C / Deux exemples d'alternance réussies
1 / Monographie d'un jeune ayant réussi son parcours
vers l'alternance.
Actuellement en contrat de professionnalisation chez KIABI
à Givors (69) sur une qualification en Animation des ventes, Lylia, 22
ans, prépare son Bac Pro Vente.
Lylia a quitté l'Algérie en 2006, pour rejoindre
ses parents venus s'instaler en France. Partie avec rien, elle
«débarque» en Métropole, ne sachant pas parler
français et sans projet de vie.»Je ne savais pas vraiment ce
que j'allais devenir dans ce nouveau pays. Mes parents sont partis avant moi,
pour s'installer et pouvoir m'accueillir. Quand je suis arrivée je ne
savais pas non plus ce que je voulais faire.» Une seule certitude :
« je voulais travailler dans le commerce.» Mais le parcours
de Lylia sera long avant d'atteindre cet objectif. En premier lieu, direction
la Préfecture pour avoir des papiers en règle. «J'ai
d'abord du faire mes papiers, ça n'a pas été facile car je
ne parlais pas bien du tout le français.» Lylia comprend qu'il
faut qu'elle apprenne vite la langue de son nouveau pays, si elle veut arriver
à stabiliser son projet.
Elle se renseigne et sur les conseils d'amis, elle pousse la
porte de l'Acfal, à Vienne, puis celles de la MIJIR. « Des amis
de mes parents m'ont dit qu'il fallait que j'aille me faire aider pour
apprendre le français. Je suis allée à l'ACFAL, qui m'ont
conseillé d'aller à la Mission Locale». A la MIJIR,
elle rencontre une conseillère qui l'inscrit sur une formation FLE
(français langues étrangères), pour apprendre le
français. « J'ai fait cette formation à Saint
Romain-en-Gal pendant six mois. Ce n'était pas simple, mais j'ai
rencontré des gens comme moi là bas». Puis Lylia
retourne au pays quelques temps. A son retour elle y voit déjà un
peu plus clair et commence à se projetter sur un possible métier.
« A mon retour avec mes parents on est allés dans un
supermarché faire des courses et là j'ai découvert ce que
c'était qu'être caissière. J'ai posé des questions
et cela m'a donné envie de faire ce métier. Je trouvais cela
intéressant d'être toujours au contact des gens. Je souris
beaucoup et tout le temps, ça me paraissait facile ».
Elle fait donc un essai pendant les vacances, mais rennonce
finalement à s'engager dans cette voie : « j'ai
découvert qu'en fait je n'aimais pas trop manipuler l'argent».
Retour à la case départ. Sa conseillère
à la Mission Locale l'oriente sur une autre formation en français
de six mois. Un peu plus autonome et à l'aise avec la langue
française, Lylia commence à repenser à sa première
idée : le commerce. Elle envisage de faire des stages dans ce secteur,
pour voir. « J'ai pu faire des stages dans le commerce grâce
à la Mission Locale. J'en ai enchaîné trois à la
suite : un à la Halle aux Chaussures, un à Princess Boutik
à Vienne et un autre à Côté Bazar à
Estressin. Ca m'a beaucoup plu.»
« Un jour une cliente m'a demandé : «
est -ce que vous avez des pullovers.. » je n'ai pas compris ce
que c'était. C'est quand elle m'a dit « des pulls
» que j'ai compris ! »
Motivée et décidée à apprendre ce
métier, elle entreprend des démarches pour se former. Lylia a une
préférence pour le prêt-à-porter. Elle retourne voir
l'ACFAL et se positionne sur des formations en vente. « j'ai
trouvé un autre stage chez KIABI à Givors, et du coup j'ai fait
un remplacement direct de trois mois pendant l'été.»
Fin 2008. Nouvelle interruption et bref séjour en Algérie. A son
retour Lylia entre entre pré-qualification de vendeur en rayon. «.
J'ai fait mon stage chez Bosson Chaussures à Givors. C'était
pas mal. Et je suis retournée ensuite chez Kiabi. Comme j'aimais bien
cette société, je leur ai demandé si je pouvais faire un
contrat pro chez eux et ils ont accepté.» Le projet de Lylia
est bien engagé. Malgré le handicap de la langue et aussi de son
origine Lylia se perfectionne et donne entière satisfaction à son
employeur. «Au début ce n'était pas facile parce que je
ne parlais pas bien le français. Du coup je prenais des notes sur des
mots que je ne comprenais pas et après je demandais la définition
aux collègues. Un jour une cliente m'a demandé : « est -ce
que vous avez des pullovers.. » je n'ai pas compris ce que c'était.
C'est quand elle m'a dit « des pulls » que j'ai compris ! Je suis
restée un an chez eux pour valider le premier niveau d'employée
commerciale en magasin et ensuite ils m'ont rappelé pour un remplacement
pour les soldes.»
A la suite de ce contrat, Kiabi fait de nouveau appel à
Lylia pour la période des soldes. Mais pour ce faire elle est
obligée d'arrêtée momentanément les cours. Sa
situation financière critique, elle fait le choix de tra-
« Et ce qui est sur c'est que c'est mon sourire
et ma sympa- thie qui m'ont ouvert toutes ces
portes»
vailler chez Kiabi, préférant
l'expérience au diplôme. « J'ai rappelé l'ACFAL
à Villeurbanne pour savoir si je pouvais continuer ma 2e année
chez Kiabi pour valider le niveau bac. Mais en fait comme j'avais
arrêté avant la fin ca posait problème. Je n'avais pas
validé tous les CCP pour la première année.»
L'Acfal lui précise que si elle souhaite reprendre l'année
en cours, il lui faut impérativement un employeur dans les trois mois.
Mais Lylia a une idée derrière la tête et retourne
solliciter Kiabi. La négociation est difficile, jusqu'au dernier moment
Lylia ne sait pas s'il elle pourra valider la fin de sa formation. Et puis
Kiabi accepte de la reprendre et la voilà de nouveau dans un univers qui
lui plaît et dans lequel elle souhaite se perfectionner. « En ce
moment je termine mon bac pro Vendeur Spécialisé en Magasin, chez
eux et je suis en train de valider le CCP Animation Point de Vente. J'aime
beaucoup cette société parce qu'ils prennent le temps de
comprendre et de répondre à mes questions.»
Lylia s'intègre rapidement et bien dans
l'équipe, essentiellement féminine. Elle progresse dans sa
formation et acquiert une réelle expérience. Et pour le
français aussi Lylia est assez fière d'elle : « En fait
en un an j'ai appris à parler « la France » mais pas encore
très bien le français ! Mais j'ai encore 70 heures de cours
à faire cette année, donc ça devrait aller. En tout cas je
suis fière d'avoir réalisé tout cela. En Algérie
j'avais plutôt un profil littéraire et je n'avais pas de projet
précis. Aujourd'hui j'ai envie de continuer de passer des
diplômes.» Lylia souhaite désormais aller plus loin
«J'aimerais après mon bac faire un BTS MUC pour devenir manager
ou responsable de boutique. Mais il va falloir que je travaille une 2e langue,
l'anglais par exemple. Mais j'ai une copine qui a fait ce BTS et qui n'a pas
été obligé de faire de l'anglais. J'ai déjà
deux langues, le français et l'arabe, donc ça devrait
aller.» Et plus loin ça veut forcément dire chez
Kiabi l'entreprise qui lui a tout appris : « En tout cas j'aimerais
bien pouvoir signer mon premier vrai contrat chez Kiabi. Et ce qui est sur
c'est que c'est mon sourire et ma sympathie qui m'ont ouvert toutes ces
portes.»
Commentaires
Lylia en arrivant en 2006 d'Algérie a
réalisé un beau parcours d'intégration sociale et
professionnelle. Aujourd'hui son projet est bien construit et son orientation
solide.Depuis le début de son parcours elle a su développé
une très bonne philosophie de vie, a acquis de la maturité et une
confiance en elle. Elle a également développé des
compétences dans le conseil et l'écoute des clients.Son projet
d'alternance est donc une réussite, d'autant qu'elle partait avec un
handicap linguistique sérieux ;
Concernant son projet de préparer un BTS MUC elle devra
toutefois continuer à progresser dans les langues, française
notamment. Et devra également travailler l'anglais, langue quasi
incontournable dans le secteur commercial. Son suivi à la Mission
Locale, devrait lui permettre d'être positionnée sur des
formations adéquates.
« Je crois que le goût d'améliorer ses
per- formances est dans la nature de l'homme.»
A. Riboud
2 / Danone s'engage pour l'alternance : Action
ALTERNATIVE 500
1/Danone et l'alternance une histoire de longue
date
Danone un des derniers fleurons français du secteur
agro alimentaire, s'inscrit depuis de nombreuses années dans la
formation des jeunes. Aujourd'hui, les filiales du groupe sont
régulièrement classées parmi les meilleurs employeurs
locaux dans leurs pays d'implantation. Face à l'évolution des
contextes, à l'apparition de nouveaux enjeux ou défis, Danone
continue à réinventer sa politique humaine. Depuis plus de trente
ans, la gestion des ressources et des relations humaines repose chez Danone sur
une conviction « il n'y a pas de développement
économique durable sans l'implication et le développement des
hommes ». Ainsi le groupe s'engage depuis une dizaine d'années
dans des campagnes de recrutement visant à développer le principe
de la diversité. Danone poursuit deux enjeux dans sa politique RH : le
premier est de permettre à toutes les compétences et les talents
de se développer au sein de l'entreprise. Le second permet
d'accélérer l'innovation par le « frottement » entre
différentes manières de penser, de la mixité des
équipes (origine sociale, ethnique, mélange des
générations, différents back grounds).
Récemment Danone a signé le Plan Espoir Banlieue
en nov 2008 et s'est engagé à intégrer dans ses
recrutement un pourcentage de jeunes issus des quartiers relevant de la
politique de la ville (zones CUCS) et de le faire passer de 8% à 10% en
3 ans.
GRETA NORD ISERE: Centre de formation professionnelle
des adultes basé à Bourgoin Jallieu (38) et Saint
Romain-en-Gal (38)
AGERAFORIA, est le partenaire emploi-formation des
industries agro-alimentaires
2/L'opération Alternative 500
Dans le même esprit et pour répondre aux
recommandations gouvernementales de développer l'alternance, Danone
s'est également positionné en 2009 sur une action visant à
intégrer des jeunes en alternance sur des postes en production et en
logistique. « Les objectifs de cette action sont ambitieux,
explique Mélanie Jouffre, Responsable des Ressources Humaines sur le
site de production Danone à Saint-Just Chaleyssin(38). Nous
envisageons de recruter sur l'ensemble du territoire national et sur les 3
prochaines années et d'ici trois ans, 500 jeunes sans qualification sur
des contrats de professionnalisation. Pour ce faire nous avons mobilisé
les partenaires locaux pour nous aider à mener à bien le
recrutement des jeunes : Pôle Emploi, les Missions Locales (Nord
Isère et Isère Rhodanienne), le GRETA Nord Isère et
AGERAFORIA , qui est le partenaire privilégié des formations dans
le secteur de l'agroalimentaire ». En 2010, 7 jeunes de la Mission
Locale ont été embauchés sur ces contrats pro et l'action
a pu être renouvelée avec les partenaires.
UN RECRUTEMENT SUR 6 SEMAINES
Le processus de recrutement mis en place par Danone court sur
environ 6 à 8 semaines, un délai particulièrement lourd
à suivre pour les jeunes ciblés traditionnellement difficiles
à mobiliser. « Un repérage des jeunes est d'abord
effectué par nos partenaires, explique Mélanie Jouffre,
Les chiffres de l'Action Danone Alternative 500 -
2011 (MIJIR uniquement)
Information collective : 17 jeunes
convoqués -13 présents
Visite entreprise 12 jeunes
convoqués -11 présents
Préparation Tests Mijir -4 jeunes
présents
Tests GRETA 11 jeunes
convoqués -10 présents (1 ayant trouvé un emploi)
Entretiens Danone 7 jeunes
convoqués -3 non retenus
en fonction des profils types recherchés. Ensuite
nous les invitons à une information collective, pour une
présentation du projet, des métiers et qualifications
proposés. Les plus motivés et les pré
sélectionnés reviendront ensuite pour une visite de l'entreprise
avec les futurs tuteurs et formateurs. Ensuite, nous leur faisons passer une
série de tests au GRETA, afin d'opérer un positionnement
individuel. Enfin ceux qui auront réussi les tests seront reçus
en entretien et la sélection de la nouvelle promotion sera
effectuée à partir de ces entretiens finaux. »
Cette année, la recrue s'annonce prometteuse, avec
néanmoins un niveau de qualification plus bas et des profils plus
compliqués à gérer (problématiques sociales et
familiales, freins liés à la compréhension et l'exercices
des savoirs fondamentaux, ...)
LA MIJIR UN PARTENAIRE PRIVILÉGIÉ DANS LA
PRÉPARATION DES JEUNES CANDIDATS.
« Pour la Mission Locale, c'est une grosse
opération, car elle demande un investissement important, note Marie
Christine Verrier, conseiller d'insertion à la Mission Locale et
reférente Mission Locale sur cette action depuis 2 ans.
Au-delà de positionner les jeunes que nous suivons, nous les
préparons pour l'ensemble du processus.» De l'information
collective à l'entraînement aux tests jusqu'à la
préparation aux entretiens définitifs, la Mission Locale a
déployé dans le cadre de cette action un ensemble d'outils.
« Cette année et pour la première fois, nous les avons
préparé à passer les tests psycho-techniques du GRETA,
explique Marie Christine Verrier. Nous avons sollicité pour
organiser cette préparation les parrains qui sont au fait et à
jour de ce type de tests. Grâce à eux, les jeunes ont pu
évaluer la difficulté d'un recrutement de haute
qualité. » Et les résultats ont été
plutôt concluants. Seuls trois candidats ont échoué aux
tests du GRETA, pour des raisons essentiellement de motivation ou de savoir
être. Toutefois on peut s'interroger la pertinence de ces tests pour
déterminer la capacité ou non du jeune à entrer sur les
postes proposés. La mise en place d'une période d'immersion dans
l'entreprise permettrait d'avoir un rendu plus juste des capacités des
jeunes à être en emploi.
Enfin les jeunes ayant réussi leurs tests sont ensuite
convoqués à un entretien individuel en présence du tuteur,
du maitre de formation et de la direction. « Pour préparer ces
entretiens nous allons également solliciter les par-rains pour une
préparation approfondie », confirme Marie Christine Verrier.
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