Pour faire le lien avec ce qui a été vu
auparavant, nous partons d'un constat : le Ministère de
l'éducation nationale n'a pas mis en oeuvre une politique de formation
pour les enseignants portant sur la réforme de l'aide
personnalisée. Pour faciliter leur appropriation, peu de documents sur
les moyens de repérer les élèves en difficulté sont
disponibles. Enseigner lors de l'aide personnalisée est différent
qu'enseigner en « groupe classe ».17
Nous ne pouvons donc que déplorer le manque de ces
documents qui s'appuient avant tout sur les compétences
pré-supposées des enseignants. Ces derniers ont une
expérience plus ou moins longue dans le métier, avec des publics
différents et sur des niveaux de classe divers. Certains s'adaptent au
mieux pour apporter un « petit quelque chose » aux
élèves, et leur donner un regard nouveau sur des apprentissages
qui sont en cours d'acquisition.
Avant un résumé voulu le plus proche possible
de ces documents, voici une citation de Jean Houssaye qui nous pousse à
réfléchir : "L'innovation pédagogique, à
l'échelle de l'institution, est un échec ; elle ne produit pas
d'effets positifs pour une raison majeure : elle n'est pas mise en oeuvre et
l'immobilisme des acteurs est patent. Et pourtant le coeur de l'école
est touché, tant par rapport aux savoirs que par rapport aux
comportements". Nous y reviendrons dans une autre partie. (Houssaye Jean.
2011. Pédagogie, le constat : le changement ne se fait pas.
Carrefours de l'éducation 2011/4, HS N°2. Résumé
du livre sur le site du cairn :
http://www.cairn.info/resume.php?id
article=cdle hs02 0109.
Un travail local a été demandé aux
équipes pédagogiques afin de recenser ou d'appréhender les
difficultés des élèves de chaque classe de
l'établissement. Chaque école est pilotée
différemment en fonction de l'adhésion de ses enseignants ou de
son directeur. Nous en étudierons trois différentes. Cependant
c'est dans une unique école élémentaire que nous
analyserons les façons d'enseigner de plusieurs professeurs avec
à priori les mêmes choix pédagogiques au vu des temps de
réunion et du contexte établissement. Nous ne nous attendrons pas
aux mêmes discours étant donné que chaque personne a son
avis et ses méthodes pédagogiques, cependant une cohérence
devrait se détacher.
Le travail en petits groupes, espace de mise en confiance de
l'enfant par l'enseignant est la
base de la circulaire. Il est
demandé aux professeurs de développer les deux matières
17 Nous appelerons "groupe classe", le cours en
classe entière
principales que sont les mathématiques et le
français. Les objectifs éducatifs doivent être
définis auparavant et en relation avec ce qui est vu en classe. En
revanche, les différences pédagogiques sont cruciales : les
compétences travaillées en cours, doivent être atteintes
d'une « autre façon », car l'élève n'y
est pas arrivé en groupe classe. Par le fait que l'enseignant soit
« pour eux » (aspect affectif), et que le contenu soit
différent, il y aura un entretien de la motivation des enfants (jeux,
lotos, concours, cartes, informatique...).
Adaptée au contexte de l'établissement, l'aide
personnalisée nécessite une mutualisation de moyens pour que les
élèves qui participent puissent avoir une meilleure
qualité d'enseignement. Nous pouvons logiquement penser que plus les
enseignants travaillent en groupe, plus grande est l'émulation et plus
grande sera l'envie d'aider ces élèves. Des objectifs communs
peuvent être envisagés pour plus de facilité (mais a t-on
tous la même définition de facilité...A méditer
!).
Conformément au Bulletin Officiel (BO), aucun type de
difficulté rencontrée par des élèves ne saurait
être refusé, le niveau « en classe » n'étant pas
rédhibitoire comme critère de base. Prenons l'exemple du langage
en maternelle, chaque enfant peut très bien approfondir des notions
selon son niveau qui va ainsi évoluer tout au long de l'année en
relation avec de nouveaux objectifs.
L'enseignant devra être vigilant afin de repérer
le plus finement possible les élèves dont les besoins sont
avérés. Il est bien précisé que les
élèves peuvent rester le temps que le maître ou la
maîtresse trouve suffisant. La durée des « cycles » et
des « séances » sont à l'appréciation des
enseignants, le respect des deux heures pour l'aide personnalisée est
cependant impératif. Les deux « domaines prioritaires »
ciblés sont le français et les mathématiques. Pour chaque
cycle des objectifs sont donnés à titre informatif et
exécutoire, toujours en lien avec le cycle ou la classe
supérieure. Même si le principal critère est scolaire, les
enseignants pourront « ouvrir le dispositif » aux
élèves qui ont des difficultés pour s'exprimer et parler
en groupe classe, aux élèves plus timides ou à ceux qui
ont besoin d'être encadrés plus personnellement.
La durée demandée aux enseignants, nous l'avons
vu, est de 2 heures par semaine tout au plus pour chaque élève
rentrant dans le dispositif. L'élève peut n'être
présent que pour l'heure de mathématique et non pour celle de
français et inversement. Il serait d'après les textes,
préférable de privilégier plusieurs séances
brèves qu'une ou deux séances d'une heure. Plus les
élèves seront jeunes plus les séances seront brèves
et effectuées sur 3 à 4 séances par semaine
pour « sécuriser l'enfant » (30-45
minutes en maternelle par exemple). Toute cette organisation doit être
mise en lien avec les horaires de l'école, ceux du CLAE, et les rythmes
chrono-biologiques. Travaux de l'INSERM en 2001. ("Rythmes de l'enfant ; de
l'horloge biologique aux rythmes scolaires").
En ce qui concerne le déroulement de la séance,
il est abordé le style d'enseignement préconisé de
façon à "développer l'autonomie et favoriser l'initiative
des élèves". Quelques exemples sont donnés pour "aider
l'élève à progresser dans le domaine du français",
notamment pour la classe des CE1 (fin du cycle 2).
Il semble utile de se demander si, lors de cette
première rentrée, les écoles avaient toutes les
informations et si les équipes enseignantes avaient pu préparer
cette réforme dans les meilleures conditions.
Le seul "guide pratique pour l'aide
personnalisée" avec le sigle du MEN nous semble un peu léger
pour une première implantation d'un dispositif nouveau. Il apporte un
éclairage novateur en abordant des rubriques comme la "relation
d'apprentissage enseignant-élève en petit groupe" ou
"l'approche des contenus disciplinaires dans le cadre de l'aide
personnalisée". De plus, il est uniquement issu d'un travail du
département du Cher, donc officiellement pas du ministère ni de
notre académie.