2/ la surveillance de l'évolution des prix des
actifs
La responsabilité de la politique monétaire de
surveiller l'évolution des prix des actifs peut s'expliquer par les
raisons suivants :
· Tout d'abord, on a fait valoir que les prix d'actifs
incorporaient des informations utiles sur la conjoncture à venir, ou du
moins sur son anticipation par les agents économiques. En particulier,
la structure par terme des taux d'intérêt, l'écart entre
taux longs et taux courts, révèle logiquement les
prévisions d'inflation à des horizons plus ou moins
éloignés.
· Un deuxième argument consiste à affirmer
que les banques centrales doivent stabiliser les prix d'actifs parce que c'est
là un objectif socialement souhaitable. Les autorités
monétaires devraient chercher à limiter la volatilité de
ces prix, comme elles cherchent à réduire celle des prix des
biens et services. Ce n'est pas qu'elles devraient réagir aux uns pour
stabiliser les autres, c'est que le lissage des prix d'actifs est un objectif
en lui-même.
· Enfin, la stabilité des marchés des
capitaux est devenue une nécessité à cause de
l'environnement internationale perturbé, à savoir la
montée de la globalisation financière.
3/ autres mutations de la politique
monétaire
Outre la surveillance des prix des actifs et la sauvegarde de
la sauvegarde de la stabilité financière, la politique
monétaire est affectée par d'autres changements : le
développement des instruments de marché et la modification des
canaux de transmission.
a) la modification des canaux de transmission
Jusqu'au milieu des années 1980, la banque centrale
peut facilement agir sur les arbitrages de portefeuille en faisant varier les
taux d'intérêt. Ainsi, une hausse des taux diminue la
détention d'encaisses liquides des agents et donc leur capacité
de dépenses. La demande diminue ainsi que les éventuelles
tensions inflationnistes. Le développement des marchés de
capitaux a réduit l'efficacité de ces canaux traditionnels. Dans
un contexte concurrentiel, la transmission de la politique monétaire au
coût du crédit n'est plus aussi automatique, les entreprises
pouvant se financer directement sur les marchés financiers.
La contrainte de liquidité pesant sur les
ménages s'est également desserrée. Le développement
des marchés financiers augmente la liquidité des titres, les
arbitrages entre monnaie et titres sont plus immédiats, de sorte que les
agents ont moins besoin de détenir des encaisses préalablement
à toute dépense. Dans le même temps, les bilans des agents
non financiers, ceux-ci détenant davantage de titres, sont devenus plus
sensibles aux variations des taux d'intérêt ou indirectement
à travers les effets de richesse. La variation des taux
d'intérêt modifie le cours des titres et donc la richesse
potentielle des agents qui les détiennent, ce qui peut avoir un impact
sur leur comportement de dépense. Le canal des taux
d'intérêt passe ainsi aujourd'hui en grande partie par les
marchés financiers. Une partie de l'action de la banque centrale sera de
convaincre les marchés de l'efficacité et de la durée de
son action, seul moyen de modifier les anticipations d'inflation. Les effets
d'annonce et de signal deviennent aussi importants que
l'action elle-même.
b) le développement des instruments de
marché
Les instruments à la disposition des autorités
monétaires ont vu leur nombre se réduire fortement dans ce nouvel
environnement financier.
Les instruments de contrôle direct, de nature
réglementaire, tels que l'encadrement du crédit ou le
contrôle des mouvements de capitaux ont peu à peu disparu, perdant
de leur efficacité dans un monde de plus en plus
déréglementé et concurrentiel. Les banques, seules
soumises à ces contraintes puisque ce sont elles qui créent de la
monnaie, sont pénalisées par rapport aux autres institutions
financières, mais également par rapport au financement direct, ou
par rapport aux établissements étrangers non soumis à de
telles contraintes. L'efficacité de ces instruments est en outre
réduite avec le développement des marchés financiers,
source de désintermédiation.
Enfin, ces instruments sont source d'inefficience puisqu'ils
limitent la concurrence, figent les parts de marché et pénalisent
les établissements les plus dynamiques. Ce sont ces mêmes raisons
qui expliquent le déclin de l'utilisation des réserves
obligatoires. Par ce mécanisme, la banque centrale oblige les banques
à maintenir un pourcentage de leurs actifs les plus liquides en
réserve à la banque centrale, ce qui augmente leur besoin e
refinancement et freine la création monétaire. Cependant, ces
réserves obligatoires ont un coût pour les banques, ce qui les
pénalise par rapport leurs concurrents. On constate pour ces raisons un
déclin de l'usage de cet instrument depuis le milieu des années
1980.
Aujourd'hui, la politique monétaire repose quasi
exclusivement sur l'instrument du taux de refinancement. Les anciennes
procédures, assez rigides, où la banque centrale décidait
du montant et du taux de son refinancement, telles que les procédures de
réescompte, ont peu à peu laissé place à des
procédures dites de marché. Les autorités
monétaires interviennent désormais directement sur le
marché monétaire, laissant les banques exprimer leurs besoins et
leurs offres de taux. Finalement, le refinancements' effectue à taux
variables, reflétant l'état du marché.
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