2. Trois logiques de localisation
La forte incertitude qui caractérise la demande incite
les entreprises à rechercher la flexibilité productive. Les
considérations logistiques peuvent jouer un rTMle primordial dans les
critères d'implantation de certaines activités. Il existe trois
logiques de localisation des activités des firmes selon leurs
caractéristiques et leur insertion sectorielle.
2.1 Les activités dans les secteurs à faibles
barrières à l'entrée
Certaines firmes, insérées dans des secteurs
à faibles barrières à l'entrée dominés par
la compétitivité-prix, continuent à développer des
stratégies de fragmentation et d'éclatement des processus
productifs à l'échelle mondiale, poursuivant l'objectif de
minimisation des coüts de production de chaque segment. En effet,
l'éloignement géographique peut s'accompagner d'une
proximité temporelle (vitesse de livraison des produits finaux ou
intermédiaires) en raison du progrès dans les transports et les
télécommunications et de la baisse de leurs coüts.
L'organisation taylorienne est rendue flexible soit par le biais du
rapprochement géographique, soit par l'accroissement de la vitesse de
circulation des flux (réduction de la distance temporelle). Les
entreprises tayloriennes mais flexibles présentent alors une forte
propension à la volatilité. La proximité de délai
est plus ou moins satisfaite salon l'efficacité, le coüt et la
qualité de la coordination des rapports entre l'entreprise qui
délocalise et les sous-traitants. Ce type d'entreprise est alors
à la recherche de territoires offrant à la fois des avantages en
coüts salariaux et des infrastructures de transport et de
télécommunication efficaces.
2.2 Les activités à produits
pondéreux
Pour les activités dont les produits sont
pondéreux (automobile, par exemple), l'entreprise recherche souvent une
proximité à la demande finale et aux fournisseurs de biens
intermédiaires. Les sous-traitants s'agglomèrent souvent autour
des sites d'assemblages des constructeurs automobiles. Néanmoins, cela
concerne surtout les firmes dont la demande est concentrée
géographiquement sur un petit nombre de gros clients.
Les strategies de rationalisation engagées par les
grands groupes conduisent à la centralisation de la gestion des flux
logistiques et à la reduction du nombre de points de distribution. En
Europe, cÕest le Benelux qui bénéficie de ces operations
de regroupement dont profite aussi le nord-est de la France.
2.3 Les activités intensives en connaissance
Dans les secteurs intensifs en connaissance, la course
à lÕinnovation technologique entre oligopoles est le mode de
concurrence dominant. La délocalisation de lÕassemblage pose
alors un probleme dÕintroduction des innovations de produits. En raison
de la nature de lÕactivité, de la spécificité des
actifs et des connaissances mobilisées, des modalités de la
concurrence, les entreprises qui optent pour une organisation cognitive du
travail présentent une propension plus importante à
lÕancrage territorial que les firmes tayloriennes flexibles. Un
regroupement des différentes phases des processus productifs dans une
region développée, offrant des avantages en termes de
compétences de travail qualifié et de fiscalité, tend
à sÕeffectuer tout en conservant des operations de
délocalisation ou de sous-traitance de proximité. Les aides
financieres sont des lors moins décisives que la capacité des
territoires à fournir et à produire des compétences
spécifiques et à favoriser lÕinnovation technologique et
les capacités dÕadaptation à lÕobsolescence rapide
des connaissances.
Comme le montrent les résultats dÕune
enquête aupres de 641 établissements exercant une activité
permanente et organisée de R&D, plus la base de connaissance est
complexe, plus la localisation à proximité de partenaires
potentiels en matière de R&D est recherchée. (Etude
Carrincazeaux, 2001)
La disponibilité de chercheurs professionnels est ainsi
un facteur souvent avancé par les firmes dans leurs choix de
localisation, apres le facteur dÕacces aux ressources technologiques.
Dans un contexte de forte incertitude sur le devenir de leurs
marches, mais aussi de leurs technologiques, les firmes doivent aussi mettre en
Ïuvre une organisation et des strategies de localisation leur permettant
dÕéviter lÕirréversibilité dans leurs choix
organisationnels alors même que lÕévolution de
lÕenvironnement économique impliquerait un changement de
stratégie. Les strategies dÕexternalisation répondent
souvent à cette motivation en transférant la charge de
lÕincertitude vers des acteurs extérieurs à
lÕentreprise. Plus
généralement, l'organisation en réseau
augmente le degré de réactivité des entreprises et
facilite les redéploiements.
Il existe donc une forte
hétérogénéité des logiques, des
déterminants et des formes de délocalisation. Cette
hétérogénéité recoupe des logiques
sectorielles mais également des différences de comportement de
firmes. Le phénomène n'est en outre pas irréversible comme
l'attestent les mouvements de relocalisation.
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