IV- Les nouvelles responsabilités de la politique
monétaire
Comme on a vu précédemment, la politique
monétaire s'exerce dans un cadre économique et financier de plus
en plus complexe en présence de la globalisation et de l'innovation
financière.
Dans ce nouvel environnement, la politique monétaire a
subi de différents changements dont les principales consistent à
la sauvegarde de la stabilité financière et la surveillance de
l'évolution des prix des actifs.
1/ la stabilité financière :
nouvelle urgence pour les banques centrales
Le concept de la stabilité financière est
lié à la mondialisation. La stabilité financière
peut se définir comme une situation dans laquelle le fonctionnement des
différentes composantes du système financier s'effectue de
manière saine. Autres la stabilité monétaire, les banques
centrales sont appelés à sauvegarder la stabilité
financière du pays à cause de ce mouvement de globalisation et
d'innovations financières. Le maintien de la stabilité
financière par la banque centrale s'exprime par des moyens variés
dans deux domaines primordiaux, à savoir la régulation et le
contrôle bancaire d'une part et la sécurité des
systèmes de paiement d'autre part.
a) la régulation et le contrôle
bancaire :
Dans le domaine de la régulation et du contrôle
bancaire, le contrôle bancaire doit être exercé par un
organisme indépendant. Or, l'indépendance des banques centrales
vis-à-vis de tous les intérêts est
généralement incontestable. Mais leur légitimité
provient également de leur connaissance en continu du système
bancaire et de leur expertise dans ce domaine. Les formes d'engagement d'une
banque centrale dans le contrôle bancaire peuvent être
variées. Si, dans de nombreux pays, elle exerce directement cette
tâche, dans d'autres pays la supervision peut être destinée
à un organisme indépendant ou partagée par la banque
centrale avec d'autres entités. Mais, quelles que soient les
modalités, il est absolument indispensable que la banque centrale soit
fortement impliquée dans le contrôle bancaire, directement ou par
des liens avec l'organisme en charge de ce contrôle à qui elle
fournit des données et dont elle conforte les analyses. Cet engagement
est l'un des axes incontournables de la stabilité financière.
Cela ne signifie pas qu'il constitue une garantie permanente et absolue contre
tout risque de mauvaise gestion ou de défaillance, mais que l'on ne peut
se passer de l'apport de la banque centrale, en particulier de sa connaissance
intime du fonctionnement des banques.
Par ailleurs, dans la mesure où la banque centrale,
seule fournisseuse de monnaie centrale, est par nature le prêteur en
dernier ressort potentiel, il n'est pas envisageable qu'elle soit
éloignée du suivi de la gestion d'établissements dont elle
peut être amenée à renflouer la liquidité.
b) la sécurité des systèmes de
paiement :
Les banques centrales ont également une
responsabilité majeure dans la conception, la régulation et la
surveillance des systèmes de paiement puisque le noyau central de ces
derniers est le vecteur des interventions sur le marché. La
responsabilité en matière de contrôle bancaire implique
donc une connaissance actualisée des situations individuelles des
institutions financières, celles-ci contribuant à renforcer
l'efficacité de la surveillance des systèmes de paiement. Les
deux missions sont intimement liées et se renforcent l'une l'autre. Les
responsabilités des banques centrales vis-à-vis des
marchés sont plus diversifiées. Celles-ci ont des
responsabilités directes sur le marché monétaire et les
marchés de taux, et indirectes sur les marchés d'actions. D'une
façon générale, elles disposent d'une connaissance du
fonctionnement global de l'ensemble des marchés que peu d'organismes
possèdent, puisque celle-ci est inhérente à leur mission.
Les différents segments des marchés sont des terrains sur
lesquels se transmettent les signaux et les effets de la politique
monétaire. Les banques centrales sont donc obligées, de par leur
mission en matière de stabilité des prix, d'avoir une
connaissance très large et intime du fonctionnement des marchés,
même si leur responsabilité de régulateur est très
inégale selon les compartiments de ces marchés. Enfin, un dernier
facteur incontestable de légitimité du rôle des banques
centrales dans la stabilité financière tient en ce qu'elles sont
le seul fournisseur ultime de monnaie centrale, ce qui leur donne une
responsabilité de premier plan dans la gestion des crises
financières et in fine pour jouer éventuellement le rôle de
prêteur en dernier ressort.
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