2- Incidence de l'évolution des prix des actifs
sur la demande agrégée
Selon la théorie économique, deux composantes de
la demande agrégée sont susceptibles d'être
influencés par les prix des actifs: l'investissement et la consommation.
En ce qui concerne l'investissement, nous nous limiterons à celui des
sociétés, en omettant l'investissement en logement des
ménages.
a) Effet sur l'investissement :
La première section a analysé l'effet de
l'évolution des prix des actifs sur l'investissement à partir du
ratio Q Tobin. Dans le cas où les investisseurs estiment que la
rentabilité du capital augmentera, ce ratio dépasse 1, comme
c'était le cas à la fin des années 1990 aux Etats-Unis.
Graphique 11 : Évolutions historiques du Q
de Tobin aux États-Unis
Source : www. Wikipedia.fr
La courbe de l'évolution de Q de Tobin a une tendance
baissière à la fin des années quatre-vingts, alors qu'il a
atteint un sommet de 1.8 en 2000. Un Q de Tobin important ou supérieur
à 1 signifie que l'entreprise en question a intérêt
à augmenter son stock de capital fixe (donc à investir), car
l'augmentation de la valeur boursière sera supérieure au montant
investi. Cette hausse du ratio Q est justifiée par la hausse des cours
boursiers au cours de cette période.
Graphique 12 : variation de l'indice S&P500 et
part des investissements dans le PIB aux Etats-Unis
Source :
Quentin Wibaut, POLITIQUE MONÉTAIRE ET PRIX DES ACTIFS: LE CAS
DES Etats-Unis, banque nationale de Belgique, WORKING PAPER No.11 - AOUT
2000,p30
Une comparaison, faite par le BRI, de la part des
investissements dans le PIB et du taux de croissance des prix des actions
indique une légère corrélation entre ces deux variables
(graphique 12).
b) Effet sur la consommation :
L'analyse de l'effet de la richesse sur la consommation des
ménages remonte à la théorie du cycle de vie
développée par Modigliani (1963). Selon cette théorie, les
ménages cherchent à lisser leur consommation sur l'ensemble de
leur cycle de vie. Parce que leurs revenus courants ne correspondent pas
nécessairement à leur niveau de consommation "lissée", ils
doivent épargner à certains moments et désépargner
à d'autres. Ceci rend nécessaire la constitution d'un stock de
richesse. Une augmentation des prix des actifs va permettre aux ménages
de constituer plus rapidement le stock de richesse qu'ils jugent
nécessaire au maintien de leur niveau de consommation. Leur taux
d'épargne courant pourra baisser et leurs dépenses augmenter.
L'augmentation du stock de richesse donne lieu à une augmentation de la
consommation répartie sur tout l'horizon de vie du ménage. Ainsi,
la consommation courante augmente légèrement et l'épargne
courante diminue légèrement puisqu'il n'est plus
nécessaire d'épargner autant pour constituer le stock de
richesse.
Graphique 13 : taux d'épargne des
ménages aux États-Unis
Source :
Quentin Wibaut, POLITIQUE MONÉTAIRE ET PRIX DES ACTIFS: LE CAS
DES Etats-Unis, banque nationale de Belgique, WORKING PAPER No.11 - AOUT
2000,p33
Comme on le voit au graphique 13, le taux d'épargne a
enregistré deux périodes de baisse prolongée depuis le
début des années soixante-dix. La première commence en
1983 pour s'achever au dernier trimestre de 1987 au moment du krach boursier;
la seconde période de baisse commence début 1992 jusqu'à
1999.
Le graphique 14 permet de constater une forte
corrélation du taux d'épargne (représenté par son
complément, la propension à consommer 1-s) et du prix réel
des actions.
Graphique 14 : indice S&P500 et propension
à consommer des ménages aux Etats-Unis
Source :
Quentin Wibaut, POLITIQUE MONÉTAIRE ET PRIX DES ACTIFS: LE CAS
DES Etats-Unis, banque nationale de Belgique, WORKING PAPER No.11 - AOUT
2000,p35
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