CHAPITRE V : QUELLE PORTEE DES RESULTATS ET DES
CHANGEMENTS SUR L'IMPLANTATION EN SITUATION D'EDUCATION ?
V. 1) L'application des politiques par les acteurs de
terrain.
Le relatif intérêt pour l'action des chefs
d'établissement, se fait sentir dès que l'on doit aborder une
nouvelle réforme. Dans ce dispositif de l'aide personnalisée,
hormis la limite due au fait que nous n'ayons que l'avis de trois directeurs,
nous avons vu grâce aux cadres théoriques que le leader n'est pas
forcément le directeur.
L'émulation qu'il va réussir à
créer permettra d'obtenir une ambiance propice au travail de groupe dans
les écoles respectives. Spillane insiste là-dessus. De plus,
comme nous avons pu le voir, l'animation de la circulaire ne dépend pas
forcément du seul directeur. Un enseignant motivé ou qui se sent
compétent peut prendre le relais et impulser une dynamique. Comme
l'avait préconisé le bulletin officiel, chaque
établissement est chargé d'appliquer la circulaire de l'aide
personnalisée en fonction du contexte local et des apprentissages
jugés les plus pertinents à développer. Ceci est
impossible à faire seul, les enseignants doivent donc se concerter, ici
nous ne rejoignons pas Spillane qui pense que les directeurs auraient comme un
rôle de « chef d'école » et, de ce fait, une plus grande
légitimité dans l'exercice de leurs fonctions.
De plus, le contexte mérite une analyse que les
professeurs n'ont pas le temps de faire, les heures de concertation
n'étant pas assez nombreuses.
Lessard et Spillane parlent de cognition située, les
enseignants sont « Influencés par le contexte spécifique
dans lequel ils se trouvent ». Cela rejoint ce que nous venons de
dire.
Les leaders devraient travailler en groupe afin d'amener une
meilleure « dynamique » (si nous
nous référons aux cadres théoriques).
Cependant, cela ne peut être fait en France, le directeur est un
enseignant comme les autres, il a juste un rôle administratif plus
important.
Les enseignants étant « Influencés par le
contexte spécifique dans lequel ils se trouvent », il est donc
important qu'ils se sentent soutenus, ou à défaut,
écoutés.
Ceci nous conduit à l'idée émise que la
nomination d'un enseignant surnuméraire dans chaque école
pourrait être un dispositif pertinent pour plusieurs raisons :
· Le travail en petits groupes serait possible,
· Les classes seraient moins surchargées,
· Ces enseignants là seraient plus
spécialisés quant aux problèmes spécifiques de
certains élèves,
· Cela pourrait combler la perte des RASED.
Nous avons pu voir que les acteurs de terrain, dans la
majorité des cas n'étaient plus intéressés par une
réforme supplémentaire qui ne les satisfont pas. Encore une fois,
les « ordres viennent d'en haut », et même s'il est
préconisé de faire agir des intermédiaires pour faciliter
l'implantation de la loi, il est aussi avancé par Spillane de tester
dans certains établissements la réforme en question. Hors,
à notre connaissance, tous les établissements ont du s'organiser
en même temps sans aucune directive, le législateur s'appuyant sur
un travail (hypothétique ?) des directeurs qui remplaceraient dans bien
des cas des intermédiaires dans l'appropriation des changements.
L'amélioration du travail des élèves se
ferait sur des points spécifiques et adaptés au contexte local
défini par les équipes pédagogiques.
Le directeur quand il n'est pas en mesure d'effectuer son
travail d'animateur du dispositif pourrait être aidé par les IEN
(Inspecteurs de l'Éducation Nationale) afin de réaliser ce
travail d'instance intermédiaire. Éloignés du terrain, ne
pouvant être actifs partout et ayant d'autres missions, ceux-ci ne
peuvent être en capacité de réaliser cette tâche et
les responsables d'établissements sont dès lors livrés
à eux mêmes.
L' équipe d'enseignants doit être solidaire et
efficace car il est évident que pour nous ce travail ne peut et ne doit
pas se faire à partir d'une seule personne, même animée de
bonnes volontés. Les législateurs ne prennent pas en compte les
revendications enseignantes (cela ressort de nombreux entretiens), nous verrons
que cela entraîne des dysfonctionnements.
|