2- Les inconvénients du système
ROBA :
Cette approche est très intéressante eu
égard aux avantages qu'elle comporte. Néanmoins, une telle
proposition repose sur un grand nombre d'hypothèses qu'il reste à
vérifier en pratique.
Premièrement, la variation du ratio des réserves
requis doit se déterminer à partir d'une règle
précise, simple, claire et facilement
compréhensible par tous les agents économiques. Qui plus est,
l'évaluation des prix des actifs pose un grand problème
d'estimation et comporte un grand degré de subjectivité.
Les critères qu'il faut considérer lorsqu'on
essaie d'apprécier si un actif est sous- ou surévalué
dépendent du type d'actif, du secteur de l'industrie concerné et
ainsi de suite. Cela revient à dire qu'il faudrait considérer des
critères différents selon qu'on analyse. L'évolution d'un
actif financier du secteur de la métallurgie ou du secteur de la
biochimie, par exemple
Un autre problème apparaît par ailleurs.
Certaines firmes sont actives dans plusieurs secteurs en même temps.
Lorsque le cours de leurs actions est surévalué, le
système ROBA pénalise l'entreprise toute entière, quel que
soit le secteur qui a déclenché l'augmentation du prix de ses
actions. En outre, le degré avec lequel il faut modifier le ratio de
réserves afin d'escompter l'effet souhaité sur le prix d'un actif
spécifique n'est pas connu par avance. Cet effet sera en fonction de
l'élasticité de la demande de l'actif en question par rapport au
taux d'intérêt qui affecte cet actif. À cela s'ajoutent les
comportements stratégiques des banques secondaires. Afin de garder la
demande de crédit intacte, les banques secondaires pourraient maintenir
des taux d'intérêt inchangés en période de boom
économique car elles anticipent des rendements quasi certains,
même si cela se fait au prix d'une diminution de leur marge
bénéficiaire. Dans ce cas, les banques jouent plutôt sur la
quantité que sur la qualité des prêts. Par ailleurs, les
types de comportement, ainsi que le degré de rationalité,
d'information et d'aversion au risque des agents économiques intervenant
sur les marchés financiers sont des éléments
influençant l'évolution des cours boursiers. Les banques
centrales devraient mettre davantage l'accent sur la transparence et la
clarté de leurs politiques monétaires. Elles devraient divulguer
continuellement au public l'information relative à la situation
boursière et les mesures qu'elles vont prendre pour atteindre leurs
objectifs. La période à partir de laquelle l'application de leurs
politiques sera exercée devrait aussi être annoncée et
respectée.
Une autre difficulté dans l'application d'un
système ROBA réside dans le fait que les autorités de
surveillance financière devraient en tout temps connaître l'actif
des bilans des institutions financières. Cela demande un degré de
transparence qui, à l'heure actuelle, n'est pas assuré. En effet,
les hedge funds représentent les institutions les plus actives dans les
investissements spéculatifs, alors que la rareté des
données sur leurs bilans et leurs activités est frappante. Somme
toute, la mise en oeuvre d'un tel système de réserves
obligatoires demande un effort juridique et administratif considérable,
ainsi qu'une meilleure collaboration entre les autorités
monétaires et les autorités de surveillance financière sur
le plan international. Afin d'écarter toute possibilité
d'évasion juridictionnelle, l'application d'un système ROBA doit
notamment s'étendre à l'ensemble des pays et doit concerner tous
les intermédiaires financiers.
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