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L'alternance, levier "tendance " pour l'emploi des jeunes. O๠comment mobiliser les jeunes et les entreprises, pour une meilleure corrélation entre projets professionnels et offres d'emplois

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par Dominique Postel
Arobase formations - CISP 2011
  

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C / Deux exemples d'alternance réussies

1 / Monographie d'un jeune ayant réussi son parcours vers l'alternance.

Actuellement en contrat de professionnalisation chez KIABI à Givors (69) sur une qualification en Animation des ventes, Lylia, 22 ans, prépare son Bac Pro Vente.

Lylia a quitté l'Algérie en 2006, pour rejoindre ses parents venus s'instaler en France. Partie avec rien, elle «débarque» en Métropole, ne sachant pas parler français et sans projet de vie.»Je ne savais pas vraiment ce que j'allais devenir dans ce nouveau pays. Mes parents sont partis avant moi, pour s'installer et pouvoir m'accueillir. Quand je suis arrivée je ne savais pas non plus ce que je voulais faire.» Une seule certitude : « je voulais travailler dans le commerce.» Mais le parcours de Lylia sera long avant d'atteindre cet objectif. En premier lieu, direction la Préfecture pour avoir des papiers en règle. «J'ai d'abord du faire mes papiers, ça n'a pas été facile car je ne parlais pas bien du tout le français.» Lylia comprend qu'il faut qu'elle apprenne vite la langue de son nouveau pays, si elle veut arriver à stabiliser son projet.

Elle se renseigne et sur les conseils d'amis, elle pousse la porte de l'Acfal, à Vienne, puis celles de la MIJIR. « Des amis de mes parents m'ont dit qu'il fallait que j'aille me faire aider pour apprendre le français. Je suis allée à l'ACFAL, qui m'ont conseillé d'aller à la Mission Locale». A la MIJIR, elle rencontre une conseillère qui l'inscrit sur une formation FLE (français langues étrangères), pour apprendre le français. « J'ai fait cette formation à Saint Romain-en-Gal pendant six mois. Ce n'était pas simple, mais j'ai rencontré des gens comme moi là bas». Puis Lylia retourne au pays quelques temps. A son retour elle y voit déjà un peu plus clair et commence à se projetter sur un possible métier. « A mon retour avec mes parents on est allés dans un supermarché faire des courses et là j'ai découvert ce que c'était qu'être caissière. J'ai posé des questions et cela m'a donné envie de faire ce métier. Je trouvais cela intéressant d'être toujours au contact des gens. Je souris beaucoup et tout le temps, ça me paraissait facile ».

Elle fait donc un essai pendant les vacances, mais rennonce finalement à s'engager dans cette voie : « j'ai découvert qu'en fait je n'aimais pas trop manipuler l'argent». Retour à la case départ. Sa conseillère à la Mission Locale l'oriente sur une autre formation en français de six mois. Un peu plus autonome et à l'aise avec la langue française, Lylia commence à repenser à sa première idée : le commerce. Elle envisage de faire des stages dans ce secteur, pour voir. « J'ai pu faire des stages dans le commerce grâce à la Mission Locale. J'en ai enchaîné trois à la suite : un à la Halle aux Chaussures, un à Princess Boutik à Vienne et un autre à Côté Bazar à Estressin. Ca m'a beaucoup plu.»

« Un jour une cliente
m'a demandé : « est
-ce que vous avez des
pullovers.. » je n'ai pas
compris ce que c'était.
C'est quand elle m'a
dit « des pulls »
que j'ai compris ! »

Motivée et décidée à apprendre ce métier, elle entreprend des démarches pour se former. Lylia a une préférence pour le prêt-à-porter. Elle retourne voir l'ACFAL et se positionne sur des formations en vente. « j'ai trouvé un autre stage chez KIABI à Givors, et du coup j'ai fait un remplacement direct de trois mois pendant l'été.» Fin 2008. Nouvelle interruption et bref séjour en Algérie. A son retour Lylia entre entre pré-qualification de vendeur en rayon. «. J'ai fait mon stage chez Bosson Chaussures à Givors. C'était pas mal. Et je suis retournée ensuite chez Kiabi. Comme j'aimais bien cette société, je leur ai demandé si je pouvais faire un contrat pro chez eux et ils ont accepté.» Le projet de Lylia est bien engagé. Malgré le handicap de la langue et aussi de son origine Lylia se perfectionne et donne entière satisfaction à son employeur. «Au début ce n'était pas facile parce que je ne parlais pas bien le français. Du coup je prenais des notes sur des mots que je ne comprenais pas et après je demandais la définition aux collègues. Un jour une cliente m'a demandé : « est -ce que vous avez des pullovers.. » je n'ai pas compris ce que c'était. C'est quand elle m'a dit « des pulls » que j'ai compris ! Je suis restée un an chez eux pour valider le premier niveau d'employée commerciale en magasin et ensuite ils m'ont rappelé pour un remplacement pour les soldes.»

A la suite de ce contrat, Kiabi fait de nouveau appel à Lylia pour la période des soldes. Mais pour ce faire elle est obligée d'arrêtée momentanément les cours. Sa situation financière critique, elle fait le choix de tra-

« Et ce qui est sur
c'est que c'est mon
sourire et ma sympa-

thie qui m'ont ouvert
toutes ces portes»

vailler chez Kiabi, préférant l'expérience au diplôme. « J'ai rappelé l'ACFAL à Villeurbanne pour savoir si je pouvais continuer ma 2e année chez Kiabi pour valider le niveau bac. Mais en fait comme j'avais arrêté avant la fin ca posait problème. Je n'avais pas validé tous les CCP pour la première année.» L'Acfal lui précise que si elle souhaite reprendre l'année en cours, il lui faut impérativement un employeur dans les trois mois. Mais Lylia a une idée derrière la tête et retourne solliciter Kiabi. La négociation est difficile, jusqu'au dernier moment Lylia ne sait pas s'il elle pourra valider la fin de sa formation. Et puis Kiabi accepte de la reprendre et la voilà de nouveau dans un univers qui lui plaît et dans lequel elle souhaite se perfectionner. « En ce moment je termine mon bac pro Vendeur Spécialisé en Magasin, chez eux et je suis en train de valider le CCP Animation Point de Vente. J'aime beaucoup cette société parce qu'ils prennent le temps de comprendre et de répondre à mes questions

Lylia s'intègre rapidement et bien dans l'équipe, essentiellement féminine. Elle progresse dans sa formation et acquiert une réelle expérience. Et pour le français aussi Lylia est assez fière d'elle : « En fait en un an j'ai appris à parler « la France » mais pas encore très bien le français ! Mais j'ai encore 70 heures de cours à faire cette année, donc ça devrait aller. En tout cas je suis fière d'avoir réalisé tout cela. En Algérie j'avais plutôt un profil littéraire et je n'avais pas de projet précis. Aujourd'hui j'ai envie de continuer de passer des diplômes.» Lylia souhaite désormais aller plus loin «J'aimerais après mon bac faire un BTS MUC pour devenir manager ou responsable de boutique. Mais il va falloir que je travaille une 2e langue, l'anglais par exemple. Mais j'ai une copine qui a fait ce BTS et qui n'a pas été obligé de faire de l'anglais. J'ai déjà deux langues, le français et l'arabe, donc ça devrait aller.» Et plus loin ça veut forcément dire chez Kiabi l'entreprise qui lui a tout appris : « En tout cas j'aimerais bien pouvoir signer mon premier vrai contrat chez Kiabi. Et ce qui est sur c'est que c'est mon sourire et ma sympathie qui m'ont ouvert toutes ces portes.»

Commentaires

Lylia en arrivant en 2006 d'Algérie a réalisé un beau parcours d'intégration sociale et professionnelle. Aujourd'hui son projet est bien construit et son orientation solide.Depuis le début de son parcours elle a su développé une très bonne philosophie de vie, a acquis de la maturité et une confiance en elle. Elle a également développé des compétences dans le conseil et l'écoute des clients.Son projet d'alternance est donc une réussite, d'autant qu'elle partait avec un handicap linguistique sérieux ;

Concernant son projet de préparer un BTS MUC elle devra toutefois continuer à progresser dans les langues, française notamment. Et devra également travailler l'anglais, langue quasi incontournable dans le secteur commercial. Son suivi à la Mission Locale, devrait lui permettre d'être positionnée sur des formations adéquates.

« Je crois que le goût
d'améliorer ses per-

formances est dans la
nature de l'homme.»

A. Riboud

2 / Danone s'engage pour l'alternance : Action ALTERNATIVE 500

1/Danone et l'alternance une histoire de longue date

Danone un des derniers fleurons français du secteur agro alimentaire, s'inscrit depuis de nombreuses années dans la formation des jeunes. Aujourd'hui, les filiales du groupe sont régulièrement classées parmi les meilleurs employeurs locaux dans leurs pays d'implantation. Face à l'évolution des contextes, à l'apparition de nouveaux enjeux ou défis, Danone continue à réinventer sa politique humaine. Depuis plus de trente ans, la gestion des ressources et des relations humaines repose chez Danone sur une conviction « il n'y a pas de développement économique durable sans l'implication et le développement des hommes ». Ainsi le groupe s'engage depuis une dizaine d'années dans des campagnes de recrutement visant à développer le principe de la diversité. Danone poursuit deux enjeux dans sa politique RH : le premier est de permettre à toutes les compétences et les talents de se développer au sein de l'entreprise. Le second permet d'accélérer l'innovation par le « frottement » entre différentes manières de penser, de la mixité des équipes (origine sociale, ethnique, mélange des générations, différents back grounds).

Récemment Danone a signé le Plan Espoir Banlieue en nov 2008 et s'est engagé à intégrer dans ses recrutement un pourcentage de jeunes issus des quartiers relevant de la politique de la ville (zones CUCS) et de le faire passer de 8% à 10% en 3 ans.

GRETA NORD ISERE: Centre de
formation professionnelle des
adultes basé à Bourgoin Jallieu
(38) et Saint Romain-en-Gal (38)

AGERAFORIA, est le partenaire
emploi-formation des industries
agro-alimentaires

2/L'opération Alternative 500

Dans le même esprit et pour répondre aux recommandations gouvernementales de développer l'alternance, Danone s'est également positionné en 2009 sur une action visant à intégrer des jeunes en alternance sur des postes en production et en logistique. « Les objectifs de cette action sont ambitieux, explique Mélanie Jouffre, Responsable des Ressources Humaines sur le site de production Danone à Saint-Just Chaleyssin(38). Nous envisageons de recruter sur l'ensemble du territoire national et sur les 3 prochaines années et d'ici trois ans, 500 jeunes sans qualification sur des contrats de professionnalisation. Pour ce faire nous avons mobilisé les partenaires locaux pour nous aider à mener à bien le recrutement des jeunes : Pôle Emploi, les Missions Locales (Nord Isère et Isère Rhodanienne), le GRETA Nord Isère et AGERAFORIA , qui est le partenaire privilégié des formations dans le secteur de l'agroalimentaire ». En 2010, 7 jeunes de la Mission Locale ont été embauchés sur ces contrats pro et l'action a pu être renouvelée avec les partenaires.

UN RECRUTEMENT SUR 6 SEMAINES

Le processus de recrutement mis en place par Danone court sur environ 6 à 8 semaines, un délai particulièrement lourd à suivre pour les jeunes ciblés traditionnellement difficiles à mobiliser. « Un repérage des jeunes est d'abord effectué par nos partenaires, explique Mélanie Jouffre,

Les chiffres de l'Action
Danone Alternative 500 - 2011
(MIJIR uniquement)

Information collective :
17 jeunes convoqués
-13 présents

Visite entreprise
12 jeunes convoqués
-11 présents

Préparation Tests Mijir -4 jeunes présents

Tests GRETA
11 jeunes convoqués
-10 présents
(1 ayant trouvé un emploi)

Entretiens Danone
7 jeunes convoqués
-3 non retenus

en fonction des profils types recherchés. Ensuite nous les invitons à une information collective, pour une présentation du projet, des métiers et qualifications proposés. Les plus motivés et les pré sélectionnés reviendront ensuite pour une visite de l'entreprise avec les futurs tuteurs et formateurs. Ensuite, nous leur faisons passer une série de tests au GRETA, afin d'opérer un positionnement individuel. Enfin ceux qui auront réussi les tests seront reçus en entretien et la sélection de la nouvelle promotion sera effectuée à partir de ces entretiens finaux. »

Cette année, la recrue s'annonce prometteuse, avec néanmoins un niveau de qualification plus bas et des profils plus compliqués à gérer (problématiques sociales et familiales, freins liés à la compréhension et l'exercices des savoirs fondamentaux, ...)

LA MIJIR UN PARTENAIRE PRIVILÉGIÉ DANS LA PRÉPARATION DES JEUNES CANDIDATS.

« Pour la Mission Locale, c'est une grosse opération, car elle demande un investissement important, note Marie Christine Verrier, conseiller d'insertion à la Mission Locale et reférente Mission Locale sur cette action depuis 2 ans. Au-delà de positionner les jeunes que nous suivons, nous les préparons pour l'ensemble du processus.» De l'information collective à l'entraînement aux tests jusqu'à la préparation aux entretiens définitifs, la Mission Locale a déployé dans le cadre de cette action un ensemble d'outils. « Cette année et pour la première fois, nous les avons préparé à passer les tests psycho-techniques du GRETA, explique Marie Christine Verrier. Nous avons sollicité pour organiser cette préparation les parrains qui sont au fait et à jour de ce type de tests. Grâce à eux, les jeunes ont pu évaluer la difficulté d'un recrutement de haute qualité. » Et les résultats ont été plutôt concluants. Seuls trois candidats ont échoué aux tests du GRETA, pour des raisons essentiellement de motivation ou de savoir être. Toutefois on peut s'interroger la pertinence de ces tests pour déterminer la capacité ou non du jeune à entrer sur les postes proposés. La mise en place d'une période d'immersion dans l'entreprise permettrait d'avoir un rendu plus juste des capacités des jeunes à être en emploi.

Enfin les jeunes ayant réussi leurs tests sont ensuite convoqués à un entretien individuel en présence du tuteur, du maitre de formation et de la direction. « Pour préparer ces entretiens nous allons également solliciter les par-rains pour une préparation approfondie », confirme Marie Christine Verrier.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire