sillage, une série de difficultés d'ordre quantitatif mais
surtout qualitatif. Cet état de fait est diversement reconnu par les
parties prenantes.
En référence à notre hypothèse de
travail sur la qualité des systèmes éducatifs
formulée comme condition préalable à la production d'un
développement « la mise en oeuvre des politiques
d'éducation primaire doit au préalable atteindre des niveaux
minimaux de qualité pour, éventuellement, produire du
développement », il semble bien qu'elle ne soit pas
rencontrée dans un certain nombre de cas. Nous devons objectivement
conclure que le déséquilibre constaté entre
l'investissement quantitatif et qualitatif nuit à l'atteinte de seuils
minimaux de qualité et de compétences maîtrisées.
Cette perception devrait toutefois être affinée car, comme le
rapport EPT 2011 le relève, les données relatives aux acquis
d'apprentissage manquent dans les pays d'Afrique subsaharienne pour pouvoir
établir un diagnostic objectif.
Pour maintenir la progression vers l'atteinte de l'objectif
d'éducation primaire pour tous d'ici à 2015 dans des conditions
qualitatives acceptables, il s'avèrerait nécessaire de se pencher
sur les objectifs de l'offre éducative. Du point de vue de
l'efficacité, il nous semble qu'il serait utile de
réfléchir à un meilleur équilibrage entre
l'équité d'accès en nombre, l'équité de
résultats (ou l'équité d'accès à un seuil
minimal de maîtrise des connaissances de base) et l'équité
catégorielle (pauvreté, genre, ruralité,
ethnicité...). Les progrès enregistrés
devraient être corrélés à des contraintes de seuils
minimaux d'acquis d'apprentissage, encadré par des stratégies de
gestion et pédagogiques renforcées. D'où, du point de vue
de l'efficience, il s'agirait de réfléchir à
l'efficacité technique en menant une réflexion autour d'un
meilleur équilibrage entre des stratégies de gestion et des
stratégies pédagogiques (organisation des systèmes,
enseignants, méthodes pédagogiques...). Une clarification semble
également utile entre les moyens alloués (nationaux et
internationaux) et les objectifs à poursuivre.
Enfin, étant donné les contraintes de
ressources, pourquoi ne pas ouvrir le champ de la réflexion et sortir de
la rigidité d'une orientation politique globale afin de dégager
des pistes de solutions plus flexibles ? A titre d'exemples, si l'on
considère que l'objectif d'apprentissage est de maîtriser les
savoirs de base (lire, écrire, calculer), faut-il pour cela suivre
automatiquement 6 années d'école primaire dans une classe pouvant
regrouper jusqu'à 104 élèves ? Il s'agit donc bien
d'effort d'ajustement au contexte et aux moyens à réaliser sans
s'éloigner de l'objectif d'éducation pour tous. Un report
d'échéance de l'objectif OMD 2 pourrait également se
concevoir dès à présent.
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