IV. 2) 2. L'adhésion des enseignants :
Il est clair que les enseignants (ils l'ont fait remarquer),
de par leur statut de fonctionnaire, doivent respecter les directives du
ministère. Ils ont tous appliqué le dispositif de l'aide
personnalisée par obligation. Malgré tout, la moitié
d'entre eux a pu croire en un dispositif novateur ou continue de croire en une
efficacité possible, même si elle est limitée.
Entre eux, ils parlent de temps en temps de ce dispositif,
face au chercheur seuls 3 enseignants (sur 11) pensent que les collègues
s'y investissent, alors que dans les conversations, cet avis ne semble pas
transparaître.
Nous ne pouvons occulter les nombreuses remarques
argumentées (nous ne sommes pas là pour émettre des
jugements), de la part des professeurs qui décrient le fait d'avoir
enlevé 2 heures à tous les élèves alors que les
programmes se sont alourdis (art plastique, EPS, histoire de l'art...). Ils
n'ont, selon leurs dires, pas le temps de boucler leur programme. Cela est ici
évoqué car représentant un frein pour l'adhésion
des enseignants.
Chacun, dans sa classe, essaie de trouver des moyens de
"récupérer" ces deux heures (enlever la piscine en CP, proposer
des fiches à trous aux élèves en polycopié au lieu
de leur faire écrire toutes les phrases, continuer à suivre
à la lettre les durées d'enseignement, etc.)
Les niveaux de classe concernés déplorent la
disparition des RASED alors que les autres niveaux déplorent le fait de
n'y être déjà plus associés.
(L. : "C'est une absurdité d'enlever les RASED, les
enseignants n'étaient déjà pas très nombreux pour
les élèves en grande difficulté").
Pour résumer, les enseignants sont contre ces deux
heures en moins pour le groupe classe, même en essayant d'y
remédier. Ils nous confient que les élèves avec du
potentiel ne sont pas
touchés, tandis que les élèves en trop
grande difficulté ne le sont pas non plus car l'aide dont ils ont besoin
relève de la compétence d'enseignants spécialisés.
Seuls les élèves "moyens" y gagneraient.
Ils sont tous d'accord sur le fait que les
élèves en difficulté légère
bénéficient d'effets positifs, mais une partie seulement des
enseignants adhère au BO car "il ne résout pas les
problèmes pathologiques" et qu'il "fait disparaître deux
heures de cours en groupe classe".
IV. 2) 3. L'évaluation du dispositif :
A l'unanimité des enseignants pouvant
l'évaluer, (Nous ne prendrons pas en compte l'avis des deux
maîtresses de CP car la maturation peut être due à d'autres
facteurs), il y a une amélioration "globale" du comportement face au
travail, soit de tous, soit de l'ensemble du groupe pris en aide
personnalisée.
Quand on analyse les matières étudiées,
on peut remarquer que les résultats sont plus nuancés et que les
avis sont divisés entre un apprentissage plus ou moins prégnant
et une stagnation. Il est ici difficile pour les enseignants de donner un avis
précis, ils ont plutôt un ressenti, ils n'évaluent pas les
performances des élèves durant le dispositif de l'aide
personnalisée (ce n'est pas le but demandé). Ils ont un retour
difficilement observable de leur action pendant l'aide sur le travail
demandé en classe.
Par rapport à l'amélioration du métier
d'élève, celui-ci est mis en activité par l'enseignant.
Plus ou moins volontairement, par les dispositifs mis en place par leur
professeur, les enfants vont être amenés à avoir plus
d'interactions avec leurs camarades (parfois transposable en classe, but
recherché et qui est dans l'ensemble atteint). Avec le maître
l'enfant a une vision différente de celui-ci, il se l'approprie, cet
aspect est également apprécié et recherché par les
enseignants qui voient en cela une forme de motivation (pour eux notamment
!).
Leur vision du dispositif le confirme : ils sont là
pour aider à apprendre et agir sur la confiance. Ces deux
critères sont cumulés avec des apprentissages ludiques, qui sont
détournés pour arriver à assimiler des savoirs
scolaires.
Sur l'efficacité de l'aide, les avis sont plus que
partagés ! Nous pouvons faire ressortir le fait que globalement,
l'efficacité peut être obtenue grâce à un maintien
dans le dispositif. Le
problème relevé est que ces élèves
là, sont en permanence à l'aide, et ceci parfois depuis des
années pour certains. Il y a t-il donc une utilité ?
Pour les élèves en grande difficulté,
l'aide personnalisée n'amène aucune progression, et les
enseignants décident de ne les prendre que sur une période,
préférant garder une place pour un élève à
qui le dispositif permettrait de progresser.
On peut se permettre, à l'aide du discours
d'enseignant, de se poser la question de la pertinence de ce dispositif :
est-il nécessaire de garder ces élèves là aussi
longtemps dans le processus ? Peut-on faire une "rotation" dans les
élèves pris en charge ? Comment améliorer le travail
d'enfants qui avaient déjà du mal avec un volume horaire de 26
heures par semaine et qui n'en n'ont plus que 24 ? Pourquoi les
élèves en grande difficulté ne sont plus pris en aide
personnalisée ?
Toutes ces questions seront approfondies dans d'autres projets
de recherche.
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