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Féminisme, genre et développement en Amérique latine: le cas de Novib (ONG néerlandaise )

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par Zoé Maus
Université libre de Bruxelles - DEA pluridisciplinaire 2002
  

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2. LA RECHERCHE DE "L'ENNEMI PRINCIPAL"

A. Les tendances

C'est donc durant les années soixante qu'une nouvelle vague de féministes appara»t, elle a une volonté plus claire d'analyser les raisons de la subordination féminine et de rendre compte de l'apport des femmes a la vie sociale, apport ayant toujours paru aller tellement de soi qu'il paraissait inutile d'en parler. Dans les travaux précédents (masculins), soit l'inégalité hommes-femme n'était pas traitée soit elle y était justifiée. Et peu d'études montraient la genèse de cette domination. Cette 'deuxième'31 vague de féminisme a d'abord dii déconstruire avant de pouvoir reconstruire. Il fallait démontrer le caractère patriarcal des recherches et théories classiques avant de pouvoir développer une théorie politique propre, incluant les femmes et la liberté.

L'histoire et l'analyse des différents courants féministes montrent d'ailleurs que les analyses et les solutions proposées diffèrent largement. Trois grands courants se dessinent: les libérales, les marxistes et les radicales. Ils diffèrent par l'analyse des causes de la subordination des femmes et les stratégies de changement a mettre en Ïuvre pour mettre fin a cette subordination.32

susceptible de s'articuler à d'autres modes de pensée, tertio soit la meilleure forme de connaissance possible et le parachèvement d'un processus de découverte, soit celle sans laquelle rien n'aurait lieu parce qu'elle permet d'amorcer le processus." 30

A force de chercher la rationalité et l'objectivité a tout prix, les sciences sociales au sens large, ces sciences molles , perdent de vue que, leur objet étant le vivant et le vécu, aucune recherche ne peut faire abstraction du point de vue, et, pour revenir au sujet qui nous intéresse, a l'origine du savoir, largement constitué par les hommes. Une des causes principales de l'erreur en sociologie, et dans les sciences humaines en général, réside dans le rapport incontrôlé a l'objet. Comme le souligne Le DÏuff, le chercheur en sciences sociales ne peut contrôler l'objet de ses recherches (pas plus que le chercheur en physique ne peut contrôler la vitesse de la craie qui tombe a une vitesse v). Il peut par contre faire dire n'importe quoi a cet objet. Qu'on parle de catégories construites (Le DÏuff) ou de point de vue (Bourdieu - Bourdieu définit le point de vue comme étant la position occupée dans l'espace social et dans le champ scientifique), il y a dans la pensée, des catégories ou points de vue qui déterminent les objets, sans qu'on ne se pose de questions sur la pertinence des catégories qui ont mené a cette "objectivation" c'est a dire a transformer les femmes en "réalité objective, susceptible d'étude objective".

voir LE DOEUFF Michèle, Le sexe du savoir, Aubier, Coll. Alto, Paris, 1998.

BOURDIEU Pierre , Questions de Sociologie, Les Editions de Minuit, Paris, 1980, p. 22

31 La première ayant débuté notamment avec les suffragettes, début du XXème siècle.

32 Il ne s'agit pas ici d'étudier en détail ces trois courants mais d'en donner les caractéristiques principales. Dans son article sur les courants de la pensée féministe, Louise Toupin décrit ces trois courants en expliquant ce qui pour chacun constitue 'l'ennemi principal' et quelles sont les stratégies de changement prônées.

Les féministes libérales comme leur nom l'indiquent croient en les vertus du libéralisme et estiment simplement qu'il n'est pas adapté aux femmes. Il s'agit donc de socialiser autrement les femmes, de changer les mentalités et de faire pression pour faire changer les lois discriminantes.

Les féministes marxistes par contre considèrent que la cause de la domination masculine est justement le système capitaliste et la propriété privée. C'est donc bien le système économique qui est l'ennemi principal. Il faut donc abolir la société capitaliste et la remplacer par la propriété collective. Si les moyens utilisés ressemblent a ceux des féministes libérales, la fin est toute différente puisqu'il s'agit d'éliminer le capitalisme et la propriété privée. Il faut noter que les féministes marxistes n'ont pas toujours été bien acceptées par les marxistes eux - mêmes qui les accusaient d'être un mouvement 'individualiste-bourgeois' (a ce sujet, toute la réflexion de Simone de Beauvoir sur la convergence entre les luttes des classes et des sexes est fort intéressante, et son parcours personnel de militante de gauche a véritable militante féministe illustre les dilemmes qu'il peut y avoir entre les deux militances. Voir a cet égard l'ouvrage de Jacques Zéphir, Le néo-féminisme de Simone de Beauvoir, Denoël/Gonthier, Paris, 1982). Si le féminisme marxiste a été délaissé en Occident, beaucoup de féministes des pays du Sud continuent a utiliser le grille de lecture de la lutte des classes.

Une variante du féminisme marxiste est le féminisme socialiste qui couple son analyse du capitalisme comme
cause de la domination a l'analyse du patriarcat. Ces féministes tentent donc de voir comment s'articulent ces
deux 'systèmes d'oppression des femmes'. Elles sont influencées (et influencent elles-mêmes) les féministes du

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