II- Achat des actifs risqués par la banque centrale
Si le canal du crédit bancaire ne peut plus être
utilisé, la solution pour les Banques Centrales peut consister à
acheter directement des actifs sans passer par la liquidité bancaire. Il
s'agit alors de politiques vraiment non conventionnelles.
Les avantages des politiques monétaires non
conventionnelles consistent à retrouver un canal de transmission de la
politique monétaire quand le canal traditionnel ne fonctionne plus et de
contrôler l'usage de la liquidité au lieu de l'injecter au hasard,
donc de réduire le risque de bulles ultérieures.
1/ Politique monétaire quantitative et politique
monétaire non conventionnelle
On confond parfois ces deux notions. La politique
monétaire quantitative consiste à ce que la Banque Centrale ait
un objectif de croissance de la base monétaire (de la liquidité,
de la monnaie de Banque Centrale). Ceci a été le cas pendant la
crise bancaire au Japon.
L'objectif de la politique quantitative est d'être
sûr que les banques ne manquent pas de liquidités, ou d'essayer de
diriger vers le haut les anticipations d'inflation pour éviter une
situation déflationniste.
La politique non conventionnelle est d'une nature
différente. Elle consiste à ce que la Banque Centrale change de
canal de transmission de la politique monétaire : au lieu d'injecter des
liquidités dans les bilans des banques, elle injecte des
liquidités dans les bilans des non banques (des entreprises par
exemple). Ceci peut prendre la forme d'achats de titres émis par des non
banques. Ce type de politique est maintenant utilisé aux Etats-Unis par
la Réserve Fédérale.
Le second intérêt des politiques
monétaires non conventionnelles est qu'elles permettent aux banques
centrales de contrôler l'usage de la liquidité : la
liquidité est créée contre l'achat d'actifs qui servent au
financement du secteur privé, et non jetée au hasard dans
l'économie, ce qui évite normalement qu'elle finance des bulles
spéculatives de prix d'actifs comme dans le passé. Elles
pourraient aussi être utilisées pour faire monter les prix
d'autres classes d'actifs (actions, obligations d'entreprises) et
générer ainsi des effets de richesse positifs. Ces politiques
vraiment non conventionnelles ont l'avantage de toucher l'économie par
d'autres canaux que le crédit bancaire.
Dans le passé récent, ce type d'intervention a
été réalisé avec succès par la banque
centrale de Hong-Kong. Le 14 août 1998, la Hong Kong Monetary Authority
(HKMA) a acheté un montant d'actions estimé à 400 millions
USD, soit une hausse de 8,5% de la bourse le jour même, et cette
politique s'est poursuivie pour un montant total d'achats de près de 17
milliards USD. La revente de ces actions, de la fin 1999 à 2002, a 19
milliards USD de profits aux autorités monétaires de
Hong-Kong.
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