§.2. Les effets du safe house
La mesure de placement au safe house entraîne des
conditions de vie d'une personne en semi liberté (A) et
prend fin à certaines occasions (B).
A. Les conditions de vie au safe house
Contrairement à une personne libre capable de se
choisir sa propre résidence, l'acquitté du TPIR est maintenu dans
un bâtiment choisi par le Tribunal, mais ne relevant pas non plus de
l'établissement pénitentiaire82.
Dans le safe house, presque au méme titre que
le détenu, l'acquitté vit et n'est autorisé à
circuler qu'à des occasions limitées et autorisées et sous
escorte discrète des agents de sécurité des Nations
unies83. De même, son alimentation, son hébergement et
ses soins de santé et d'hygiène sont pris en charge par le
Tribunal sur le budget destiné au centre de détention à
l'exclusion de l'habillement qui reste assuré aux frais propres de
l'acquitté84.
Cependant, à la différence du détenu, il
bénéficie dans le cadre de sa communication avec
l'extérieur de certains avantages notamment de l'accès à
l'Internet. En plus de son droit habituel aux visites de son
choix85, y compris le droit à des visites conjugales mais
80 Voir à titre d'exemple, Le Procureur c.
André NTAGERURA, supra note 77, pars. 14-39.
81 Voy. Le Procureur c. Emmanuel BAGAMBIKI, A.
NTAGERURA et S. IMANISHIMWE, supra note 23, par. 15.
82 Le Procureur c. André NTAGERURA,
supra note 77, par. 12.
83 Le Procureur c. André NTAGERURA,
supra note 75, par. 9.
84 Voy. interview avec l'un des acquittés dont
le nom est gardé sous l'anonymat pour ses raisons propres, 23 juin
2007.
85 Il faut noter que le droit aux visites est
également reconnu aux détenus du TPIR mais à l'exclusion
des visites conjugales.
après avertissement des services de sécurité
du Tribunal86, il dispose d'une ligne téléphonique aux
frais du Tribunal dans les limites raisonnables87.
B. La fin du séjour au safe house
Selon la jurisprudence établie par TPIR, le
séjour au safe house prend fin lorsque le Tribunal est
convaincu que d'autres conditions exigées pour garantir la
présence de l'accusé en appel sont réunies pour lui
accorder la libération totale. La personne acquittée doit par
exemple fournir au Tribunal deux personnes de bonne moralité se portant
garantes de sa disposition à répondre à la justice
à tout moment. Elle doit signifier son adresse et s'engager à
informer le Tribunal et la Police la plus proche en cas de changement
d'adresse, se présenter à la Police la plus proche une fois par
mois, ne pas sortir du pays de résidence sans l'autorisation
écrite du Tribunal, remettre ses titres de voyage à la Police
locale, sauf indication contraire du Tribunal88. Ces mesures ne sont
ni plus ni moins qu'une mesure de contrôle judiciaire même si les
juges se gardent d'utiliser une telle terminologie.
Le séjour au safe house arrive
également à son terme à l'aboutissement du procès
en cas de confirmation de l'acquittement par la Chambre d'appel. Cette
décision aura pour effet d'anéantir toutes les conditions
auxquelles la remise en liberté de l'acquitté était
assujettie. Dans ce cas, l'accusé sera définitivement
relâché car il ne sera plus requis de comparaître devant le
Tribunal89.
Cependant, il est à noter que, dans la pratique du
TPIR, les personnes acquittées restent gardées dans le safe
house méme après l'acquittement définitif. Il en est
ainsi pour permettre de résoudre d'autres difficultés
soulevées par la mise en oeuvre de la remise en liberté de
l'acquitté90.
86 Voy. interview, supra note 84.
87 Le Procureur c. André NTAGERURA,
supra note 75, par. 9.
88 Voir Le Procureur c. Ignace
BAGILISHEMA, supra note 8, par. 11; Le Procureur c. Ignace
BAGILISHEMA, Affaire no ICTR-95-1A-T, Décision du
Greffier en application de la décision sur la requête du Procureur
sur le fondement de l'article 99 B), 8 octobre 2001, pars. 4-11. Signalons que
pour le cas de BAGILISHEMA, la France a promis au Tribunal de l'accueillir dans
les conditions fixées par le TPIR.
89 Voir Le Procureur c. Ignace BAGILISHEMA,
Affaire no ICTR-95-1A-T, Chambre d'appel, Arrêt, 3 juillet
2002, par. 113.
90 Pour le moment, deux personnes
définitivement acquittées sont toujours placées au
safe house en attente de retrouver une autre destination. Il s'agit
d'André NTAGERURA et André RWAMAKUBA.
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