Spillane, Reiser et Reimer (2002) ont entrepris de
développer un cadre théorique ("cognitive framework")
à partir de la définition :
"La cognition individuelle [qui] renvoie
à l'interprétation individuelle des acteurs d'une nouvelle
politique, influencée par leurs connaissances antérieures, leurs
croyances, et expériences personnelles". (op. Cit. 2008.
p. 17).
Il est ici question de l'appréciation des politiques
par les personnels enseignants. Cette interprétation se fera en relation
avec leur vécu de personne et de professeur. C'est à partir de
cette idée que Spillane va introduire la notion de « cognition
située ». Pour lui, « Il existe un processus social
ou collectif de « sensemaking » où les acteurs co-construisent
le sens des politiques lors de communications formelles ou informelles ».
Ici, Spillane explique en quoi le contexte va influencer les
méthodes d'enseignement des professeurs. Nous l'avons vu, le contexte de
notre établissement étant identique pour chaque professeur, les
méthodes seront au coeur de notre analyse. Chacun va définir ses
priorités en fonction de ce qu'il pense être juste ou
pertinent.
Spillane (2000, 2002) a trouvé, par exemple, que la
variation dans la mise en oeuvre de normes nationales découle en partie
de « la variation dans la façon dont les dirigeants du district
[ont] d'interpréter et transmettre ensuite ces normes pour le
personnel scolaire, qui les ont ensuite réinterprétées en
fonction de leur propre contexte et des cadres de référence
». Chaque établissement est chargé d'appliquer la
circulaire de l'aide personnalisée en fonction du contexte local et des
apprentissages jugés les plus pertinents à développer.
Cela fait partie des prérogatives des enseignants, les décisions
prises devant être en rapport avec les préconisations et les
ordonnances du ministère représenté par les inspecteurs de
l'éducation nationale et l'inspecteur d'académie
(IEN18 et IA19).
L'intérêt principal de l'approche mise en avant
par Spillane, Reiset et Reimer (2002), est d'insister sur l'incontournable
besoin des acteurs de faire sens des politiques qui leur sont
présentées. Ces réformes doivent se faire unanimement sur
le territoire et de façon claire. Cependant, les auteurs vont mettre en
avant une « Difficulté de concilier le besoin de
spécificité et le besoin de généralité d'une
politique » (Lessard 2008. p 18). En effet, une politique doit
être générale pour ne pas être réduite
à des prescriptions techniques mais doit également être
spécifique pour éviter le « flou artistique ».
Elle doit affecter le système global des pratiques. Cette question va
nous permettre de débattre sur la problématique de l'application
du BO initiant l'aide personnalisée.
Comme vu dans ce mémoire, les acteurs, quand ils sont
consultés adhérent mieux aux
différentes lois. Spillane
va dans ce sens et montre comment la compréhension d'une
réforme
18 IEN : Inspecteur de l'Education Nationale
19 IA : Inspecteur d'Académie
par les agents qui la vivent se construit. Pour lui, l'acteur
est le centre du système. (1998, 2000, 2002).
Le niveau intermédiaire évoqué par cet
auteur dans l'acceptation des réformes serait représenté
par le directeur, il continue dans ses préconisations autour du travail
du directeur qui doit amener des techniques pédagogiques pour aider ses
collègues. (1998) « Les leaders seront dès lors à
même de produire une sorte d'« accessibilité cognitive »
de la réforme pour l'ensemble des acteurs concernés, permettant
alors une application plus souple et flexible, mais aussi plus riche de sens et
plus ouverte au développement autonome d'activités pertinentes.
».(Lessard. 2008. p. 19).
D'où l'importance de se demander encore ici si le seul
chef d'établissement est capable de réaliser cela. Est-il leader
d'office de par son statut ? Est-il reconnu pour ses qualités de
retranscription et de mise en application des lois et circulaires ? D'autres
enseignants caractérisé, selon Tochon (1993) d'« experts
», peuvent-ils être mieux à même de piloter ce
dispositif ? De plus, peut-on parler d'expertise dans un processus qui n'est en
vigueur que depuis 2008 ?
Spillane en 2002 nous donne une définition qui met en
lien ses travaux avec ceux de Lessard : « La cognition située
» : les enseignants sont « Influencés par le contexte
spécifique dans lequel ils se trouvent ». « Il existe un
processus social ou collectif de « sensemaking » où les
acteurs co-construisent le sens des politiques lors de communications formelles
ou informelles ». Ici, Spillane explique en quoi le contexte va
influencer les méthodes d'enseignement des professeurs. Nous en revenons
toujours au contexte local qui va jouer un rôle
prépondérant. Pour réussir une implantation, Spillane
(2000) recommande de démarrer l'implantation d'une réforme par le
"sensemaking" des leaders dans les districts et dans les
écoles, pour ensuite étendre correctement la réforme
à l'ensemble des acteurs.
« Le rôle des représentations
[qui] renvoie au rôle des stimuli politiques dans le processus
de faire sens, et principalement au rôle des représentations
extérieures ». (Lessard 2008. p. 18).
Pour aller plus loin dans l'analyse, Spillane (2000, 2002),
nous apprend que les facteurs
locaux doivent être pris en compte pour
que le modèle nouveau puisse bel et bien se
construire selon un
contexte et un cadre de référence. Les acteurs doivent s'emparer
de ces
facteurs et de ce contexte pour améliorer leur
travail. Les enseignants ont une responsabilité en milieu scolaire et
ils doivent pouvoir repérer et orienter les élèves en
difficulté vers des spécialistes (orthophonistes, instituts
spécialisés).
L'intérêt principal de l'approche mise en avant
par Spillane, Reiset et Reimer (2002) est d'insister sur l'incontournable
besoin des acteurs de faire sens des politiques qui leur sont
présentées. Ces réformes doivent se faire unanimement sur
le territoire et de façon claire. Cependant, les auteurs vont mettre en
avant une « Difficulté de concilier le besoin de
spécificité et le besoin de généralité d'une
politique » (Lessard 2008. p 18). En effet, une politique doit
être générale pour ne pas être réduite
à des prescriptions techniques mais doit également être
spécifique pour éviter le « flou artistique ».
Elle doit affecter le système global des pratiques. Cette question va
nous permettre de débattre sur la problématique de l'application
du BO initiant l'aide personnalisée.
Le travail en coopération entre enseignants nous
paraît ici intéressant de façon à confronter
plusieurs points de vue afin d'arriver à un but commun : implanter de
façon pérenne le dispositif de l'aide personnalisée dans
l'établissement.
En 2004, Spillane nous parlait déjà de
"distributed leadership" (leadership partagé), qui permet un effet
positif pour les équipes enseignantes.
Cependant, un leader, qu'il soit directeur ou non, permet,
selon lui une amélioration du sens du dispositif : « Les
leaders seront dès lors à même de produire une sorte
d'« accessibilité cognitive » de la réforme pour
l'ensemble des acteurs concernés, permettant alors une application plus
souple et flexible, mais aussi plus riche de sens et plus ouverte au
développement autonome d'activités pertinentes. ».
(Lessard. 2008. p. 19).
Spillane (2000, 2002) dans cet ouvrage nous explique la mise
en oeuvre des normes nationales adaptées au contexte local. Les acteurs
vont s'emparer de ce qu'ils jugent pertinent pour ensuite
réinterpréter la loi en lien avec les difficultés qui
peuvent être rencontrées dans leur établissement. "has
found, for example, that variation in the implementation of state standards
derives in part from variation in the way that district leaders interpret and
then convey those standards to school personnel, who then reinterpret them
based on their own context and frames of reference".
(Jennifer A O'Day. (2006). Complexity, accountability, and
school improvement. p. 6). Spillane (2004) nous fait aussi part des changements
internes à la suite de changements externes (une école face au
ministère en l'occurrence).
En France, les deux matières de base que sont le
français et les mathématiques occupent une place
prépondérante dans les apprentissages (cf le socle commun sur
le site du ministère). Il est juste de se demander si les
équipes enseignantes prennent la décision de n'améliorer
"que" les compétences des élèves en français et en
mathématiques, et cela quelque soit le niveau de classe, ou s'ils font
progresser les enfants sur d'autres aspects. Nous pouvons aussi nous
questionner sur le fait qu'une amélioration du "métier
d'élève" (Perrenoud 1994) puisse amener une progression dans
d'autres composantes d'enseignement.
Pour aller plus loin dans l'analyse, Spillane (2000, 2002)
nous apprend que les facteurs locaux doivent être pris en compte pour que
le modèle nouveau puisse bel et bien se construire selon un contexte et
un cadre de référence. Les acteurs doivent s'emparer de ces
facteurs et de ce contexte pour améliorer leur travail. Les enseignants
ont une responsabilité en milieu scolaire et ils doivent pouvoir
repérer et orienter les élèves en difficulté vers
des spécialistes comme par exemple le RASED, qui, même s'il est
amené à disparaître, est bel et bien encore existant lors
de la rédaction de ce mémoire.