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L'aide personnalisée en école primaire: quelle utilité pour les élèves?

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par Lionel Mayorgas
Université Toulouse II le mirail - Master I sciences de l'éducation 2012
  

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V.2) Politiques éducatives et conséquences sur le métier d'enseignant.

Pour LESSARD, changer les matières, (voire les enseignants !) ne suffirait pas à faire admettre une loi. Comme l'avait avancé Spillane, il faut des paliers intermédiaires pour que les enseignants puissent mener à bien une transformation de leurs pratiques.

La « dépossession du métier », ainsi que « l'intensification du travail enseignant » sont apparues évidentes dans les discours enseignants de notre étude. Ils se voient de plus en plus comme de simples personnes interchangeables ou facilement malléables que comme de vrais acteurs de terrain. Cette dépossession a un effet désastreux, une rupture entre le législateur et les acteurs de terrain étant de plus en plus flagrante.

Nous avons effectué une revue des lois depuis plusieurs années, avec comme objectif de souligner que les enseignants devaient perpétuellement changer de façon de travailler. Lessard nous dit : « Le récit des réformes, celui de leur mise en oeuvre et de leurs résultats, est souvent celui d'espoirs déçus, voire de désillusions profondes, à tel point qu'un sentiment de scepticisme, voire de cynisme est fort répandu dans les milieux institutionnels ayant subi des réformes ou des cascades de réformes ».

Cette citation est révélatrice d'un malaise enseignant, l'Etat ne propose pas, il impose, et ceci de tous temps. Des équipes de « spécialistes » sont chargées d'établir des programmes ou des recommandations, mais ceci bien loin du terrain et des difficultés que peuvent éprouver les professeurs dans leur quotidien.

Les enseignants interrogés dans cette étude sont parfois désabusés parce que chaque année ce sont les mêmes enfants qu'ils retrouvent en aide personnalisée. Dans certains discours nous pouvons même entendre que « d'un jour à l'autre tout est oublié ». Les professeurs sont donc septiques quant aux bienfaits de ce dispositif. Un sentiment réel de manque de temps en groupe classe vient renforcer cette idée.

L'obligation faite aux enseignants « d'étendre leur champ d'activité » les rend hostiles quant à la perte des 2 heures de travail hebdomadaire avec tous les élèves réunis. Il y a de ce fait un décalage entre le « travail d'interprétation de la politique » et les « contraintes objectives ».

V.3) Articulation des données

Il apparaît dès lors intéressant d'instaurer un système d'aide pour les élèves en difficulté en plus des 26 heures de classe. Certaines communes le font avec des animateurs, loin de dénigrer ceux-ci (certains ont des diplômes universitaires), ces dispositifs ne sont pas aussi efficaces que le travail qui pourrait être accompli avec un enseignant ayant quelques élèves.

Les 26 heures de classe permettraient ainsi de boucler plus facilement les programmes qui ont été surchargés en 2008, en même temps que l'instauration du BO concernant l'aide personnalisée, qui au lieu de donner plus de temps au groupe classe, impose une perte de ces 2 heures...

Ce qui nous intéresse ici, pour répondre au mieux à notre problématique serait de connaître les modalités d'évaluation du système. Certains enseignants l'ont bien dit, « cela ne sert à rien ». Pour d'autres en revanche, l'aide personnalisée est efficace et les résultats des élèves sont consignés dans des fiches techniques. Pour tous, nous avons un point de vue commun concernant les élèves pouvant progresser : « les élèves en difficulté légère ». Les « cas pathologiques » ou « les élèves étant suivis par ailleurs » ne sont pas prioritaires ou ne peuvent être aidés que par des enseignants spécialisés.

La dépossession du métier d'enseignant est expliquée par Lessard de façon intéressante : «on constate que les politiques, dans plusieurs secteurs institutionnels, si bien pensées soientelles, « atterrissent » mal sur le terrain des pratiques et qu'elles y perdent beaucoup de leur sens et par là de leurs effets recherchés. » (2008, année de la création du dispositif).

Nous mettrons en relation cette citation avec ce qui a été dit auparavant, notamment le fait que « la base », c'est à dire les enseignants, ne sont pas consultés et « subissent » des réformes qui sont, dans la plupart des cas, vécues comme inadaptées. Certains enseignants, dans leurs discours se sont clairement montrés hostiles envers la circulaire, et ce depuis le début. Leurs collègues, un peu plus expérimentés, après avoir observé les effets du dispositif pour se faire une opinion, sont en règle générale, plus partagés par le fait d'avoir perdu 2 heures pour créer l'aide personnalisée.

Il est maintenant approprié de se pencher plus en détail sur la problématique de ce mémoire : « Est-ce que ce dispositif est bénéfique pour les élèves ? ».

Si nous reprenons les différents points de questionnement du mémoire, nous pouvons affirmer que :

Les moments de travail en aide, ne sont pas les mêmes qu'en groupe classe, tous les enseignants ont insisté sur ce point. Des supports plus ludiques, plus attractifs sont conçus par leurs maîtres ou maîtresses, et ce, même si ces derniers sont mécontents du dispositif. Les enseignants aménagent leur classe de façon à créer de meilleures conditions de travail pour leurs élèves.

Le manque de coordination entre les enseignants, par absence de temps de concertation est préjudiciable. Par contre, ils ont tous créé des supports originaux (jeux de carte, jeux de l'oie, loto...) pour rendre ce moment ludique. Pour la plupart des enfants, il y a une envie de participer qui se retrouve plus tard en groupe classe.

Les deux heures « perdues » sont une aberration pour la plupart d'entre eux. Malgré tout, étant fonctionnaires, les professeurs sont « obligés » de respecter les consignes venues « d'en haut » (cela ressort dans tous les entretiens).

Le fait de ne pas avoir été consulté est dommageable, et ce, pour toutes les catégories de classe des enseignants interrogés.

La pertinence du dispositif est à remettre en cause étant donné que ce sont toujours les mêmes enfants qui sont amenés à y participer. Les enseignants ont ensuite une marge de manoeuvre pédagogique qui est propre au métier. On ne peut donc pas dire que l'enseignant des CE1 ou CE2 (par exemple) n'est pas assez actif, puisque certains élèves sont chaque année les mêmes à être concernés par le dispositif, dixit les enseignants de l'école.

Chaque enseignant garde ses élèves dans le dispositif. Nous pourrions émettre une réserve dans le sens où une méthode d'enseignement nouvelle pourrait être efficace pour l'enfant. Cependant, pour éviter les conflits socio-cognitifs, et pour être plus efficace quant à la réponse aux difficultés de leurs élèves, chaque professeur garde son public, de façon à voir une amélioration possible dans le groupe classe. Ceci étant moins vrai en maternelle, les échanges entre les maîtres sont plus fréquents et apportent une vision différente à l'enfant.

Les résultats attendus par le législateur ne sont clairement pas atteints. Pour quelques
professeurs, dans les deux matières que sont le français et les mathématiques, il n'y a qu'une

très faible part des élèves qui comprend les notions reprises le soir avec le professeur.

Le point positif, évoqué également par le ministère est de redonner confiance à l'enfant. Ici avec nos enseignants-sujets, c'est un objectif non négligeable, voir le but le plus important pour eux. Ils obtiennent des résultats convaincants et visibles en groupe classe.

Aucune évaluation n'a été faite, les professeurs se sentent un peu perdus (« Est ce que je fais ce qu'il faudrait ? P.). « Je garde ces élèves en aide pour justifier d'un maintien dans le niveau de classe ». (MH, V, MS.).

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci