Politique monétaire et bulles spéculatives( Télécharger le fichier original )par Nesrine Ressaissi Faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis - Mastère 2010 |
Section2 : l'action de la politique monétaire doit-elle être préventive ou tardive ? :I- Principes d'une politique monétaire préventive :Goodfriend46(*) s'est inspiré du modèle de Kent et Lowe 47(*) pour établir son scénario. Ceux-ci défendent l'obstination des banques centrales à crever une bulle. Ils légitiment à cette fin l'utilisation préventive de la politique monétaire au regard du coût relativement faible d'une hausse précoce du taux d'intérêt comparé à celui d'un krach tardif. Dans ce qui suit, nous allons présenter la manière d'une intervention préventive accompagnée par les arguments qui justifient une telle réaction et en fin nous présentons les limites d'une politique monétaire préventive. 1- Comment la politique monétaire réagit-elle préventivement ?
La banque centrale agit sur le système financier et influence les comportements des agents économiques par le biais du taux d'intérêt. Avec l'interpénétration des marchés au sein d'une économie, la banque centrale agit sur le taux des titres à long terme sur les différents marchés de capitaux. Il s'agit du canal le plus classique de la théorie économique, et il présente une caractéristique importante, à savoir le fait qu'il met l'accent sur le taux d'intérêt réel plutôt que nominal. De ce fait, les dépenses se trouvent influencées, ce qui constitue un mécanisme important indiquant la façon dont la politique monétaire est susceptible de stimuler l'économie. La politique du taux d'intérêt se répercute sur le comportement des agents économiques. Son action ne vise pas tout simplement la création monétaire par les banques, mais le niveau de la demande de la monnaie. Dans ce contexte, Lecinq 48(*) a développé un modèle qui permet de définir la réaction de la politique monétaire en cas de bulles. La conclusion générale de ce modèle est qu'en période de bulles, la banque centrale agit en relevant son taux d'intérêt ce qui augmenterait la probabilité de l'éclatement de la bulle. Lecinq justifie une telle action par le fait que si l'actif en question est une valeur mobilière, une hausse du taux d'intérêt rend les placements obligatoires plus attractifs, ce qui réduit la demande des actions. Dans le cas d'un actif immobilier, l'augmentation du coût du crédit réduit la probabilité de la spéculation.
Kent et Lowe49(*) affirment que la politique monétaire peut être utilisée comme un outil de pré souscription de faire éclater une bulle des prix des actifs. Dans leur modèle, l'éclatement au début de la bulle met en avant une baisse de la production, mais les effets sur la production et l'inflation sont plus petits que si la bulle est autorisée à poursuivre et éclate en fin de compte quand il est plus grand. La même littérature est globalement positive sur l'utilisation de la réglementation prudentielle de répondre aux bulles:
* 46 GOODFRIEND M., 2003 : « Interest Rate Policy Should not React Directly to Asset Prices », in W.HUNTER and G. KAUFMAN and M. POMERLEANO ed., « Asset Prices Bubbles: The Implications for Monetary, Regulatory, and International Policies », MIT Press, chapter 31, pp. 445-457. * 47 ibid * 48 Lecinq F. (2001) : « La politique monétaire en cas de bulle, un modèle », mimeo, Université d'Orléans * 49 ibid * 50 Bordo, M. et O. Jeanne (2002b) «Monetary policy and asset prices: does `benign neglect' make sense?», International Monetary Fund Working Paper, No. 225. |
|